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" Et si Vassili Alexandrovitch m'a sauvé la mise en faisant de moi l'artisan du grand bond de la paysannerie bulgare, comme on disait en 1958... C'est toujours le même cauchemar que j'ai depuis... Celui d'un monstre obscène et ambigu venu de je ne sais quelle étoile à jamais refroidie... Et ce monstre il m'arrive de penser que c'est moi, Vasil Stroyanov, à moins que ce ne soit le Parti lui-même, dont je ne suis qu'une bouche imprécatrice, qu'une griffe atroce... "
La couverture de cette bande dessinée plante le décor : une brochette de dix hommes, aux mines patibulaires, équipés de leur fusil, sont installés en arc de cercle autour d’une flaque de sang. Derrière eux, un paysage sombre, sinistre. Tout est déjà là !
Et tout au long du récit, le dessin est précis, net, froid. La neige qui recouvre les paysages n’est pas seule en cause : ces dix hommes, qui ont participé à l’histoire de l’Europe de l’Est, ont chacun des cadavres dans le placard. Trahisons, meurtres, que ce soit par conviction ou, parfois, seulement pour sauver leur peau, ils ont tous été obligés d’accepter des compromis pour survivre et s’élever.
Tchevtchenko, le premier de tous, doit vivre avec ses renoncements. Ainsi, il a laissé emprisonner et tuer celle qu’il aimait, Vera Nikolaevna Tretiakova. Accusée de trotsko-zinovievisme, elle a été éliminée en 1937. Alors qu’il l’aimait, il a du, pour échapper aux menaces, l’abandonner à son sort.
Tous ces hommes sont habitués à profiter des avantages du régime. Ils mangent du caviar, boivent de la vodka hors de prix, chassent. Tout leur est dû, semble-t-il. Ils se tiennent les uns les autres, chacun connaissant les turpitudes des autres.
Tout sonne juste dans cette histoire. Le cynisme, la tension palpable entre eux – ils ont tous l’habitude de se méfier de tout et de tous -. Dans ce cadre gris, on sent qu’on est en permanence à la limite du drame. Un one shot bien ficelé, pour se rappeler ce que c’était que l’Europe de l’Est… Alors, n’hésitez pas : c’est du très bon, du très lourd, souvent considéré comme le meilleur album issu de la collaboration entre Christin et Bilal !
Très beau et très bon livre de Enli Bilal. Dans une atmosphère froide il y décrit la déliquescence du communisme de l'autre côté du rideau de fer. Ce livre à été écrit en 1983 il me semble, quelques années avant la chute du mur.
On y voit de vieux hommes qui, parvenus au pouvoir, ont perdu leurs illusions et finissent par doucher celles d'un jeune idéaliste. Sans révéler la fin, il montre bien comment un idéal collectif peut être tué par les ambitions individuelles. Et une fois ces ambitions satisfaites le bonheur est-il atteint? A vous de juger après la lecture de ce livre. Et puis le dessin de Bilal sert très bien cette atmosphère si pesante. On sent que quelque chose va arriver, jusqu'à ce que...
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