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L'importance des parfums et des odeurs est attestée dès l'âge de bronze en méditerranée orientale, de l'Egypte à la Mésopotamie où l'on trouve trace de l'utilisation d'aromate dans la fumigation pour honorer les dieux. Pourtant l'occident a vite méprisé l'odorat, à commencer par les philosophes grecs : Platon juge les plaisirs olfactifs d' « une qualité hédonique inférieure » et Aristote le qualifie de « sens intermédiaires ». Pendant plus de vingt-cinq siècles les odeurs sont reléguées au second plan alors que Kant fait encore de l'odorat « le dernier des sens de l'intime ». L'odorat était donc inférieur de tous les points de vue, cognitif, hédonique et social. Les sciences humaines, la médecine et les sciences exactes s'accordèrent à leur tour pour le concevoir telle une faculté peu développée et médiocrement utile que le progrès de la culture aurait fait régresser.
Les choses commencèrent pourtant à changer à partir des années 1970, Marcel Detienne avec Les Jardins d'Adonis, bientôt suivi par Alain Corbin et son fameux Le Miasme et la jonquille paru au début des années 80 inspirèrent de très nombreux essais et articles qui redorèrent l'image d'un sens jusque-là injustement ignoré. Des progrès considérable furent accomplis en neurobiologie et c'est finalement le prix Nobel de médecine récompensant le travail des américains Linda Buck et Richard Axel en 2004 qui entrainera l'incroyable essor de l'étude de l'olfaction. Longtemps perçu comme le reliquat de l'évolution, le parent pauvre des recherches scientifiques, l'odorat révèle aujourd'hui une richesse exceptionnelle et se prête désormais à des travaux féconds.
Dans son essai, Brigitte Munier nous propose une histoire occidentale de la sensibilité à l'odeur et aux parfums mêlée à l'intelligence de leur symbolisme. Le premier chapitre sera consacré au statut de l'aromate dans l'antiquité grecque et romaine, le second étudiera la place du parfum dans la Bible et sa place au moyen-âge, le chapitre III s'arrêtera sur les symboles, les images, la mémoire et le langage attaché au parfum jusqu'au chapitre IV et l'invention de la parfumerie de synthèse. Le chapitre V interrogera la façon dont l'imaginaire moderne du parfum puise à des mythes et des contes archaïques notamment à travers la publicité. L'étude du statut social de l'odeur intéressera le chapitre VI, le dernier chapitre sera lui consacré aux rêves et aux usages d'une osmologie pensée à l'ombre du troisième millénaire.
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