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Pour qui je me prends est un hommage aux langues, à la manière dont elles nous font, nous construisent, mais c'est surtout l'extraordinaire aventure d'une adolescente, d'une femme qui, telle une nouvelle Alice, ose traverser le miroir pour revenir enfin changée en elle-même.
Who do you think you are? Pour qui te prends-tu ? demandait ma mère.
Si j'ai changé de vie et de langue maternelle, c'était pour que ma mère ne puisse pas me lire.
Si j'ai changé de vie et de langue maternelle, c'était pour pouvoir respirer alors que j'avais toujours étouffé. Je raconte, ici, l'histoire d'une femme qui a appris à respirer dans une autre langue. Qui a plongé et refait surface ailleurs.
Qui n'a pas songé un jour à changer d'identité, à se réinventer complètement ? Pour Lori Saint-Martin, ce désir de réinvention s'est imposé telle une brûlante nécessité. Dans ce récit à la fois lumineux et cruel, elle nous dit comment elle a rejeté le milieu, la culture et la langue qui l'ont vue naître pour devenir autre. Cette métamorphose trouve sa force dans un événement qui a tout d'une révélation : la découverte de la langue française.
Pour qui je me prends est un hommage aux langues, à la manière dont elles nous font, nous construisent, mais c'est surtout l'extraordinaire aventure d'une adolescente, d'une femme qui, telle une nouvelle Alice, ose traverser le miroir pour revenir enfin changée en elle-même.
Voilà qui est intéressant : lire les quelques critiques et s’apercevoir qu’on n’a pas lu le même livre, ou certainement pas sous le même angle !
Oui cette femme, jeune, très jeune a voulu changer de vie, de lieu de vie, de langue, but ou moyen ? Telle est la question !
Oui elle y a réussi en prenant un autre nom, a découvert que même sa ville natale avait changé de nom, que ses parents, bien que restant dans la classe ouvrière avaient changé de langue et que s’ils n’étaient pas transfuges de classe comme on dit maintenant, ils étaient transfuges de langue, elle n’a fait , en quelque sorte , que poursuivre leur chemin !
Elle a sans aucun doute été une ado très difficile, mue par sa volonté de sortir de cette ville, de cette vie, rebelle à tous les étages mais volontaire en diable !
J’ai surtout apprécié toute l’étude qu’elle a fait de l’apprentissage des langues, de leur pouvoir et leur puissance quand on les maîtrisait. L’intérêt d’apprendre des langues est tout personnel, certains s’y refusent car ils sont bien dans leur langue, bien dans leur vie, d’autres retournent vers la langue de leur région, basques, bretons ou occitans et catalans, et on trouve cela normal et admirable de faire le chemin vers ses racines !
Elle a fait le choix inverse, quitter l’anglais pour le français , puis l’espagnol et effleurer l’allemand.
Cela m’a parlé car sans aller à cette extrémité, j’apprends les langues aussi, et à mon age, avancé, je me suis mise à la langue de mes grands parents qu’ils avaient décidé de ne plus parler au point que je ne les ai jamais entendus prononcer un mot !
Les langues, leurs origines communes ou totalement opposées, ce qu’elles apportent à tout un chacun, ce qu’elles enlèvent ou ajoutent ! Le travail du cerveau pour passer de l’une à l’autre ! Que de travail mais que du bonheur ! Ajouter sans retrancher !
J’ai lu un livre sur les langues, échelle sociale comme une autre, réussite personnelle, souffrance de famille et réconciliation finale !
Pour qui elle se prend, Lori SAINT-MARTIN ? En plus, ce n’est même pas on vrai nom de famille. Non, mademoiselle l’a changé une fois adulte pour qu’il sonne plus français.
Car Lori a un problème avec sa langue maternelle, l’anglais. Elle s’y sent à l’étroit, y fait des crises d’asthme. Le jour où la professeur de français apparait en classe avec sa méthode de la famille Leduc, c’est une révélation pour la petite fille.
Quelques années plus tard, sa passion des langues l’amènera à apprendre l’espagnol.
J’ai aimé ses réflexions sur la langue étrangère : celle qui nous fait découvrir une autre partie de nous-même ; celle qui nous oblige à nous défaire de la grammaire de la langue maternelle.
Mais cet amour pour une autre langue vient aussi du rejet de ses parents, de la petite ville de l’Ontario dans laquelle elle habite et grandit, du mépris pour son milieu (p.58).
Je n’ai pas compris certaines de ses références aux clés (les langues sont des clés), où à la buanderie.
Mais cela ne m’a pas empêché d’apprécier le regard que pose la traductrice sur son rapport aux langues étrangères, et au monde.
L’image que je retiendrai :
Celle de la fameuse méthode d’apprentissage du français avec la famille Leduc et leur chien Pitou qu’elle ne parvient pas à retrouver des années plus tard.
https://alexmotamots.fr/pour-qui-je-me-prends-lori-saint-martin/
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