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On s'est plu à dire, un peu facilement, qu'Alfred de Musset avait été poète dans son théâtre et théâtral dans sa poésie.
Il est certain que "On ne badine pas avec l'amour", "Les caprices de Marianne", « Fantasio » et surtout le prodigieux "Lorenzaccio" sont le fruit d'un écrivain de haute volée. Au-delà des modes, Musset dramaturge étonne, séduit et bouleverse les spectateurs contemporains.
"La Confession d'un enfant du siècle" n'est pas non plus oubliée. Elle "mêle le roman (l’histoire d’Octave et Brigitte), l’autobiographie (l’histoire d’amour entre Musset et G. Sand) et un tableau sociologique dressé par le narrateur dans le deuxième chapitre qui illustre, à son corps défendant, le romantisme."
Qu'en est-il vraiment de sa poésie ?
La réponse doit être nuancée.
Si dans quelques-unes de ses oeuvres, Musset met plus de pathos qu'il n'en faudrait, si "Les nuits" souffrent quelquefois de vilains clichés, si celui-ci non sans complaisance étale au détour d'une strophe ses souffrances de dandy désoeuvré, il convient de ne pas oublier l'autre Musset qui d'une plume alerte, chatoyante et suave nous conte ses amours, ses engouements et ses rêves. On se laisse captiver par cette figure d'éternel adolescent mi-songeur, mi-turbulent dont les vers sonnent si bien à nos oreilles. L'aisance, le naturel et ce je ne sais quoi propre à enflammer le lecteur lui composent en fait un personnage éminemment sympathique et attachant en diable.
Parmi d'autres, l'adorable poème "A Ninon" semé d'images rafraîchissantes n'a pas notamment pris une ride.
Parfois superficiel mais jamais ennuyeux, un peu trop sucré mais souvent brillant, Musset est loin d'avoir livré tous ses secrets. En 2022, fait troublant, la jeunesse le cite volontiers, et la Toile de temps à autre livre ici et là certaines de ses plus belles réalisations.
Précocement vieilli, Musset va connaître assez vite le déclin et la déchéance. A quarante-six ans, usé par les excès et les peines, il n'est déjà plus que l'ombre de lui-même.
Ses derniers poèmes, écrits sous l'aile de la mort, sont dans leur dépouillement d'une mélancolie déchirante.
L'orgueilleux Musset tout à coup lève le masque :
"J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie."
Son génie poétique, même s'il n'éclate que par endroits, ne cessera jamais en tout cas de le rendre cher à nos coeurs.
https://www.accents-poetiques-editions.com/produit/la-blessure-des-mots/
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