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Pourquoi s'évertuer à écrire à propos d'une idole, personnage au-delà de toute fiction puisqu'il est la fiction même, quand, depuis des décennies, journaux et magazines nous ont abreuvés du moindre de ses faits et gestes et alors qu'elle semble honnie par notre milieu d'élection??
À mon corps défendant, je dois reconnaître que mes lèvres fredonnent parfois les chansons de JH et que, malgré le rejet premier, spontané (parce que trop en phase sans doute avec la culture populaire dont je veux me distinguer), je ne parviens pas à le détester.
JH a accompagné ma vie, nos vies, depuis un demi-siècle et le plus souvent à notre insu, figure récurrente, décor invariablement là devant lequel on a grandi, vieilli.
Comme s'il suffisait, en ce début de xxie siècle, de le regarder pour savoir où nous en sommes de notre histoire, de nos espoirs, de ce qu'on en a fait, de ce que nous sommes devenus, ensemble et seuls.
De le regarder et de l'approcher.
De comprendre et d'imaginer.
De rêver Johnny.
Cinquante sept années de carrière, plus d'un demi-siècle ! Qu'on le veuille ou non, qu'on l'assume ou pas, Johnny Halliday nous aura tous marqués. Nous sommes tous capables de fredonner quelques vers de ses chansons les plus célèbres. Et pour détourner l'une d'entre elles, "il y a tous en nous quelque chose de Johnny !"
Tel est l'argument du livre de Jean-Pierre Suaudeau, ni une biographie, ni vraiment un roman...
L'auteur le reconnaît lui-même : bien que se sentant éloigné de la culture de JH, il a été, à son corps défendant, imprégné des grands succès du chanteur. Alors, après le décès de l'idole, il a voulu comprendre, rêver, imaginer, décrire, ce qu'avait pu être, ce qu'aurait pu être, la vie de Johnny.
C'est ce texte qu'il nous propose, qui plonge ses racines dans l'histoire du jeune Jean-Philippe Smet, futur JH, et qui, s'appuyant d'évidence sur une abondante documentation, nous fait partager son parcours, ses rares certitudes et ses nombreux doutes.
L'écriture de J.P. Suaudeau est celle que j'avais découverte dans un précédent roman (Les forges, chez le même éditeur). Elle enveloppe le sujet de circonvolutions poétiques. Et c'est un peu ce qui m'a gêné : si elle ne cache rien des addictions du chanteur, elle fait mal ressortir sa violence, sa bestialité, souvent autodestructrices... Comme si, fan malgré lui, l'auteur avait voulu nuancer certaines facettes trop noires de la personnalité de l'idole.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/04/18/poetique-dune-idolerever-johnny-jean-pierre-suaudeau-joca-seria-fan-malgre-lui/
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