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Marco Boubille fait parler les images de Photomaton qu'il ramasse dans les rues et collectionne, dans un long poème sériel.
Au commencement était l'image. Ou la planche-photos. Celle qui sort mécaniquement à côté de l'écran dans la cabine qu'on appelle Photomaton et qui fait partie du « mobilier » de nos villes. L'auteur de ce livre, M.B dans le texte, a « collectionné » les photos ratées, déchirées, maculées, souillées, jetées, qu'il ramassait dans Paris sur le sol des rues, sur les trottoirs. Puis ces images ont fini par devenir textes. Parlées (écrite ou décrites) par l'écrivain collectionneur, au plus près de leur réalité matérielle (odeur de la cabine, tabouret à vis, petit bruit sourd du moteur, rideau et flash, voix synthétique, etc.). Elles se sont mises ensuite elles-mêmes à parler, une prose factuelle et familière, légèrement déviée. Que disent-elles ? Dans ces lieux inhabitables, ce sont des visages, des corps, qui parlent et se parlent, face au miroir, face au noir de leur existence. Des corps contraints pour des photos d'identité ou d'intimité (peut-être). Une affaire de position, d'habillage, de maquillage. Quelques portraits cassés d'anonymes livrés à la cruauté sociale (l'entretien, le DRH, le job ou le CDI...).
Un livre sériel, sur le désordre des choses et l'ordre de la vie, un long poème réaliste ou documentaire, fait de monologues étranglés. Un livre politique, donc.
« cette photo était-elle comme une simple phrase oubliée que l'on recherche en vain puis à laquelle on renonce ? »
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