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Une maison de vacances en Corse, une tribu reconstituée, un été meurtrier.
À gauche, la terrasse et, arrondissant le dos à l'horizon, la mer, pailletée de soleil. Devant se dressait la maison, avec son perron et ses différents niveaux ornés de balustrades dont certaines pierres se descellaient, ses peintures déjà écaillées, sa façade lézardée, sa tonnelle ombrée d'une glycine aux entremêlements noueux. Une maison de guingois, comme une star sur le retour, une diva décatie mais toujours élégante malgré les rhumatismes, entourée de ses balcons comme d'un boa, avec blottis aux pieds ses deux gros chats, faits de roche et de mer.
Paul n'a pas dérogé à la tradition : passer le mois d'août en Corse, retrouver la villa louée chaque année avec un couple d'amis de longue date, leurs deux fils et Valentine, la petite amie de l'aîné. Mais cette année il est venu avec Delphine et ses deux fils ados. Joyeuse tribu en apparence qui s'adonne au farniente dans la touffeur de l'été. En apparence seulement, car le terrain est miné pour Delphine. Différence de revenus, de centres d'intérêt, animosité de la toute jeune fille de Paul, les souvenirs des étés d'avant avec l'ex planent, et Delphine ne sait pas ou poser le pied sans faire de gaffes. Pourtant c'est d'ailleurs que viendra le vrai danger. Valentine a la beauté explosive des adolescentes en fleur. Sexy en diable, elle aimante les regards des garçons et des hommes, bouleversant le fragile équilibre de la maisonnée, jusqu'au drame...
Éditions Denoël
Parution le 3 Mai 2018
C’est l’été. Les vacances corses se profilent à l’horizon. En famille(s). Entre amis. Paul ne déroge pas à ce désormais rituel annuel de passer les congés estivaux ensemble, dans cette même maison. Et ce, même s’il a quitté sa femme, Isa, pour être accompagné de sa nouvelle compagne Delphine, et sa petite fille « à lui ». Les enfants de Delphine seront aussi de la partie : Sacha et Esteban, ainsi que la petite amie de l’aîné, Valentine. François et Véro sont des amis de Paul de longue date. Toutes les conditions sont réunies pour que le séjour se passe pour le mieux : des ados en meute, toujours ensemble, de jolis paysages, des activités passe-temps…
Le tout aux apparences trompeuses. Entre Delphine qui cherche sans cesse sa place et victime de ses propres maladresses, Valentine qui fait sa diva et tente tout pour attirer les regards sur elle, Émilie qui rend la vie impossible à Delphine, depuis que celle-ci est passée du statut de professeure de théâtre à celui de belle-mère. Ce changement est très difficile à digérer pour la fillette. Et puis, dans cette maison de vacances, une part d’Isa plane toujours. Du temps où Paul venait avec elle, tout comme aux yeux de Véro, son amie. Il est d’autant plus difficile pour Delphine de profiter sereinement de ces moments partagés, censés être détendus, complices. Mais lorsque Valentine décide de semer la zizanie dans le groupe, tout part en éclat… jusqu’au drame.
On a vraiment, par moment, l’impression d’y être nous aussi, tant les descriptions des paysages et de l’environnement sont mises en scène. Christine Détrez nous raconte ce qui se passe dans cet antre, un peu comme un huis-clos, avec tout ce que cela implique : des rapports humains complexes, la place et la position de chacun. Comme il est difficile de vivre ensemble, même seulement pour quelques semaines. Sur une toile de fond de vacances, inspirant à la légèreté, l’auteur dresse les portraits de ses personnages, avec leurs aspérités et leurs histoires, soulignant l’importance qu’un élément perturbateur, comme Valentine, peut avoir au sein d’une communauté. Mon petit bémol portera sur le fait de connaître la fin dès le début. Mais ce n’est que le prologue qui peut aussi jouer un rôle de teasing suscitant l’envie de savoir. My Bloody Valentine reste une lecture fort agréable, sous un air « funny » s’avérant « bloody »…
https://littelecture.wordpress.com/2018/07/07/my-bloody-valentine-de-christine-detrez/
Jusqu’à ce que l’on me le propose, je ne connaissais ni l’auteur ni le livre. En me renseignant, j’ai constaté qu’avant d’être écrivaine, Christine Détrez était sociologue. Et cela se vérifie dans ce roman. Son approche de l’humain est centrée sur les sentiments.
D’ailleurs, on pourrait presque penser qu’il y a une part d’autobiographie dans cette histoire tant les sensations paraissent réelles. On a l’impression d’être avec les personnages, de faire partie de la famille. Les relations entre eux sont parfaitement retranscrites et on ressent chaque émotion. Même si le récit est à la troisième personne, on vit l’ambiance de l’intérieur.
Ça commence comme n’importe quelles vacances familiales. Tout pourrait être tranquille. Mais, comme un drame est annoncé en début de roman, le lecteur est à l’affut de l’instant où tout va basculer. Les échanges des protagonistes prennent alors une dimension différente. Chaque attitude peut être considérer comme suspecte et le moindre petit accrochage peut devenir l’étincelle qui va mettre le feu aux poudres.
