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Une brise douce et glacée, venue d’un monde surnaturel : c’est l’effet des mots écrits par le norvégien Tarjei Vessas. Palais de glace est aussi poétique et envoutant qu’une nuée de flocons de neige.
Unn et Siss, deux écolières de 11 ans, sont intriguées mutuellement. La première, meneuse, la seconde, nouvelle et discrète, s’observent avant de décider de lier une amitié. Elles partagent un court moment chez Unn, esquissent des secrets sans lever le voile, et tissent intensément un pacte. Le lendemain, honteuse, Unn décide de manquer l’école et entame une randonnée jusqu’au palais de glace, une cascade presque magiquement figée par l’hiver norvégien. Ce jour-là, elle disparait. Au fil des jours, Siss souffre et entre peu à peu en dormance.
Sous des airs d’un roman d’amitié, ou d’aventures, Tarjei Vesaas aborde le deuil, la solitude, la croyance obstinée de l’enfance et le morne réalisme des adultes. A la manière d’un conte de fées, le palais de glace est à la fois une destinée, et une sombre menace ; qui fascine et qui intimide. C’est aussi là toute la symbolique du roman : construction froide et à l’apparence indestructible tel le deuil, c’est le passage du temps, aussi long soit-il, qui parviendra à tout dégeler.
La beauté de cette œuvre tient aussi à la place qu’y tient la nature : plus qu’omniprésente, elle change au rythme des sentiments de Siss. L’automne inquiète, l’hiver attriste et endore, le printemps fait renaitre. Vesaas dépeint magnifiquement le chant des arbres, l’odeur du printemps, la mélodie chantée par les remous glacés de la rivière, les scintillements des cristaux de glace. « Les conifères tirent la langue et entament un chant nocturne inconnu. Seules, ces langues sont trop petites pour être entendues ; mais dès qu’elles s’y mettent toutes ensemble, leur murmure devient caverneux et si puissant qu’il pourrait niveler les collines s’il le voulait ».
Tarjei Vesaas a écrit une véritable merveille. Bien que distincte d’un polar, on est fasciné par la poésie glacée de l’œuvre, et l’on lit d’une traite pour tenter, en vain, de mettre un mot sur l’indicible.
Palais de glace - - traduit du norvegien
Palais de glace
Vingt ans de cordee
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