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Rien d'aussi sulfureux n'a jamais été publié sur la liaison du marquis de Sade avec sa jeune belle-soeur, Anne-Prospère de Launay, âgée de dix-sept ans et chanoinesse bénédictine. Après vingt années de patientes recherches, Maurice Lever a découvert enfin les lettres échangées entre les deux amants, enfouies jusqu'ici dans les archives familiales.
Liaison passionnée, scandaleuse, orageuse, où se jouent les aspirations du marquis à la rédemption par l'amour. Espoir brisé par sa propre infidélité, que la jeune femme ne pourra pardonner, et qui entraînera la rupture définitive. Abandonné à ses propres démons, l'auteur de Justine ne verra d'autre issue que dans la mort. Sa tentative de suicide demeure à ce jour la plus obsédante énigme de cette âme en déshérence.
Outre cette correspondance, paraissent ici pour la première fois six lettres du marquis à sa femme, révélant ses aspirations à la pureté, ainsi qu'un ardent désir de rachat. La stupéfaction une fois passée, il reste une poignante émotion devant ce cri arraché à la souffrance : « Oh ! puisqu'on me rend le chemin de la vertu si difficile, puisqu'on ne me l'offre qu'avec des épines, il faudra donc que je reste dans le vice ! »
Il faut d’abord avertir le lecteur que le titre, comme la quatrième de couverture, sont partiellement trompeurs. La liaison entre le scandaleux marquis et sa belle-sœur, la chanoinesse Anne-Prospère de Launay, n’occupe en réalité que la première moitié du livre. J’ajoute que la correspondance entre les deux protagonistes se résume à quatre lettres de A.P. de Launay au marquis de Sade, d’une lettre de Sade à de Launay, et d’une lettre de l’épouse de Sade à de Launay. Ces lettres ne se lisent donc absolument pas comme un échange amoureux, mais comme le témoignage de l’une des nombreuses liaisons extra-conjugales de Sade.
En fait, l’intérêt principal de l’ouvrage réside dans la publication de lettres inédites du marquis et de son entourage, lettres qui sont précédées de courtes introductions permettant au lecteur de comprendre le contexte dans lequel elles ont été écrites. Les courriers écrits par le marquis durant sa détention au fort de Miolans m’ont paru bien plus éclairants et intéressants que les lettres d’amour que lui adresse sa belle-sœur. Le marquis y apparaît aux abois, paranoïaque, souvent haineux. Ces missives mettent en évidence que pour lui plus que pour tout autre, être privé de cette liberté qu’il affectionnait tant – ce qui l’amenait à transgresser en permanence les règles de bienséance, les lois du mariage – relevait véritablement de la torture.
J’ai trouvé l’ouvrage intéressant sans pour autant être emballée à sa lecture. Le contexte fait l’objet d’une explication claire, quoiqu’incomplète, et les passages introduisant les différentes lettres suffisent à l’exposition des circonstances dans lesquelles elles ont été rédigées. Restent ce titre et cette quatrième de couverture qui trahissent la tendance à un racolage vulgaire et trompeur, si fréquent dès qu’il s’agit de Sade.
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