Dans cette atmosphère sous tension, l’autrice s’intéresse à différents thèmes. Elle parle de la famille recomposée et de ses contraintes, surtout lorsqu’elle est issue de l’adultère. Elle examine les relations mère/enfant quand ces derniers cessent d’être des enfants et tendent à devenir adultes. Elle s’attache aussi à pointer les différences sociales qui créent parfois un fossé entre les êtres. Tous ces sujets sont analysés sans aucun jugement, juste dans le rapport entre les acteurs. Ce n’est donc pas une étude froide mais bien une immersion dans les comportements humains.
Christine Détrez nous livre un portrait d’une famille extrêmement réaliste qui va vous faire passer par toutes les émotions. La complexité des relations est domptée par la justesse du propos. Sans user d’artifice narratif et avec une écriture de qualité, elle va vous entrainer dans les profondeurs de l’esprit humain, souvent fragile. Je conseille donc ce court roman social très efficace.
https://leslivresdek79.wordpress.com/2018/06/09/389-christine-detrez-my-bloody-valentine/
Oh, quelle belle surprise que ce roman ! Attirée par cette magnifique photo de couverture, vaste étendue d'eau turquoise dans laquelle on a envie de se plonger, je m'empare de ce roman sur lequel je n'ai lu ni entendu aucune critique… Délicieux chemin inconnu… Impression d'entrer en pays vierge et de jouer aux explorateurs… (Même si je ne lis aucun commentaire sur un livre avant de m'en faire moi-même une idée - je me sais tellement influençable que… - il est néanmoins difficile d'échapper aux étoiles qui accompagnent les articles et aux commentaires radiophoniques.)
Donc, je tourne les premières pages de My Bloody Valentine sans trop savoir où je mets les pieds et là… il suffit de quelques lignes, je sens que je tiens du bon, du très bon même, disons-le : l'écriture ciselée, l'atmosphère tendue et étouffante, le portrait précis et si juste des personnages, les descriptions d'une telle puissance évocatrice qu'on croirait partager ces vacances en Corse… En quelques phrases, me voilà embarquée ! Je ne reposerai le roman qu'après l'avoir achevé...
Nous sommes en Corse, c'est l'été. Delphine, dont nous suivrons le point de vue, professeur des écoles, séparée de son mari, a rencontré Paul qui, de son côté, a rompu avec Isa pour vivre auprès de sa nouvelle compagne. Pour la petite Émilie, la fille de Paul, cette situation n'est pas facile à vivre, d'autant que pour elle, ce sont ses premières vacances sans sa mère. Ils ont décidé de partir avec un couple d'amis : Véro et François, accompagnés de leurs deux ados et de la copine de l'un des deux. De son côté, Delphine est venue, elle aussi, avec ses deux garçons, au moins, ils ne vont pas s'ennuyer… les ados aiment être avec leurs pairs… Même si Delphine se sent vaguement angoissée, elle se répète - c'est sa méthode Coué - que tout va bien se passer...
Ils sont donc dix et vont vivre un mois en huis clos dans cette très belle maison surplombant la mer, au beau milieu d'une végétation aride et odorante. Le paradis ? Non, pas vraiment… Des tensions vont vite éclater : les centres d'intérêt et les valeurs divergent, les revenus des uns ne sont pas ceux des autres et puis, qui est cette Valentine, à quoi joue cette Lolita d'une beauté insensée ? Et la petite Émilie, est-elle ange ou démon ? Et Véro, toujours pendue au téléphone à discuter avec l'ex de Paul, Isa, que cherche-t-elle au fond ?
Entre tensions et non-dits, silences pesants et éclats de rire tonitruants, crises de pleurs et corps enlacés, Christine Détrez peint très justement les relations complexes qui se nouent entre des gens qui se connaissent à peine et vont devoir cohabiter pendant un mois.
La justesse et la précision de son écriture traduisent à merveille cette tension qui va grandissant, la violence que l'on sent monter progressivement chez les individus, exacerbée par la chaleur étouffante de l'été et les senteurs entêtantes de la garrigue.
Et, puis, franchement, j'ai rarement lu une description si pertinente des ados de notre époque : c'est DU VÉCU (ou bien, du très très bien observé - l'auteur est professeur de sociologie!), et je SAIS de quoi je parle, j'en ai QUATRE (oui, QUATRE) à la maison ! Bluffant de réel ! Dans un sens, ça m'a rassurée, je me suis dit qu'il n'y a pas que chez moi que le frigo est à remplir tous les deux jours, les portes de placards continuellement béantes, les vêtements épars, les plats arrosés de ketchup et le langage parfois (souvent) à peine compréhensible (en plus de cela, je deviens sourde, ce qui n'arrange rien !)
Ce que j'ai trouvé aussi passionnant dans ce texte, ce sont, toujours latents, omniprésents et clivants, les rapports de classes. Dis-moi d'où tu viens, je te dirai qui tu es. Impossible d'échapper à ce qui nous détermine, nous enferme… On n'est pas loin de la tragédie grecque finalement!
Christine Détrez, retenez ce nom, car pour un premier roman, c'est un VRAI coup de maître !
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