"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La notion d'extrémisme est une notion confuse. Censée permettre une classification, elle est surtout une diabolisation de l'adversaire. Mais ce terme polémique oublie souvent de décrire ce qu'il considère comme le Mal absolu. Il faut donc s'efforcer de dissocier, dans le discours politique, les réactions passionnelles et les réflexes idéologiques des menaces objectives, ce qui n'est guère facile. Les incarnations de la condamnation pour extrémisme sont nombreuses - « radical », « ultra- », « fasciste », « populiste » - et permettent souvent à peu de frais de s'exonérer de la description politique elle-même.Pour reconstruire la catégorie d'extrémisme et la rendre opératoire dans l'analyse des attitudes et des comportements politiques contemporains, il faut supposer l'existence d'une connexion entre trois composantes :
1° la légitimation de la violence comme méthode de résolution des problèmes politiques ;
2° l'intolérance et le sectarisme ;
3° le fanatisme, impliquant l'intransigeantisme, le manichéisme et le jusqu'au-boutisme, qui supposent de placer la défense de la Cause au-dessus de tout.
Alors peut-être pourra-t-on redéfinir un horizon politique désirable par-delà les extrémismes en tout genre qui brident nos libertés. Car on devrait pouvoir concevoir des limites légitimes et respectables en sortant du cercle des extrémismes.
J’arrive totalement vierge dans cet essai, je ne connais pas l’auteur, qui, renseignements pris, ne fait pas l’unanimité, s’est déjà retrouvé affublé de pas mal de petits noms et a suscité quelques polémiques. J’ai pris ce livre parce que l’extrémisme d’une manière générale m’intéresse, allant comme beaucoup de gauchistes taper sur l'extrême droite, mais il est vrai que depuis quelques années je me pose la question de ce qu'on peut mettre dans ces deux mots : il me semble que le RN tout repoussoir, repoussant et émétique qu'il soit n'est quand même pas tout à fait la même chose que certains groupes qui n'hésitent pas à faire le salut nazi et prônent la disparition de tous ceux qui ne sont pas blancs chrétiens hétérosexuels. Voilà donc un livre qui va venir alimenter ma réflexion.
Je ne suis pas en accord avec tout ce qu'écrit l'auteur, tapant beaucoup sur la gauche, dans un discours que l'on entend pas mal en ce moment : "le RN n'est pas vraiment d'extrême droite alors que LFI est d'extrême gauche". Néanmoins, sans avoir ni ses connaissances, ni ses capacités, en simple lecteur, j’ai trouvé ce livre intéressant parce qu'il m'oblige à réfléchir, à sortir des schémas tout tracés, de la pensée quasi-unique qu'on entend dans tous les médias. Et déjà des questions essentielles :
- Qu’est ce que l’extrême droite ou gauche ?
- Qui décide de placer untel ou untel à l’extrême, ou est la frontière entre la droite et l’extrême droite ?
L'extrémiste est défini comme quelqu'un qui peut recourir à la violence pour imposer ses idées. Est-ce que les partis politiques qu'on place chez nous aux extrêmes sont prêts à le faire ou se coulent-ils dans le moule de la démocratie, laissant aux électeurs le soin de choisir ?
Pierre-André Taguieff parle aussi beaucoup des mots que l’on entend désormais beaucoup : ultra droite, droite modérée, islam modéré, extrême droite, droite extrême, fachosphère, néonazisme, néofascisme… Ils englobent souvent des tas de choses et de pensées, mais permettent surtout de classer, de mettre des étiquettes, d'aller au plus pressé et de faire appel à une certaine paresse intellectuelle. Puis, il évoque aussi tous les extrémismes (religieux -pas mal de chapitres sur l'islam-, politiques...), et chacun doit se poser la question s’il ne l’est pas dans certains domaines.
Encore une fois, je ne suis pas en accord avec tout ce qu'écrit l'auteur -mon côté gauchiste sûrement-, mais revenir au sens des mots, à leur poids, à leurs représentations me paraît essentiel. Purger des médias des expressions qui ne signifient plus rien, dans lesquelles il faut sans cesse rajouter des superlatifs, et tant pis si le RN -pas plus que LFI- ne peut plus être qualifié de parti extrémiste, ce qu'il faut ce sont des débats d'idées et non pas des invectives.
Avec cet essai PA Taguieff pourrait soulever d'autres petits noms à son égard, il n'est pas tendre avec certains collègues, son livre est dérangeant et pose de nombreuses questions qui, je le crois, vont me titiller quelques temps.
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