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Larguer les amarres, voir disparaître la côte, n'être plus que sens du vent et gestes assurés : cette expérience est d'un genre à part. Les Grecs anciens ne s'y trompaient pas, pour qui « il y a les vivants, il y a les morts, et il y a ceux qui vont sur les mers ». Naviguer au large ? S'aventurer en haute mer ? Plus qu'un loisir, plus qu'un plaisir, plus même qu'une performance sportive : une authentique expérience philosophique.
Là, le marin ne peut compter que sur lui-même. Il s'éprouve, se retrouve en situation de faire des choix, d'agir concrètement au moment opportun. Comment se comporter en cas d'avarie ? Que faire lorsque, faute de vent, le voilier est immobilisé ? Faut-il se ranger derrière Épictète, et faire son deuil de ce qui ne dépend pas de nous ? ou bien écouter Descartes et mettre le moteur, sans se laisser entraver par l'incertitude qui entoure nécessairement l'avenir ?
Plutôt qu'une énième invitation à contempler le ressac depuis le rivage, Claude Obadia pense ici la mer comme milieu et comme expérience. Ou pourquoi vivre en mer revient à se lancer dans une aventure de la pensée, bref, à vivre philosophiquement.
Ce petit livre bleu m'aura suivi tout au long été, et même encore aujourd'hui, il m'inspire beaucoup à un moment justement où il me faut entreprendre différemment…
J'aurais donc pu corner chacune de ses pages car tout me semblait si important… Je ne l'ai pas fait uniquement car je suis trop maniaque avec les livres pour les triturer de la sorte !
Observer l'océan c'est déjà en soi être dans un état d'esprit contemplatif, propice à la réflexion sur le monde qui nous entoure (j'en fais l'expérience là où je vis, au bord de cet océan Atlantique si imprévisible).
Mais prendre la mer, c'est encore une autre paire de manches, qui demande d'abord une certaine dose de courage et d'abnégation, tout le monde n'a pas l'étoffe d'un Éric Tabarly, d'une Isabelle Autissier ou d'une Florence Arthaud (à ce propos, un film sur "la petite fiancée de l’Atlantique" sort bientôt au cinéma…).
Car nous ne sommes rien face à l'océan, et aucune préparation ne pourra jamais nous permettre d'anticiper le bon choix, l'action parfaite, une fois bringuebalé comme une coquille de noix par les vagues scélérates aussi soudaines que vertigineuses.
Être seul en pleine mer est une aventure unique de liberté (et d'humilité), c'est se retrouver vraiment face à soi-même, être dans une sorte d'incertitude latente face aux éléments, devoir s'adapter et ne faire que cela pour faire corps avec son bateau et les flots (si tant est qu'on puisse s'y adapter… aucune certitude).
Pour notre auteur Claude Obadia c'est même plus qu'une expérience solitaire, humaine : naviguer c'est vivre philosophiquement !
Même s'ils ont l'air de tout maîtriser, nos grands navigateurs ne maîtrisent, dans les faits, que leurs propres choix : ils ne font que répondre, à la manière d'un stimulus et ces choix peuvent tour à tour (pour une même expérience) se révéler formidables et dans la seconde qui suit mortifères… Et pourtant ils sont prêts à tout pour réitérer cette épreuve inlassablement, au bout du monde, au bout d'eux-mêmes…
Ce livre est une manière de les approcher, de voir le monde autrement, depuis le large, une invitation à faire un nouveau voyage intérieur…
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