Alors que les membres du jury s’attèlent à leurs dernières lectures et peaufinent leurs arguments pour le 5 mai prochain, où ils devront désigner cinq romans finalistes, revenons sur les 30 titres sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2015.
Olivier Cadiot a rencontré un jour William Burroughs. Burroughs s'est approché de lui et lui a mis la main sur l'épaule. Young man, lui a-t-il dit - il attendait la suite avec impatience - mais le brouhaha autour d'eux et son accent si particulier ont fait disparaître les phrases qui suivirent dans un tunnel noir. Olivier n'a rien compris. Plus tard, il lui est arrivé de se dire que sa vie aurait peut-être été modifiée ; il aurait pu suivre les précieux conseils d'un maître. Cette anecdote est l'un des points de départ du livre Providence.
On y verra, en quatre récits, des personnages en conflit avec leurs modèles.
Dans « Quel lac aimons-nous » une créature de papier abandonnée se retourne violemment contre son auteur. Est-ce qu'on peut se passer de narrateur ? Avec « Comment expliquer la peinture à un lièvre mort », un jeune homme, dans le début des années 1980, comprend que l'art moderne est terminé mais qu'il n'a d'autre issue que de partir à contre-sens de l'histoire. L'héroïne d'« Illusions perdues » vit sa vie en accéléré, grimpe à la capitale, et découvre que son artiste idéal est littéralement devenu une pièce de musée. Avec « Providence », on voit un vieil homme perdre le sens commun et faire une conférence pour prouver qu'il n'est pas fou. Quatre autobiographies. Quatre vies qui se font écho. On y croise des vieilles dames remarquables, John Cage en Allemagne du nord, des jumelles collectionneuses tyranniques, un spécialiste en ricochet, un amateur de quadriphonie installé au bord d'un lac, des gardes-chasse trop zélés et des spécialistes en bonheur.
Et comme on le comprend, on y retrouve l'esprit si peu conformiste d'Olivier Cadiot, sa formidable et concrète inventivité, mais cette fois exprimés à travers une écriture plus classique, en apparence, calmée dirait-on. Une écriture moins en recherche d'équilibre par le mouvement, comme elle était dans les livres précédents.
Sans doute parce que l'auteur s'interroge sur son parcours, interroge l'art et la littérature, à travers des histoires, des monologues qui, mine de rien, réinterprètent une vie tout entière.
Alors que les membres du jury s’attèlent à leurs dernières lectures et peaufinent leurs arguments pour le 5 mai prochain, où ils devront désigner cinq romans finalistes, revenons sur les 30 titres sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2015.
Je ne connaissais pas cet auteur et autant dire tout de suite que "ça décoiffe"!
Ce texte n'est ni un roman, ni un récit, et il me faudrait ma méthode Dewey pour le classer .On y trouve quatre étranges histoires: un bonhomme en papier qui échappe à son créateur pour l'une et qui se révolte, une autre intitulée :"Comment expliquer la peinture à un lièvre mort", là je ne suis pas certaine d'avoir tout compris. Puis viennent "Illusions perdues " et "Providence", deux textes plus construits, plus calmes , de belles réflexions sur la littérature, la mort. Mais tout de même, un texte comme cela, sans confort de lecture, ne semble pas destiné à un grand public. C'est peut-être une découverte à faire pendant les études de littérature, mais après ..;
Dans le contexte hyper-tragique des thèmes des romans français depuis le début de cette année, il est certain que cet opus signé Olivier Cadiot a tout d'un bol d'air frais venant renouveler l'atmosphère. Surréaliste, poétique, le délire de Providence nous rappelle un peu de vieilles lectures qui ont souvent alimenté notre imaginaire, Crevel, Vian, Calvino où les personnages font ce que l'on attend pas et que l'auteur lui même ne peut plus contrôler. Une littérature nécessaire.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Nostalgique, nomade ou plutôt romantique ? Trouvez le livre de la rentrée qui vous correspond !