Des révélations, des confirmations et des paris littéraires
Une grève éclate dans une scierie du Lac St Jean, dans le nord canadien. Derrière une apparente solidarité ouvrière, l'ennui et la dureté de la lutte, que seules rompent les nuits dans les bowlings et karaokés, révèlent les intérêts plus personnels de chacun.
Parmi ces ouvriers, il y a Querelle, magnifique colosse venu de la capitale, et Jézabel, issue d'une lignée rebelle de mère en fille. Doux et charnels, ces héros incarnent la liberté, la jouissance et la joie sauvages, hors des lois du marché et de l'aliénation familiale ou sexuelle.
Au gré des sabotages, des duels et des ivresses, la colère s'empare des grévistes et les événements se conjuguent dans un conflit généralisé aux allures de vengeance sociale.
Des révélations, des confirmations et des paris littéraires
Percutant, viril, un ciel zébré d’éclairs, « Querelle » de Kévin Lambert est un roman sombre, emblématique, au souffle rare. En plongée directe dans une histoire d’une émouvante contemporanéité où tout vole en éclats. La trame resserre ses griffes acérées sur les peaux tendres de ces jeunes garçons (tous). Ces êtres égarés, violentés, ivres de sexe et de douleurs morales. Endurcis par les affres de la vie. Des hommes perdus dans la débauche, les caresses abolies, tableau cauchemardesque d’une jeunesse qui se meurt. Ici, pas compromission. L’auteur délivre un fleuve gorgé de boue à l’encontre des diktats sociétaux, des inégalités criantes, des habitus étranglés par les marginalités, tranchées de guerre sociologique. L’écriture est soyeuse, écharpe de laine pour les hôtes des pages. « Et les grévistes, 7h30 le matin, le soleil à peine sorti pour venir crever le gris froid de l’hiver, pris entre la route régionale et la grille d’entrée, ils ont le lac dans les yeux, un feu qui brûle timidement dans une vielle cuve, et pas grand-chose d’autre. » L’histoire est encerclée dans le grand nord canadien, éloignée du consumérisme, en étau dans un chômage irrévocable, en toile de fond, un lac à perte de vue inspirant mais piégeant où ces oubliés d’un XXIème siècle s’entredéchirent. Le néant affiche le carton rouge. Une scierie aux rouages d’une idiosyncrasie en perte de vitesse, des travailleurs en grève suicidaire. Ce récit à visée syndicale et politique est sans aucune compromission. Des hommes, dont Querelle fragile, offrant son corps en délivrance aux jeunes garçons aux abois, est un miroir d’honneur de sensualité. Gestuelle devenant un sapin de noël vacillant. Une femme, Jézabel dont le prénom colorie une Babel en furie, mi-déesse mi-démon, battante, va se frayer un chemin dans cet antre où le masculin est une chape de plomb. Ce récit est une plongée dans ce paroxysme de violence, de jouissance, une noyade prévisible, radeau de Géricault, mais d’une beauté infinie. Querelle au nom parabolique, emblème des oubliés, des mains écorchées vives, échardes d’une scierie de sang et de larmes. Il est le héros de ces gavroches des temps modernes, de ces révoltés, enfants écrasés d’un coup de pied sociétal. Nécessaire, percutant, lire « Querelle » est un devoir. Son sombre est une espérance, sa force, l’authenticité. Les émotions attisent les larmes. Ce récit tremblant de vérité confirme que toute lutte doit être constante et implacable. J’ai aimé ces garçons de la nuit. Dans les passages sublimes de lecture où tous étaient les soldats emblématiques, gerbes de ténacité pour un monde meilleur. A l’instar du murmure d’une quatrième de couverture donnante « Querelle se repose, content. Il est persuadé, pendant un très court instant, d’être utile à quelque chose et, d’une manière étrange, se sauver le monde juste un peu. » Publié par Les Editions Le Nouvel Attila, qui viennent de mettre au monde un récit des plus engagés et bénéfiques.
Avant de me lancer dans la lecture de l’ouvrage je trouvais le thème sympathique car parler de problèmes sociaux liés au monde de travail n’est pas forcément courant, et encore moins lorsque cela se passe au Canada. La première moitié de l’ouvrage m’a moyennement convaincue car le style est rustre, trop rustre. Le style, finalement, dépeint à travers les mots la violence physique. Aussi, dans cette première partie, on constate qu’il n’y a pas de personnage qui émerge et se place en fil conducteur du récit, ce que je trouve très dommage et peu agréable.
Pour parler du roman dans sa totalité, outre le style et les personnages invisibles, un des points négatifs, c’est les scènes de sexe qui n’ont aucun sens, viennent de nulle part et n’apportent absolument rien. Aussi, si votre objectif est de lire un livre sur les ouvriers ou plus généralement le monde du travail, je vous conseille vivement de lire un Zola ou plus généralement un auteur du XIXème siècle mais pas cet ouvrage qui réussit beaucoup moins bien la représentation de ce milieu. Enfin, dernier point négatif : la fin du roman. La fin est beaucoup trop prévisible, l’histoire est cousue de fil blanc. L’enjeu du roman est donc lourdement affaibli par le manque de suspens. Enfin, je reconnais tout de même quelques points positifs. Tout d’abord, alors que je surlignais l’accès de violence notamment verbale, j’ai aussi remarqué que son côté indigeste avait aussi pour effet, agréable, de rythmer très bien le roman. En effet, comme il y a beaucoup d’actions, des pages passent plutôt vite, et forcément cela intéresse le lecteur. Enfin, le point positif est le dépaysement. En effet, c’est très banal mais le fait que cela se passe dans un pays étranger dépayse totalement
Pour conclure, je n’ai pas apprécié le roman car les points négatifs surpassent grandement les points positifs. Malgré un rythme bien élaboré je n’ai pas pris plaisir à lire le roman notamment à cause de l’impression d’être perdu et peu intime avec les personnages.
