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Najah Albukai : graver la mémoire

Couverture du livre « Najah Albukai : graver la mémoire » de Boris Cyrulnik et Denis Lafay aux éditions El Viso
  • Date de parution :
  • Editeur : El Viso
  • EAN : 9788412527810
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Najah Albukaï, 51 ans, est un dessinateur, graveur et peintre syrien. En 2012, il est professeur à l'Ecole des beaux-arts de Damas lorsqu'en juillet il est arrêté par les autorités, et transféré au redouté Centre 227 de renseignements militaires. Son crime ? Avoir exprimé, pacifiquement, au sein... Voir plus

Najah Albukaï, 51 ans, est un dessinateur, graveur et peintre syrien. En 2012, il est professeur à l'Ecole des beaux-arts de Damas lorsqu'en juillet il est arrêté par les autorités, et transféré au redouté Centre 227 de renseignements militaires. Son crime ? Avoir exprimé, pacifiquement, au sein de l'université puis dans la rue, son aspiration à la liberté et à la démocratie. Un mois plus tard, après trente jours de torture dans des conditions de détention inexprimables et treize kilos en moins, il est libéré. Sa femme a pu soudoyer un fonctionnaire du régime.

Mais dans le système de Bachar Al-Assad, être libéré de prison ne signifie pas être libre. Pendant trois ans, il reste sous le feu et dans la peur permanente des bombardements, des tirs de roquette, des attaques aériennes. Il se sait toujours recherché, le danger se rapproche, il décide alors de fuir par la frontière libanaise. Il est arrêté le 3 septembre 2014, retourne au centre 227, est ensuite transféré dans une autre prison, celle-ci de droit commun. Pendant plus de 10 mois de nouveau la torture, de nouveau des conditions de réclusion qu'on n'imagine même pas pour des animaux.

Une fois sorti de geôle, toujours sous le coup permanent d'une nouvelle arrestation, Najah entreprend grâce à son épouse et le soutien de proches, notamment ses frères installés en France et au Koweït, de réunir 18 000 euros grâce auxquels un juge corrompu accepte d'effacer son nom des listes. Et c'est ainsi que le 3 octobre 2015 il franchit la frontière avec le Liban, et deux mois plus tard atterit en France, en Vendée. Aujourd'hui, il vit dans une HLM de l'Essonne.

Lorsqu'en prison il partage 15 m2 avec 70 co-détenus, subit le supplice de la chaise allemande, vit au milieu des corps démembrés et charrie les cadavres, lorsqu'il découvre la liberté au moment de fouler le sol libanais, jamais il ne renonce à dessiner. Najah a noirci des milliers de feuilles, même au stylo bille, pour raconter, pour exorciser. Pour témoigner.
?
Ce livre douloureux mais essentiel est le témoignage graphique le plus vrai sur les prisons du régime syrien.

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  • L’homme n’apprendra jamais
    L’art témoin de ce qu’il y a de plus vil chez certains et de ce qu’il y a de plus beau chez les autres.
    Éveiller la conscience, graver la mémoire, c’est la résilience de Najah Albukaï ; il témoigne de ce qu’il connait les geôles de son pays la Syrie et au-delà il...
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    L’homme n’apprendra jamais
    L’art témoin de ce qu’il y a de plus vil chez certains et de ce qu’il y a de plus beau chez les autres.
    Éveiller la conscience, graver la mémoire, c’est la résilience de Najah Albukaï ; il témoigne de ce qu’il connait les geôles de son pays la Syrie et au-delà il s’adresse à tous les peuples décimés : arménien, juif, tzigane, tutsi, cambodgien ; bosniaque etc.
    « L’incarcération dure neuf mois et demi. Son déplacement dans une autre cellule le réconforte. La rencontre avec un Turc, Ryad, et avec Raguid, embastillés depuis vingt et trente-sept ans, métamorphose son horizon. Grâce à eux, il se procure stylo et papier et peut dessiner – notamment une série de douze portraits, que le plus ancien des deux bagnards, un ex-pilote de chasse toujours écroué, a conservé –, il accède à des livres – un objet interdit –, il débat de poésie, de littérature, de musique, de philosophie. Parfois, l’argent que lui envoient Abir et sa famille échappe au rançonnage, alors il achète de quoi améliorer son quotidien. »
    La force de ses dessins et son génie est d’arrivé à graver l’indicible, l’horreur dans son intégralité en nous happant, accrochant dans un même rai de lumière notre regard et notre conscience sans que nous puissions nous détourner, car nous sommes bien éveillés pour absorber ce que chacun de ses dessins crie.
    C’est sa force, son témoignage n’est pas cathartique il est plus que cela.
    Il n’y a pas que le tortionnaire qui n’apprendra jamais mais aussi les suiveurs qui permettent ces atrocités.
    Une fois libéré, l’urgence est de démultiplier l’œuvre initiée entre quatre murs parmi des dizaines de corps torturés, et de graver.
    Il est difficile de parler de cet ouvrage, un privilège de l’avoir entre nos mains, merci Masse Critique Babelio et les éditions El Viso, pour ce privilège, car la beauté de l’objet est celle du premier rai de lumière qui surgit des ténèbres et que chacun aura la charge de transmettre.
    Denis Lafay a effectué un travail d’accompagnement remarquable de cette œuvre et les dialogues avec Boris Cyrulnik sont comme toujours éclairants.
    Cet Art-là m’accompagnera longtemps, changera le regard que l’on peut porter sur les informations qui nous arrivent pêle-mêle et nous donnera une profondeur d’analyse.
    ©Chantal Lafon
    https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2025/01/13/graver-la-memoire/

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