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C'est l'été 1938 en Europe centrale. Et comme chaque année ils sont là, sur la rive, en villégiature.
Il y a Rosa Klein, qui lit dans les lignes de la main. Mais peut-on se fier à ses prédictions ? Et Karl Koenig, l'écrivain. Pourquoi fréquente-t-il les autres vacanciers au lieu de consacrer toute son énergie au roman qu'il est en train d'écrire ? Qui sont vraiment « l'homme à la jambe coupée » et la jeune femme amoureuse que tous les Juifs appellent par l'initiale de son prénom ? Et le père et la mère d'Erwin, l'enfant si sensible à l'anxiété de ceux qui l'entourent ?
Dans ce roman magistral publié quelques années avant sa mort, Aharon Appelfeld tisse les questions intimes, littéraires et métaphysiques qui l'ont accompagné toute sa vie. Sous sa plume, ces dernières vacances avant la guerre sont le moment où l'humanité se dévoile dans ses nuances les plus infimes, à l'approche de la catastrophe que tous redoutent sans parvenir à l'envisager.
Fan de cet auteur, mort il y a peu d'années, je suis heureuse de voir que Valérie Zenatti continue à traduire celui qu'on a appelé à tort l'écrivain de la Shoa; ici cela se passe juste avant la guerre dans l'Europe de l'est: des juifs passent régulièrement leurs vacances au bord d'une rivière dont la rive est une plage où certains bronzent, d'autres nagent, d'autres jasent. Le docteur, l'écrivain, la gémissante P., celle qui lit dans les lignes de la main , l'homme à la jambe coupée et surtout le jeune Erwin et sa famille, le père un peu misanthrope et qui préfère la montagne et la mère généreuse , sensible et émotive.
C'est écrit au "je", par le jeune Erwin, dix ans et sept mois; l'enfant est aussi sensible que sa mère et craint la violence à l'égard des juifs (qui ne fait que croître avec les rumeurs de l'approche de la guerre et l'émigration)
Sans doute est-ce partiellement autobiographique, même si le prénom et l'âge ne correspondent pas: l'auteur cite ses propres livres.
La montée de l'angoisse est un peu la même que dans les Déracinés de Catherine Bardon, l'antisémitisme se déploie sournoisement.
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