"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Extrait de la nouvelle Le Dauphin.
Pour Joseph Delaunay, c'était un principe, on ne prenait pas la mer tant qu'on ne savait pas nager. Ce principe il l'avait suivi pour ses trois enfants. Il ne voyait pas pourquoi il changerait de ligne de conduite pour ses petits-enfants. Il regarda Anne. Le vent soufflait par brusques rafales, contournant le solide phare planté au bout de la jetée nord du port de Fécamp. Ils firent quelques pas en arrière pour se mettre à l'abri. Le vent d'ouest avait soufflé sans relâche durant trois jours, balayant la côte de grains violents. La dépression passait, laissant derrière elle un ciel chargé de nuages bas. Le soleil apparaissait par moments et de grandes taches vertes et bleues couraient sur la mer qui frissonnait de mille teintes. Au large, les vagues déferlaient, laissant dans leur sillage de longues traînées d'écume blanche. Tout près de Joseph et d'Anne, portées par la puissante houle du large, les vagues s'écrasaient dans un grondement sourd sur le socle du phare, projetant des embruns vers un ciel soudain irisé. L'odeur du varech accompagnait le vent et les embruns qui emplissaient les poumons d'une force vivifiante, presque enivrante.
Maintenant que Joseph avait pris sa décision, il regarda Anne avec une attention nouvelle. Cette petite tête décidée, qu'il croyait si bien connaître, ne bougeait pas malgré le vent. Seuls les cheveux blonds, pourtant courts, ondulaient dans la brise. Les yeux bleus regardaient fixement la mer et semblaient voir bien au-delà de l'horizon. L'enfant en cet instant avait l'allure d'un prince...
Extrait de la nouvelle Second de cordée.
Le jour s'était levé et le soleil posait ses premiers rayons sur l'arrête sud de l'Aiguille. En arrivant près de la cime, Manu vit comme des formes qui tourbillonnaient remontant du fond de l'abîme. Quelques nuages venant de Tré la Tête sans doute. Ce n'était pourtant pas un temps de foehn. C'est avec soulagement qu'il fit ses derniers pas dans la face. Tout s'était bien passé. Il n'avait pas eu peur et il était dans les temps. Le vent se levait. Les nuages venaient d'Italie. C'est au sommet qu'il le vit. « Toi Grand-père ici ! T'es monté par l'arête sud ? Mais je croyais que . »
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