"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Titre tiré de l’évangile selon Marc alors qu’un homme est possédé par ses démons, pour un roman choral et noir.
Avec son style d’écriture très singulier Antonio Lobo Antunes traite ses thèmes obsessionnels que sont la dénonciation du racisme primaire et des passés coloniaux, de la haine, des conflits sociaux, des déchirures familiales, des échecs, des complexes soutenus, de la mémoire et bien entendu de la folie.
C’est un bouillonnement intense plein de rêves, de souvenirs, de regrets, d’espoirs, de douleurs, de violences, de naïveté qui déchiquètent le cerveau.
C’est avant tout une musique lancinante des mots qui s’écoute plus qu’on ne lit.
Commencer ce livre est comme être embarqué au passage dans les méandres d’un cerveau qui soliloque. A la façon de Faulkner, l’auteur file dans diverses directions et change de narrateur anarchiquement, ce qui oblige une lecture attentive si on ne veut pas perdre le fil de l’histoire menée par plusieurs voix et pléthore de personnages.
Alors oui, c’est avant tout le plaisir d’une écriture très personnelle et particulière, une maestria poétique, une musique des mots mais c’est aussi une histoire livrée dans un style aléatoire et répétitif.
C’est l’histoire du quartier en décrépitude, du Premier Mai, situé au nord-ouest de Lisbonne, peuplé de très pauvres gens issus de l’immigration clandestine et de délinquants particulièrement paumés et violents. Les policiers très violents eux aussi font face à ces petits gangs formés de noirs et de métis nés Portugais issus des ex-colonies, qui ne connaissent rien de l’Afrique et qui font face aux inégalités sociales, à une non-intégration, une misère et un racisme crasses.
Un policier âgé de 63 ans est chargé d’arrêter un groupe de 8 jeunes délinquants, 6 métis, un noir et un blanc, âgés de 12 à 19 ans, livrés à eux-mêmes impliqués dans des vols, des actes de vandalisme, de nombreuses agressions et des meurtres.
Ce policier connait aussi le mépris, celui de sa fille, de son ex-femme et de sa nouvelle épouse et enfin de ses collègues dont son supérieur hiérarchique mais aussi de ses subalternes dont il subit les vexations face à son dynamisme essoufflé.
Alors que le travail d’enquête est en cours, ses pensées vont vers sa propre enfance, cette boussole lors de ses stages de scoutisme, l’ambulance sans roues avec laquelle il rayait le plancher, sa mère hargneuse sans tendresse « Tu me tapes sur les nerfs avec ça. », sa fille qu’il a abandonnée ce qui le pétrit de regret, qu’il va retrouver empêtré dans sa timidité, son complexe de culpabilité et ses gâteaux, incapable de parler « Fichez moi la paix papa. », puis reviennent en mémoire les feux de camp, quand il embrochait des crapauds sur un bâton et tout le film de sa vie se mêle et s’emmêle au présent, à deviner combien de cure-dents dans un porte cure-dents, compter les stations essences sur la route et hanté par ses erreurs avec en mains le plan avec les points des délits des petits malfrats qu’il va falloir arrêter.
« Mon nom est Légion car nous sommes nombreux. »
L’auteur va nous faire voyager dans chaque cerveau torturé et, ceux des mères, des filles, des épouses, des délinquants et leurs familles sont tous dotés d’un mécanisme d’une grande fragilité et leurs voix résonnent fragmentées dans le capharnaüm d’une folie à la densité démoniaque.
Un autre bijou d’une folle poésie signé par cet auteur majeur de la littérature portugaise contemporaine, honoré par de multiples Prix dont le Nobel pour dénoncer la violence de nos échecs.
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