L’étape de la page 100 :
Ma première impression est plutôt mauvaise : le début du livre se découvre sur la couverture et ne laisse aucun doute sur le langage très cru de ce roman, ni sur son contenu. Je me traîne sur chaque page, ayant du mal a entrer dans l’histoire.
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Après avoir refermé ce livre, je suis perplexe, assez déconcertée par ma lecture. C’est sans doute un ovni. J’ai du mal à mettre des mots sur ce que je viens de lire. C’est trash, c’est « débridé », c’est violent.
Apparemment très inspiré de « Querelle de Brest » de Jean Genet, on y retrouve un homme, Querelle de Roberval, presque un Dieu, assouvissant sans frontière ses pulsions sexuelles, tel un ogre mangeur de jeunes garçons en fleur. Remplie de descriptions crues magnifiant la masculinité, l’histoire s’axe néanmoins autour d’une lutte syndicale. Difficile de faire le lien entre ces sujets divergents...
Une grève éclate au cœur d’une scierie du Nord Canadien. Nous suivons les syndicalistes durant pratiquement un an de protestation. Querelle est l’un d’eux. On analyse la vision sociétale de ces travailleurs oubliés à travers une écriture fraîche et piquante comme seul les Québécois savent l’inventer. Le narrateur dit ouvertement être pour le patronat, ne pas soutenir la paresse et la bassesse des grévistes. « De nos jours, la corruption et la paresse sont les deux seules choses que le monde a en tête quand on prononce le mot « syndicat » [...] »
Notre vision du texte change donc à partir de là et nous repensons aux précédents faits avec un œil neuf. La montée inexplicable de violence qui clôture cette grève et ce récit est une illustration rocambolesque de sa vision syndicale. Nécrophilie, infanticides, empalement et méchoui. Vous voilà prévenus. Avec le recul, et malgré le fait que j’ai eu énormément de mal à le terminer, ce livre et sa vision sont intéressants. Même s’il était parfois difficile de trouver un sens à ce que je lisais, l’histoire syndicale me reste en tête. Néanmoins, je trouve que le rythme est gâché par la profusion de détails crus et trash.
Alors oui, on pointe du doigt, en filigrane, entre deux piquets de grève, les conservateurs et les rétrogrades, les pensées d’un autre âge sur la sexualité débridé de certains. C’est bien, mais c’était peut être de trop.
Je suis soulagée de l’avoir enfin refermé. Ce livre n’est pas à placer entre toutes les mains mais ceux qui aiment les récits « agressifs » et incongrus, ceux là sûrement, le trouveront novateur ! Pour ma part, je reste perplexe.
« Querelle est un prénom, celui du personnage principal, le petit nouveau venu de Québec qui débarque à la scierie du Lac de Roberval, en pleine grève. Même si le syndicalisme ne l'intéresse absolument pas, il s'ajoute aux grévistes de la scierie.
Querelle, c'est aussi un beau jeune homme, musclé, belle gueule, qui rend dingues tous les autres garçons de la région, qu'il fait défiler dans son lit, sans aucun sentiment.
Querelle observe de ses yeux l'étrange culture et le comportement des hétérosexuels, qui peuplent ce petit village reculé du Canada et représentent le monde en deux : les hommes et les femmes, le bien et le mal, les pauvres et les riches, le bleu et le rose. Tout cela sur fond d'exploitation ouvrière, d'affrontement entre les travailleurs et les patrons. Cette lutte ouvrière et puissante débouchera sur une bataille à coups de batte de baseball sur un terrain de sport.
"Querelle" de Kevin Lambert est présenté comme une « fiction syndicale », ce qui peut faire peur au premier abord. Mais l'auteur traite d'un sujet connu dans le monde, "le syndicalisme' d'un manière novatrice : sur fond de grève, l'auteur met en scène des histoires individuelles, sans pour autant en faire un roman choral, qui bousculent les discours de la normalisation, du capitaliste et du chauvinisme qui régentent les normes sociales du monde. On se laisse vite happer par le récit des différents personnages, attachants, drôles et authentiques.
Le texte est cru, brutal, bouleversant. Il y a une sorte d'oralité très puissante car l'auteur écrit son livre comme s'il nous le contait à voix haute, jusque dans les fautes d'orthographe des revendications des grévistes, et surtout dans le vocabulaire canadien.
Un roman ultra puissant et d'actualité, qui ne laisse pas indifférent. Un roman choc tel un ovni dans cette rentrée littéraire, qui fait que ce livre se lit d'une traite.
- Rendez-vous de la page 100 - Explorateurs de la Rentrée Littéraire 2019 -
L'histoire se déroule a Roberval au Canada où les employés de la scierie du lac sont en grève. Au sein des grévistes, Querelle, ce beau et mystérieux jeune homme, homosexuel, venu tout droit de Quebec, croque-mitaine de la ville car il change de partenaire chaque soir et vu d'un mauvais oeil.
Le début du roman suit les grévistes tout au long du piquetage et la présentation des différents personnages. Les premières pages sont très très crues et percutant.
Querelle "fiction syndicale", c'est le début d'une histoire de la barbarie du système avec des histoires individuelles pour chaque personnages sans pour autant être un roman choral.
Des personnages forts et attachants dès le départ, avec des expressions canadiennes qui donne a cette fiction un côté unique !
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