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C'est un dimanche ordinaire à Pékin. Lao He, cinquante sept ans ans, est un ouvrier migrant parmi tant d'autres, survivant d'une histoire tragique. Employé comme jardinier par la municipalité, il vit dans un foyer près du quartier d'Andingmen. Des visites familiales à la traditionnelle loterie sur la place principale, mille événements, souvent cocasses, vont rythmer son unique journée de loisir.
Liu Xinwu reconstitue la vie de tout un quartier populaire avec ses ivrognes, ses escrocs, ses braves gens et quantité de personnages pittoresques, d'une marieuse surnommée la Girafe à un loueur de trampoline. L'occasion de décrire, avec tendresse, une société en pleine transformation, entre mode de vie traditionnel et modernité citadine.
Jardinier municipal à Pékin, venu de sa campagne pour grossir le rang des travailleurs migrants de la capitale, Lao He vit dans un foyer pour ouvriers, dans la promiscuité de ses collègues. A 57 ans, il s’estime encore suffisamment en forme pour travailler d’arrache-pied et se contenter d’un jour par semaine, le dimanche, pour se reposer. Mais peut-on lâcher prise, même une journée, lorsqu’on est à la tête d’une famille de quatre filles et de deux gendres ? Lao He s’inquiète pour ses enfants, pour son emploi et pour ses amis, eux aussi sous la menace permanente d’un licenciement. Alors que tout le quartier s’est donné rendez-vous à la loterie, rêvant d’une voiture de luxe ou de gros billets, le jardinier n’imagine pas dépenser les deux yuans que coûte un billet et se préoccupe plutôt de la présence en ville de son filleul, un individu que l’on dit peu recommandable, un gangster d’après certains.
Un dimanche dans la vie d’un paysan monté à Pékin, non pas pour faire fortune mais pour mettre du beurre dans les épinards. Une seule journée pour apprendre à connaitre un honnête homme, un père inquiet pour l’avenir de ses filles, un ancien qui voit son monde se déliter. Il a adopté un de ses gendres afin qu’il cultive ses modestes terres et s’occupent de lui dans ses vieux jours. Mais ce genre de traditions n’a plus cours dans l’esprit des jeunes d’aujourd’hui. Son gendre rêve de monter sa propre affaire, réclame sans cesse de l’argent et Lao He s’imagine un avenir sombre. L’argent semble être le seul moteur de la nouvelle société chinoise, qu’on travaille dur ou qu’on trouve une combine pour en gagner, qu’on espère avoir de la chance à la loterie ou qu’on préfère voler les braves gens. Les jeunes se gavent de modernité, veulent profiter de la vie, se marier par amour et non par l’intermédiaire d’une entremetteuse. Les migrants, exilés de la campagne, vivotent dans des logements insalubres, occupent des emplois précaires, vivent à la périphérie d’une capitale où les nouveaux riches exhibent leurs grosses voitures.
C’est une Chine à deux vitesses que nous fait voir Liu Xinwu en nous faisant partager une journée dans la vie de Lao He et des compagnons d’infortune. Un récit bref mais attachant.
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