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Tandis que Le Mariage de Figaro triomphe à la Comédie-française, une puissante cabale se trame à la Cour contre son auteur. Emprisonné à Saint-Lazare sur ordre du roi, il en sort quatre jours plus tard, et dénonce l?arbitraire du pouvoir. Mais, à cinquante ans passés, Beaumarchais aspire à une vie tranquille entouré des siens. Il se fait construire une somptueuse demeure (hélas ! disparue aujourd?hui) en face de la Bastille, et achève son opéra philosophique de Tarare, mis en musique par Salieri. Bientôt, une nouvelle affaire le projette sous les feux de l?actualité. C?est le célèbre procès Kornman, du nom de cette jeune femme, que son époux a fait interner pour adultère, et dont Beaumarchais a pris la défense. Au bout de cinq années de lutte, il obtiendra gain de cause, mais les basses calomnies répandues par l?avocat Bergasse lui auront aliéné la sympathie populaire.Le 14 juillet 1789, l?émeute se déchaîne sous ses fenêtres ; ses ennemis le dénoncent comme allié de la noblesse et des bandes menaçantes rôdent autour de sa maison. En 1792, il est même dénoncé à l?Assemblée nationale comme accapareur d?armes. L?affaire ? connue sous le nom des « Fusils de Hollande » ? sera bien près de lui coûter sa tête. Arrêté et conduit à la prison de l?Abbaye, il en est libéré le 20 août 1792, trois jours seulement avant les Massacres de Septembre. Obligé de fuir, il parcourt l?Europe sous un faux nom. Réfugié à Hambourg, il apprend une terrible nouvelle : son nom figure sur la liste des émigrés, ses biens sont mis sous séquestre ; sa femme, sa fille et sa soeur jetées dans les geôles de la Terreur, risquent l?échafaud d?un jour à l?autre. La chute de Robespierre, le 9 Thermidor, les sauve in extremis. Rentré à Paris après trois années d?exil, Beaumarchais peut enfin goûter quelque repos. Il connaît l?une de ses dernières joies en assistant à une reprise de La Mère coupable : le parterre l?applaudit à tout rompre et l?oblige à paraître sur scène.
Dans la nuit du 18 mai 1799, il succombe à une attaque d?apoplexie, dans sa soixante-huitième année. Sur sa tombe, il a fait graver ces simples mots : Tandem quiesco : Enfin, je me repose. Comme Figaro, dont il demeure l?immortel reflet, il était en droit d?ajouter, pour son compte : « Ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux avec délices, orateur selon le danger, poète par délassement, musicien par occasion, amoureux par folles bouffées, j?ai tout fait, tout vu, tout usé. »
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