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Polygraphe(s), approche métissée des actes graphiques, n° 6/2024 : Futurs de l'écriture

Couverture du livre « Polygraphe(s), approche métissée des actes graphiques, n° 6/2024 : Futurs de l'écriture » de Claire Bustarret et Philippe Artieres et Pierre Déléage et Léonore Conte et Thibault Corrion et Claudia Defrasne aux éditions Maison Des Sciences De L'homme
Résumé:

Ce numéro tente de répondre à l'invitation d'Arjun Appadurai à développer une « anthropologie du futur » qui rendrait compte de « la construction des avenirs culturels ». Nous l'avons donc axé sur des pratiques d'écriture qui nous semblaient, pour la plupart, relever des trois préoccupations... Voir plus

Ce numéro tente de répondre à l'invitation d'Arjun Appadurai à développer une « anthropologie du futur » qui rendrait compte de « la construction des avenirs culturels ». Nous l'avons donc axé sur des pratiques d'écriture qui nous semblaient, pour la plupart, relever des trois préoccupations qui, selon lui, modèlent le futur: l'imagination, l'anticipation et l'aspiration. Ce numéro voudrait mettre en valeur et en discussion des usages nouveaux de l'écriture portés par de grands domaines que nous avons privilégiés en raison de leur vitalité scripturaire: les mouvements militants, les écritures artistiques et le monde des professionnels de l'écrit (chercheurs, graphistes).Spécialistes des transformations de l'écriture elle-même, des combats et des expériences actuelles d'écritures inclusives et/ou non binaires qui sont menées par des typographes, des historiennes de la langue et des militantes féministes ont naturellement pris la parole dans ce numéro. Élise Goutagny tente un premier bilan des effets de ces propositions à partir de la collecte de manuels et de modes d'emploi de l'écriture inclusive produits ces dernières années. À cette contribution fait écho le compte rendu proposé par Lucile Haute du livre En finir avec l'homme d'Eliane Viennot, ainsi que celui de Lucile Encrevé concernant l'exposition du collectif « Bye Bye Binary ».Dans un tout autre domaine, nous avons mis en avant des expériences radicales, peu connues, émanant des mondes érudits: c'est le cas du papyrus Prisse, le « plus vieux livre du monde », récemment exposé à la Bibliothèque nationale de France et qui a été « performé » par un acteur à la demande de l'égyptologue Chloé Raggazoli, entrainant par la même occasion une nouvelle traduction. En écho, Claire Bustarret montre comment l'agrandissement photographique des brouillons d'écrivains dans les années 1930 a ouvert la voie à de nouveaux courants de recherche. Enfin croisant anthropologie et archéologie, Claudia Defrasne et Philippe Hameau révèlent comment de nouveaux outils transforment l'approche d'expressions graphiques datant du néolithique.Une place particulière est accordée aux artistes, souvent considérés comme des « créateurs de futur », à commencer par Catherine Zask, graphiste invitée à créer l'identité visuelle de ce numéro. C'est le cas également de Franck Lebovici, artiste engagé depuis longtemps dans des expériences littéraires basées sur des procédés de « data mining », et du chercheur Gabriele Stera, qui a consacré sa thèse aux travaux de Christian Marclay sur l'usage détourné des sous-titres de films. Le dialogue entre Philippe Artières et Béatrice Fraenkel porte sur les monuments temporaires de Thomas Hirschhorn, rencontré pour ce numéro. La place centrale de l'écriture dans ses oeuvres y est discutée non seulement comme « écritures engagées », mais aussi comme célébration d'un monde de l'écrit précaire, capable selon lui de donner consistance à une mémoire éternelle.La dimension politique habite plusieurs expériences présentées dans ce numéro. C'est le cas du projet de design participatif mené par la graphiste Silvia Dore et des initiatives graphiques produites en Amérique latine des années 1960 à nos jours, présentées dans l'exposition « Giro Grafico » (Museo Reina Sofia, Madrid, 2022) relatée par Francesca Cozzolino.Anthropologue immergée dans les luttes écologiques, Laurence Marty témoigne des usages variés et décisifs de l'écriture dans la vie des militant·es. Elle donne à voir comment s'ébauchent de nouvelles « humanités écologique » qui remettent en cause l'écriture des sciences humaines et sociales en prônant la recherche d'une langue nouvelle. À son tour, la contribution provocatrice de Pierre Déléage plaide pour l'expérimentation d'écritures multiples en anthropologie, notamment l'usage de la science-fiction qui lance un défi d'ampleur à la doxa académique et littéraire.

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