"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Eté 1961, à Lovère. Un jeune Polonais, Bro, s'intègre lentement dans ce village rural proche de Marseille. Il a trouvé du travail et noué une relation amoureuse, mais il fait preuve d'une surprenante obsession : il se rend tous les soirs au bar du village afin suivre les retransmissions télévisées en mondovision du procès Eichmann à Jérusalem.
1936 en Allemagne. Karl, Bernhardt et Werner, trois enfants de dix ans venus d'horizons différents sont embrigadés dans les Jeunesses hitlériennes. En 1943, ils sont incorporés dans la 12e SS Panzerdivision (formée à partir d'ados des JH) qui s'illustre par des faits d'armes, mais aussi des massacres de population. Werner est abattu en Autriche en mai 1945. Karl et Bernhardt rejoignent la Légion étrangère, combattent en Indochine et en Algérie.
Eté 1961. Un double meurtre sidère Lovère. Ce sont des proches de Bro qui ont été assassinés. L' « étranger » Bro est un suspect idéal.
Eté 1961. Après avoir participé à quelques actions de l'OAS, Karl et Bernhardt traversent l'Espagne et arrivent à Lovère avec une mission qui leur a été confiée à Alger : liquider Bro.
Quel meilleur jour que le jeudi 6 juin 2024 pour publier ma chronique du dernier thriller historique de Maurice Gouiran. Nous fêtons aujourd'hui le 80ᵉ anniversaire du Débarquement en Normandie, l'intrigue quant à elle nous transporte sur deux époques différentes en 1936 et en 1961. Nous allons suivre la trajectoire de trois jeunes allemands dès leur entrée dans les jeunesses hitlériennes, puis leur « carrière » dans la SS Panderdivision, l'Indochine, l'Algérie et le Moyen-Orient. Enfin dans les années soixante, à Lovère, Bro, un polonais suit attentivement la diffusion du procès d'Adolf Eichmann à Jérusalem. Une série de meurtres vient alors bouleverser son quotidien. J'aime beaucoup la construction maîtrisée, et ce principe de double temporalité qui vient relier lentement mais sûrement les événements entre eux. Croyez- moi vous n'êtes pas prêt pour ce qui va suivre. Il fallait un Maurice Gouiran pour nous rejouer la partition du mal avec tout le talent dont il est capable. Le côté historique est incroyablement bien rendu. Lorsque l'on suit le parcours de ces trois enfants de l'innocence à la noirceur la plus profonde, on ne peut que rester abasourdis par le procédé implacable du nazisme qui transforme des hommes en monstres. Suivre ainsi le procès de Eichmann qui se cache derrière la guerre pour minimiser ses actes en disant qu'il ne faisait obéir qu'aux ordres. Suivre la pensée d'Hannah Arendt et son concept sur la banalité du mal était juste passionnant. Se servir de cette base pour construire une enquête ouvre la porte à de nombreuses possibilités.
Un coup de cœur qui ne manque pas d'actions et de rebondissements, de belles montées en tension et même pour les romantiques, une jolie bluette. Un excellent roman qui vu de 2024, n'a pas pris une ride. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/2024/06/on-n-est-pas-serieux-quand-on-a-17-ans.html
Gouiran est un passionné d’Histoire (qu’elle soit locale pour l’auteur marseillais qu’il est, ou nationale et parfois internationale). Il assemble ses intrigues avec des queues de comètes de l'Histoire pour des histoires souvent glauques, violentes, … dans le monde d’aujourd’hui.
Dans cet opus, le « monde d’aujourd’hui » est en 1961 avec notamment le procès Eichmann qui participe de certains rappels. Les références historiques renvoient à la création et à l’organisation des jeunesses hitlériennes ; et à leur implication sur la fin de la guerre dans les dernières résistances de l’armée nazi sous la direction de Kurt Meyer. La bestialité des jeunes garçons, formatés pour la guerre, n’ayant rien à enlever à certains de leurs ainés de la SS. Quelques-unes de ces machines à tuer parviendrons à réchapper de la déroute allemande et à se reconvertir (qui dans l’armée française (avec des implications avec l’OAS), dans la légion ou dans des groupes de barbouzes, mais aussi dans des trafics divers).
Gouiran va donc dérouler deux histoires en parallèles : celle de ces jeunes nazis et de leur chef, et celle d’un trafic de drogue à Marseille dans les années 60 avec des luttes de pouvoirs se matérialisant par des morts : le patron d’une casse auto (qui faisait aussi – et surtout - du trafic de poudre) et des deux meurtriers du premier mort par ... (on ne divulgache pas)
La retranscription du procès Eichmann participe du lien entre les deux histoires avec « Bro » un étranger, au nom polonais, employé de la casse auto. La jonction ces deux histoires est un peu téléguidé et prévisible. On se demande quand Gouiran va enfin la matérialiser. Et lorsqu’elle apparait certains voiles se lèvent indiquant qu’il n’y a pas forcéments des liens directs si ce n’est ... (on divulgache toujours pas ...).
Mais Bro est bien devenu une cible. Il va y avoir encore quelques morts et une petite surprise à la fin comme dans tout bon thriller où il faut ménager des biffurcations.
Relevons que dans cet opus, ce n'est pas le chevrier / (ancien) journaliste, Clovis Narigou (héros habituel des polars de Gouiran) qui est à la manœuvre, mais notamment le commissaire Sentenac qui va démêler un certain imbroglio des différents morts qui parsèment l’enquête.
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