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Des personnages fictifs, une histoire vraie, un récit documenté sur un chapitre peu reluisant de l'histoire de la Ve République : les enfants de la Creuse.
Entre 1962 et 1984, quelque 2 000 mineurs de La Réunion sont séparés de leur famille et envoyés en France où leur est promise une vie meilleure.
Jean n'échappe pas à ce destin. Éloigné de sa petite soeur, il est transplanté en Creuse. De foyers en familles d'accueil, il fait la rencontre d'autres enfants réunionnais dans la même situation que lui. Une vie durant, entre errances et recherches, il tentera de comprendre pourquoi...
Richement documenté grâce au concours de l'historien Gilles Gauvin, Piments zoizos raconte un chapitre méconnu de l'histoire de la Ve République, celui des enfants de la Creuse .
Le mythe du sauveur réinventé : 2015 mineurs réunionnais déplacés/ transplantés/déportés entre 1962 et 1984
Privé de fratrie de langue de mère sous couvert d’éducation main d’œuvre à bas prix pour repeuplement de départements désertés en métropole pour dépeuplement de départements trop plein ailleurs.
Ça dit le lien les déplacements d’enfant comme objets sans tenir compte de l’affect entre eux avec leur famille avec les familles d’accueil. Ça raconte pourquoi aujourd’hui on veut à tout prix garder le lien alors qu’il faudrait parfois autrement
Ça raconte les enfants à l’identité secrète qui ne peuvent pas se construire sans savoir
Ça raconte tellement de chose en si peu
C’est important.
Les dessins ne me plaisent pas particulièrement mais la beauté réside dans l’information et la fiction si forte qu’elle parle d’universel et s’accroche sur plein d’aspects à l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) de maintenant. C’est un élan vers l’enfant que j’étais celles que j’ai eu celleux dont je me suis occupée. En peu l’essentiel. Le zèle administratif face humanité débordée.
Les manquements de l’ASE déconcentré ou non traversent les décennies, générateurs de souffrances pour des milliers d’enfants d’adultes et leurs proches d’avant comme d’après. Il faut apprendre à se construire après ça. C’est affligeant et usant. On ne nous apprend pas l’histoire fine des politiques d'enfance en école pourtant ça éclaire grandement le réel.
Les souffrances aggravées sans compensation attendent. Un voyage de recherche aux racines suffit-il à racheter la pratique abusive de changement d’identité ? C’est un geste mais parfois les gestes arrivent trop tard.
Lorsque Jean et sa petite sœur Didi montent dans la voiture de l’assistante sociale, ils sont loin d’imaginer ce qui les attend. Si la séparation avec leur mère, jamais verbalisée, est douloureuse, que dire de l’arrachement brutal entre le frère et la sœur, envoyé·e·s chacun·e dans un orphelinat différent dans deux coins de l’île.
Jean et Didi – comme près de 2000 enfants réunionnais (entre 1962 et 1984) – vont connaître un destin qu’ils n’auraient jamais pu envisager : catégorisés par le jargon de l’Aide Sociale à l’Enfance, perdant leur identité pour un nom provisoire avant une adoption à 10000 km de leurs racines, ils font partie de ceux que l’Histoire a (difficilement) retenus comme « les enfants de la Creuse ». Des enfants que la République française a voulu « sauver » parce qu’ils étaient orphelins, parce qu’ils avaient des parents défaillants, pour contrôler une démographie galopante, pour repeupler ses territoires en berne. Autant de raisons qui ont changé le destin de nombreuses familles.
Grâce à son association avec l’historien Gilles Gauvin, Tehem offre à la fois une fiction touchante sur l’exil forcé, la recherche d’identité et des racines et un document riche sur les déplacements de Réunionnais vers la métropole organisés par la République française.
Loin de tout manichéisme, Piments Zoizos, avec sa galerie de personnages attachants, donne à voir une vision multiple des événements, à l’image des destins divers de ces enfants envoyés à l’autre bout du monde. On rit car Tehem n’a ici rien perdu de son humour et on rage devant cette machine administrative capable d’engendrer de si profondes blessures.
Un roman graphique à inscrire dans les indispensables pour celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Réunion (mais pas que) – et forcément pour la Réunionnaise que je suis !
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