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Neko Café est le prolongement d'une mission Stendhal d'un mois au Japon, entre Tokyo et Kyoto, qui aura permis à Elsa Boyer de se confronter à une architecture, des lieux, un imaginaire loin des inspirations américaines de ses premiers livres. Ce roman essaie donc de restituer quelque chose du Japon qui ne soit ni exotique ni prisonnier de l'image de mégalopole que renvoie souvent Tokyo. Il lui fallait donc trouver un lieu précis pour commencer et surtout pour éviter de n'aborder le Japon que sous l'angle de la catastrophe, trop général. Ce lieu est repris dans le titre, Neko Café, ces cafés où chats, serveuses et serveurs accueillent les clients, qui payent à la demi-heure ou à l'heure peuvent consommer des boissons, parfois manger, au milieu des animaux. C'est ici que convergent les différents personnages du roman : le patron du café, ancien génie de la robotique qui voudrait trouver le moyen de guérir son pays ; son assistant ; un garçon et une fille qui se font embaucher dans le café. Le récit suit ces différents personnages à travers la ville, dans les cafés à thème (Neko café, Maid café), dans les salles de jeu, les restaurants, les onsens (lieux de bain), les centres commerciaux, les temples, les couloirs des lignes du métro tokyoïte.
À partir de cette ligne narrative ancrée dans le quotidien se déploie une série d'événements et de figures à la limite du fantastique. Des secousses agitent la ville, perturbent les perceptions, font perdre la mémoire à certains, ouvrent la voie à des hordes de fantômes à la fois humains et animaux qui colonisent les corps des vivants. Face à ces dangers provenant aussi bien de la terre que du domaine des spectres (qui au Japon font partie de la vie ordinaire), une firme construit d'immenses robots censés stopper les secousses et les tsunamis. Mais l'histoire qu'esquisse ce livre est peutêtre celle d'un amour aux contours flous, dont l'intensité s'est déjà éteinte quand commence le récit : ce garçon et cette fille séparés parce qu'après une secousse le garçon a perdu la mémoire et n'est jamais rentré chez eux. Cet amour défait, c'est aussi celui des spectres, ceux qui font retour, qui ont la force de revenir hanter les vivants, des vivants qui à leur tour se laissent hanter, posséder.
Neko Café entrelace ainsi des lieux, activités, objets du quotidien à des formes issues de l'imaginaire japonais, que ce soit les contes de fantômes, leur reproduction à travers les estampes, les robots géants des mangas et animés, ou encore l'univers des jeux vidéo.
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