«Karacabey-Manisa, 26 mai 1954.
Vers 2 heures du matin, j'entends des pas... Que se passet-il? Deux hommes avancent près de la tente!... Sans faire de bruit, je saisis ma lampe de poche d'une main, et de l'autre le revolver. J'entends les pas juste devant l'entrée de la tente. J'ouvre brusquement, allume la lampe et, la main crispée sur mon revolver... je me retrouve en face d'un gros ventre gris, qui est celui d'un âne ! Celui-ci, nullement inquiété, se met tranquillement à brouter.» Vous pensiez peut-être connaître Ellis Zbinden ? Le récit piquant de ses aventures de route entre Genève et Istanbul, passant par Athènes et le Mont-Athos, vous révélera l'artiste sous un jour totalement nouveau. Chasse sous-marine, tremblements de terre, traversées en mer et véhicules pétaradants dans des champs de boue : on l'accompagne au jour le jour dans cette Europe des années 1950, passant des villes grouillantes au coeur d'une nature sauvage, où vestiges et traditions millénaires croisent le chemin des péripéties du quotidien. Une dizaine d'années avant L'usage du monde de Nicolas Bouvier, Ellis Zbinden écrit ce récit de voyage d'un genre plus léger, rapportant son périple avec humour et spontanéité. Aujourd'hui nonagénaire, c'est en déballant un carton dans la cave de son immeuble genevois qu'il tombe sur un paquet de feuilles jaunies tapées à la machine à écrire : son manuscrit de jeunesse.
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