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Ils sont cinq frères. Ils ont grandi dans un vieux quartier arménien de Téhéran. Dans les toutes premières années de la guerre Iran-Irak, alors que la ville d'Abadan est sur le point d'être libérée, ils s'accrochent à leurs rêves, leurs ambitions ou convictions : Massoud, le tireur d'élite prêt à tout pour sauver femmes et enfants, Mansour, le photographe qui brigue une carrière de grand reporter, Nasser, l'archéologue en quête d'un visa, Mahmoud, fou amoureux d'une étudiante marxiste, et même Taher, le petit frère qui aurait rêvé d'apprendre à nager...
Avec Nourri par le sang, Mehdi Yazdani Khorram nous offre un formidable roman d'aventures, de ceux où les jeunes gens emplis d'idéaux jouent aux héros tandis qu'ils sont rattrapés par un destin implacable.
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« Nous te raconterons les plus belles paroles. Alors qu’avant cela, tu faisais partie des imprudents. »
Le panthéon littéraire !
Un mémorial, une œuvre indépassable.
« Nourri par le sang », le roman s’efface, cède sa place à cette fondamentale rémanence.
L’Iran, entre ses épreuves, noria d’oiseaux noirs en plein vol.
La poussière chaude, les regards baissés, le tourment d’un pays ployé sous les affres.
Mehdi Yazdani Khorram somme l’exutoire. L’écriture d’étymologie des siens, qui, superbe et implacable, traque le réel, les pensées et les sentiments.
Le sang dans son plus émouvant et véridique symbole.
Nous sommes en plongée dans une épopée triste et lucide, dans un pays de guerre et de tourments, d’injustice et d’une infinie tristesse. La poésie pure des mots, ici, donne le plein pouvoir à la cruauté, dans une justesse de ton de quintessence et de soupirs.
Sentir le poids lourd de l’Histoire en nos mains. 1980, la guerre Iran-Irak, jusqu’à l’heure d’aujourd’hui. Comprendre les fulgurances intenses de la sauvagerie dont est capable l’humain. C’est une écriture douloureuse, hors du commun. Un corps à corps avec les personnages dont l’auteur affirme « qu’ils sont tous vrais. » L’hommage aux siens, dans une calligraphie d’apothéose.
Mohsen Meftah prie sur les tombes. Il récite le Coran, tel un homme qui acte le repentir. Il est très jeune, étudiant à l’université de Téhéran. « Et Mohsen craquait pour les falafels et pour Mahmoud Darwich. Il lisait mieux que quiconque la syrienne Ghadaal -Al – Samman. »
Il est dans l’articulation des douleurs. Devant les tombes des cinq frères, morts la même année. La mère qui somme la montée des eaux, la résurgence de ses enfants. Les tombes vides des corps de ses petits.
Ici, la tragédie est certes une lumière noire, mais la force de ce récit attire l’invisibilité. C’est un roman de vie et de mort, de souffrances, d’injustices. Bien au-delà, il est une réponse à l’oubli et à l’incommensurable. La ville d’Abadan, cinq frères, et toute l’idiosyncrasie de l’Iran carcérale qui fusille les siens. La douceur du ton de cette trame, la philosophie et les déchirantes et sublimes litanies, Saladin en filigrane, les deux esprits, renforcent « Nourri par le sang » dans l’évidence de l’immensité du bien et du mal.
La polyphonie comme un fleuve qui déborde, la voix des frères et ce qui fut de leurs courtes vies.
Nasser l’archéologue, la présence de son pays en ses mains, pierre après pierre, le trésor caché, la révolte sanglante. Le feu de la fatalité Karim Soukhteh perd un à un ses enfants.
Page arrachée à la muraille des aspérités, le sifflement des balles, l’explosion mentale, cinq corps foudroyés en plein vol.
« Pour l’Histoire, ce sont ces « cependant » qui créent des problèmes. L’Histoire est faite d’exceptions. »
Massoud, tireur d’élite, un bandeau sombre sur le cœur. Entre l’ombre et la lumière, la fureur du ciel et le repentir théologal. N’ayez pas de crainte, ce sont des milliers de pages iraniennes qui tissent ce roman de grande beauté triste. Ces fils sont les morts sacrifiés. Phénix-cendres, l’emblème d’une génération abandonnée dans le linceul des perditions.
Mansour, le photographe, « Téhéran était empli de visages redoutables et Ispahan stupéfait par la guerre. »
Mahmoud, l’idéaliste, presque un enfant encore, et le tout petit, mort, lui aussi. Les yeux vers le fleuve, happé pour un moment de rire. Le barrage de Latyan, devenu la signature de Taher, six ans, englouti à jamais.
Dans cette immensité à l’instar d’un cri dans la nuit noire, ce livre poétique et sublime est puissamment engagé.
Des destinées effacées, abandonnées, dans les meurtrissures d’un pays sans mages ni espérances. « Nourri par le sang » est le sifflement d’une balle sur la virginale jeunesse.
« Il verra Jérusalem d’en haut. Du ciel. De là où regardent les prophètes. L’Histoire regorge de missiles stériles et abandonnés. »
Un hymne incandescent, d’une force inégalée. Un classique-né.
Dans cette orée efficace, conquise, d’une littérature-manifeste, pour une peuple en sursis.
Une urgence de lecture. Traduit du persan (Iran) par Nahal Tajadod. Publié par les majeures Éditions Zulma.
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