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Hyde Park, 1989. Dans le jardin solitaire et glacé, la statue médite, penchée, le poing sous le menton. Au fond de son oeil bleu, intense, une lueur de vie semble encore briller... Quand le sergent Chambers de la Metropolitan Police s'en rend compte, il est hélas trop tard : l'homme est mort, gelé, dans la position du Penseur de Rodin. Puis c'est au tour d'une mère et de son fils d'être retrouvés, dans les mêmes circonstances, tels l'ensemble de la Pietà de Michel-Ange...
Qui sème ainsi, dans Londres, cette parodie de musée macabre ?
Et jusqu'où ira cette vague d'assassinats, que leur auteur considère comme autant de chefs d'oeuvres ?
En plein hiver 1989, dans un Londres frigorifié, la police trouve le corps d’un homme gelé dans un parc de la Ville, un homme gelé dans la position du « Penseur » de Rodin. D’évidence, il s’agit d’un crime, surtout si on ajoute que cet homme a été drogué, qu’il n’était nullement suicidaire et que des points de colle sont retrouvés à certains endroits du corps, pour sa position soit parfaite au regard de la sculpture. C’est à Chambers que cette enquête déroutante échoie, et lorsque qu’un second double meurtre est retrouvé, dans la position de la « Pietà » de Michel-Ange, le doute n’est plus permis : un tueur est en train de sévir dans Londres, un tueur amateur d’art aux motivations insondables.
Après sa trilogue « Ragdoll », Daniel Cole nous emmène dans une enquête étrange qui s’étalera sur de longues années (il y a un grand saut temporel au premier tiers du roman) et qui met en scène un duo, puis un trio d’enquêteurs un peu borderline. Chambers est vieillissant, ultra motivé au point de surestimer ses capacités, son acolyte Winters est un peu fragile psychologiquement, cette enquête lui occasionnera même un traumatisme de première catégorie et Marshall, une jeune femme de la brigade des stups, est sujette aux addictions et fonce parfois un peu à l’aveuglette. Les voilà tous les trois, dans un polar assez conventionnel, sur la piste d’un tueur. Petite originalité, l’identité de tueur est assez rapidement révélée, car l’enquête de 1989 est menée avec une vraie rigueur. Mais les preuves manquent, et une bonne partie du livre consiste en un jeu macabre des chats et de la souris. Plutôt agréable à lire, bien qu’assez touffu dans son intrigue par moment, le roman souffre d’une petite faiblesse. Ce tueur déploie des trésors d’inventivité pour mettre en scène ses crimes, s’inspirant de sculptures célèbres et difficiles à reproduire, il le fait au nez et à la barbe de Scotland Yard, parfois dans des endroits impossibles, bref : il les nargue. Mais au fond toute cette flamboyance n’est au service que d’un mobile assez faible. Le « message » qu’il cherche à faire passer n’est pas à la hauteur de ses crimes, loin de là. La psychologie de ce personnage est un peu décevante, alors même que celle des policiers semble plus profonde, plus complexe, comme l’étaient ceux de la trilogie « Ragdoll ». La fin est assez noire, presque désabusée, mais le la trouve assez réussie, plus par sa noirceur que par sa force psychologique. Dans son édition grand format, le l’éditeur à fait quelques efforts, en ajoutant au livre des esquisses des sculptures, partant du principe que tout le monde ne les connait pas toutes et qu’un dessin vaut mieux qu’une longue description. Il s’amuse aussi avec la police de caractère sur certains mots, sur certains passages sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. Il y a surement un raison mais elle m’a échappé. Sans être transcendant, « Pietà » à l’avantage d’un un peu original dans la forme et le fond, il serait surement intéressant à imaginer sur petit ou grand écran. C’est un bon roman noir qui « fait le job » et qui confirme que Daniel Cole est un auteur à suivre quand on aime le genre.
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