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Nous devions aller au Palais de Justice aussi souvent que possible, et s'il se pouvait tous les jours ; c'est là, nous enseignait-on, que s'apprend, que se comprend la profession d'avocat.
Beaucoup d'avocats venaient au Palais pour plaider ou demander des remises, pour aller chez des juges d'instruction, pour rendre de respectueuses visites à des magistrats, pour rencontrer des confrères, bref, pour travailler. Mais beaucoup y venaient aussi pour se distraire, pour passer le temps, retrouver des amis et parler, parler à deux, à trois, à quatre, parler en marchant ou assis sur un banc.
Merveilleuse Salle des Pas Perdus, qui méritait alors si bien son nom ! Se croisaient, tous vêtus de leur robe, d'illustres avocats, des bâtonniers très respectés, des confrères fort occupés qui couraient de Chambre en Chambre, et aussi d'inlassables bavards. On apprenait l'art de parler, l'art de médire, de médire des avocats, très confraternellement, et aussi des juges et bien sûr de leurs jugements, et aussi des hommes politiques et de toutes les réformes de la Justice...
Dans ce déluge de mots, passait parfois l'éloquence.
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