Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
« Est arrivé un jour où la fiction n'a pas suffi. » Aussi curieux que cela puisse paraître, il me semble qu'une des forces de l'oeuvre de Mélanie Fazi est que précisément la fiction n'a jamais suffi. Qu'elle a toujours su trouver d'autres biais pour exprimer cette tension personnelle, intime, dont elle nous fait part dans ce livre, et qui est matière de toute sa création.
Extrait de la postface de Léo Henry
Faut-il entrer dans une case pour exister aux yeux du monde ? Mélanie Fazi répond à cette question avec sincérité, dévoilant ses questionnements, ses réflexions, ses émotions, ses expériences heureuses et malheureuses. Une mise à nu nécessaire dans sa quête d’identité, mais aussi une ouverture à la réflexion pour le lecteur, concerné ou non par cette différence.
En savoir plus sur : https://livraisonslitteraires.wordpress.com/2020/02/27/nous-qui-nexistons-pas/
Encore une fois, je ne suis pas persuadée que mon avis va être facile à rédiger mais on va essayer.
Ce récit raconte le cheminement de l’autrice pour comprendre qui elle est.
Quand on grandit avec une certitude au fond de soi qui ne correspond pas à ce qui parait être la norme, c’est compliqué et ce quelque soit ce qui nous rend différent. Dans son cas, la réflexion tourne autour de la notion de couple ou de son absence.
Le récit est poignant, touchant et très agréable à lire.
Son cheminement permet facilement de s’identifier, pas forcément parce qu’on vit la même chose uniquement parce que avancer vers l’acceptation d’une différence arrive à la majorité des gens. Le hasard a voulu que je lise une nouvelle qui est fréquemment évoquée peu de temps avant et ça a créé un petit plus imprévu de lecture même s’il n’est pas indispensable de l’avoir lu pour apprécier ce texte.
J’ai vraiment apprécié cette lecture et à défaut d’arriver à construire un avis construit et à la hauteur de ce que ce texte m’a fait ressentir, voici un petit point étiquette.
La réflexion et l’importance de l’étiquette est un des fils conducteurs du récit. Il y a une vague qui annonce qu’il n’est pas nécessaire de créer des étiquettes pour « tout et n’importe quoi », qu’on n’a pas besoin d’entrer dans une case… Bizarrement c’est plus facile de tenir ce genre de propos quand on est dans les normes. Alors bien sur on n’est pas défini par un unique terme mais quand on est différent, pouvoir mettre un nom sur celle-ci est important. C’est important pas pour être défini par son étiquette mais pour savoir qu’on n’est pas tout seul qu’on peut grâce à elle trouver des personnes qui ont un point commun avec nous si on a besoin de conseils par exemple.
J’avais entendu parler du post Facebook à l’origine de ce livre, sans jamais prendre le temps d’aller y jeter un œil… pas bien Sophie ! Ceci dit, le sujet m’intéressait, et quand Mélanie Fazi a sorti ce petit ouvrage, je me suis ruée dessus. J’ai pris quelques claques à sa lecture. Claque parce que je me suis rendu compte que je manquais de curiosité sur certains sujets, pourtant de société. Claque parce que j’ai découvert que beaucoup trop de gens étaient à minima maladroits par manque d’information, sans doute moi la première. Claque parce que, dans son texte, l’autrice nous livre sans fard et sans complaisance son histoire et ses sentiments, sans que ça soit jamais voyeuriste, larmoyant ou quoi que ce soit du genre.
Vous l’aurez compris, ce tout petit livre est d’une puissance incroyable. Tout petit par son format : 120 pages, format poche, mais en aucun cas par son contenu. A commencer par le travail éditorial, car c’est un ouvrage à l’esthétique très réussie. L’illustration de couverture de Stéphane Perger d’après un portrait photo de Vinciane Lebrun est magnifique et reflète bien le contenu, et les illustrations intérieures, du même Stéphane Perger, ponctuent de manière très à-propos le texte. C’est aussi un pari osé de la part de Dystopia Workshop, tout petit éditeur, de se lancer dans la publication de ce livre inclassable, qui n’entre dans aucune de ses collections. L’équipe n’a pourtant pas hésité quand Mélanie leur a dit vouloir publier ce texte. Ils l’ont soutenue et ont foncé tête baissée aux côtés de l’autrice qui a régulièrement travaillé avec eux.
Je connaissais Mélanie Fazi par ses recueils de nouvelles, notamment Notre-Dame-aux-Ecailles paru chez Bragelonne, mais aussi par son travail de traductrice (elle traduit notamment le très prolifique Brandon Sanderson), et surtout sa participation au podcast Procrastination avec Lionel Davoust et Laurent Genefort. Si vous ne connaissez pas ce podcast, je vous le conseille vivement. Il parle d’écriture, en 1/4 d’heure par épisode, et est passionnant même quand on n’écrit pas. J’y ai appris beaucoup sur le travail des auteurs, les techniques narratives… non seulement ça m’enrichit, mais ça enrichit aussi mes chroniques, car je comprends de mieux en mieux la structure de ce que je lis. Mais arrêtons de digresser et revenons au sujet du jour…
L’autrice aborde dans son texte l’asexualité. Un thème que je n’avais jamais encore lu abordé de front, aussi simplement et sincèrement. Car Mélanie Fazi nous parle simplement et sincèrement de son quotidien. Du quotidien d’une jeune femme qui se sent en décalage avec les autres pour qui le sexe est si important. Du quotidien d’une femme à qui on pose des questions qui blessent, parfois sans méchanceté, mais trop souvent quand même. Une femme qui n’a envie ni besoin de conjoint.e ou d’enfant. Qui n’en peut plus de s’entendre demander à quand le mariage, ou à quand le bébé. Qui ne veut plus entendre qu’il va être temps de… Le seul temps nécessaire, c’est le temps de vivre. Chacun à sa manière. Elle nous le raconte très bien ici. J’allais dire conte, mais ce livre n’est pas de la fiction, il s’agit de la vie de Mélanie Fazi, de son expérience, de ses errances, de sa renaissance quand elle a compris qu’elle n’était pas seule. Ce n’est pas de la fiction, mais c’est pour autant écrit avec beaucoup de sensibilité et de poésie, on retrouve le style inimitable de ses nouvelles. C’est une des grandes forces de ce livre, sa poésie, son style, car il se lit comme une nouvelle. On n’est ni dans un témoignage romancé, ni dans un essai ennuyeux. On est dans l’histoire de Mélanie Fazi, simplement. Dans un moment hors du temps.
C’est un livre que j’ai envie de voir entre toutes les mains, que j’ai envie de faire lire, pour que le plus grand nombre puisse entendre et comprendre que chacun doit être libre de sa vie, qu’il est suffisamment compliqué de ne pas rentrer dans les cases communément admises pour ne pas avoir besoin de se prendre de plein fouet des réflexions qui blessent par ignorance. Que nous avons tous le droit de vivre le plus sereinement possible, sans jugement ou pire. Il faut lire le texte de Mélanie Fazi car il va au-delà de l’asexualité. Elle nous parle de la difficulté d’être différent, même (et peut-être surtout) de nos jours. Elle nous parle de la difficulté d’être « juste » soi. Elle nous parle d’elle, mais aussi de nous.
J’ai eu la chance de rencontrer Mélanie Fazi lors des Utopiales en novembre dernier, et de l’interviewer notamment à propos de ce livre. Vous retrouverez bientôt la retranscription de cet entretien sur le blog.
https://leslecturesdesophieblog.wordpress.com/2018/11/29/nous-qui-nexistons-pas-melanie-fazi/
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