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Il y a quelque chose de pourri au royaume de France. L'abstention bat des records, la croyance en un projet politique commun se détériore, la fracture sociale s'aggrave à vue d'oeil et en plus il fait chaud.
Mais tout ça va changer. Jean-Claude Navarre, président centriste élu faute de mieux, dispose d'un plan pour redresser la situation et faire entrer son quinquennat dans les annales : fonder une religion d'État au carrefour de l'athéisme et de la start-up new age. Ses mesures phares ? Porno gratuit, 5 000 pour tous et messes laïques en prime time.
Soutenu par une galerie d'âmes damnées technocrates, vedettes de la chanson française ou bimbos décaties, le « navarrisme » entame sa course folle vers le sauvetage de la République française. L'espoir d'un vivre-ensemble nouveau, revendiqué smartphone au clair contre les factieux de tout poil et les despotes voisins.
Fantaisie politique traversée de personnages hauts en couleur, Navarre met en scène les déboires loufoques d'un monde au bord de la déroute. Sous le vernis de la satire d'anticipation, Tanguy Pastureau brosse le portrait railleur mais jamais dépourvu de tendresse de nos institutions à l'heure du tout-média et du clientélisme.
Navarre a une idée de génie : pour gouverner ce pays indiscipliné, et tenter de contrôler le bazar que crée la cohabitation houleuse des plusieurs religions, quoi de plus simple que de réunir l’ensemble de ces croyances sous une même bannière : le Navarrisme. Contrairement à l’évangélisation musclée des premiers chrétiens, attirons les foules à l’aide d’un joli chèque et fidélisons les masses avec la menace de devoir restituer la somme en cas de défection….Simple et facile.
Si cela fonctionne rapidement, la belle progression des adeptes est stoppée par un attentat, qui va bouleverser l’ordre établi …
Certes Tanguy Pastureau n’y va pas de main morte et l’humour peut parfois se chausser de gros sabots, mais l’humoriste qui doit faire réagir son public est là, on ne se refait pas.
J’ai tout de même particulièrement apprécié le personnage qui incarne et soutient le wokisme, sans concession, au point de ne plus pouvoir rien nommer.
Satire de notre société contemporaine, engluée dans ses contradictions, ce roman se lit comme une farce où l’absurde côtoie des fulgurances.
Un bon moment de lecture.
386 pages Fayard 31 janvier 2024
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