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Publié en 1529 à Venise, oublié presque aussitôt puis redécouvert _ par hasard _ au XIXe siècle, le Portrait de la Gaillarde andalouse est un livre provocateur, qui a longtemps été classé parmi les oeuvres " obscènes ". Satirique avec impudence, cynique avec jubilation, il décrit, en une série de dialogues perfidement appelés " chatteries ", les tribulations d'une prostituée andalouse dans la Rome de la Renaissance. C'est, pour Francisco Delicado, l'occasion de croquer tout ce que la Ville Eternelle recelait alors de frelaté: plus de cent quarante personnages, aux noms aussi savoureux que Blédor, Bouffette, Broutequeues, Courtépine, Opulente, Pissenlifère ou Menufretin, amis, ennemis, pratiques ou consoeurs de la Gaillarde, dont le Portrait, en recensant cette sorte de comédie humaine, apporte un dernier témoignage des dits du Moyen Age et prépare la venue du roman picaresque et son premier chef-d'oeuvre, le Lazarillo de Tormes, paru en 1554.Dans l'essai qu'il a consacré à la Gaillarde et qui sert de préface à la présente édition, Juan Goytisolo écrit: " Par la virulence de sa critique sociale, la vivacité et la fraîcheur de sa langue, l'extrême originalité de ses innovations techniques et la présence de l'auteur parmi ses personnages, à la manière de Vélasquez, cette oeuvre agressivement érotique en un siècle où la chasteté de l'expression écrite devenait peu à peu un trait de " caractère " immuable en Castille est pour le lecteur lucide et sans préjugé une source intarissable de surprise et d'admiration. "On sait peu de chose sur Francisco Delicado, sinon qu'il est l'auteur du Portrait de la Gaillarde andalouse et d'un traité sur la façon d'utiliser le bois des Indes pour soigner la syphilis. Sans doute est-il né vers 1480 dans le diocèse de Cordoue, d'une famille de Juifs convertis. Il rééditera plusieurs textes de sa prédilection, entre autres Amadis de Gaule (Venise, 1553) et la Célestine (en 1531 et 1534), renseignement précieux pour comprendre la filiation dont il se réclame dans le titre même de son oeuvre principale. Puis sa vie se dilue dans l'obscurité du passé: songes et caprices de l'histoire fondent sa vie et sa mort dans une même nostalgie d'ignorance.
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