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« Prendre des risques, écrire à partir de la marge, être étranger chez soi. La maison de l'étranger est l'art, la littérature en particulier. Il y retrouve sa terre et son exil. Il y rencontre à la fois sa demeure et l'exclusion de cette demeure. L'aliénation, de ce merveilleux mot estrangement en anglais. Le processus qui transforme quelque chose de familier en quelque chose de non familier. D'étrange, même. Être artiste, c'est débusquer l'inquiétante étrangeté de l'être au sein du familier. C'est être défamiliarisé, par soi-même ou par les autres. Comme circuler en train dans un paysage que l'on connaît ? on (y) est à la fois le même et un autre ».
Un travail sur le temps, son épaisseur et sa densité, les sensations et impressions qu'il laisse en nous : voici ce qui semble être un moteur dans l'écriture de ces courts textes qui captent, avec cet outil imparfait qu'est la langue, tout ce qui peut se passer l'instant d'une rencontre, lors d'une confrontation à une ?uvre d'art, durant un moment a priori anodin. De là, peut-être, ce style à l'infinitif, ces phrases averbales, qui tentent de retenir les émotions et pensées, de les figer sur la page pour en faire comme des trésors à revenir, plus tard, contempler et méditer.
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