"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Fille de l'esclave Abena violée par un marin anglais à bord d'un vaisseau négrier, Tituba, née à la Barbade, est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Son mariage avec John Indien l'entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C'est dans l'atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu'a lieu le célèbre procès des sorcières de Salem en 1692. Tituba est arrêtée, oubliée dans sa prison jusqu'à l'amnistie générale qui survient deux ans plus tard. Là s'arrête l'histoire. Maryse Condé la réhabilite, l'arrache à cet oubli auquel elle avait été condamnée et, pour finir, la ramène à son pays natal, la Barbade au temps des Nègres marrons et des premières révoltes d'esclaves.
Tituba fille du viol d’Abena la fière un marin prend et de voir le jour un nouvel esclave Tituba adoptée par un père qui aime puis une seconde mère la sienne pendu Tituba parle fantômes et ceux-ci de lui répondre pour entreprendre le vivant les femmes gardiennes de l’espérance Tituba amoureuse déçue dans un cachot d’avoir suivi et les petites filles à l’innocence tachée d’accuser la ville crie à la sorcière
le révérend les yeux en flammes écrase sur son passage
reste les vestiges d’un faux procès transcrit et la volonté d’une autrice de dire ce que la colonisation ce que l’homme à la femme ce que les siècles n’entendent pas et continuent de reproduire
Une voix puissante que celle de Maryse Condé modernité malgré les ans écoulés
Formidable histoire à lire et relire!
Il était dans ma bibliothèque depuis plusieurs années et malgré les bons retours entendus, impossible de me lancer. Il ne me tentait pas, on me l'a offert et je me disais à chaque fois qu'un jour je le lirai.
Et je ne regrette pas ! Quelle histoire, quel récit.
Tituba n'a rien pour elle. Fille née d'un viol, noire et femme au XVIIè siècle... c'était dur, sa vie, l'époque et les résonances si actuelles. A-t-on vraiment beaucoup évolué côté droits des femmes, des noirs, des juifs ? Ce roman, dont j'ai beaucoup apprécié la plume, fait réfléchir.
Tituba nait à la Barbade avec un statut un peu flou : elle n’a pas été reconnue esclave bien que née d’une mère esclave. En grandissant, elle a donc la possibilité de vivre tranquille, seule dans une cabane au fond des bois. En parallèle, elle aide un peu tout le monde car elle a été formée aux simples. Elle aurait pu vivre toute son existence dans cette tranquille petite vie mais elle rencontre un bel esclave. Pour rester avec lui, elle accepte de devenir une vraie esclave, c’est le début d’une sacrée épopée. Ils sont vendus et se retrouvent à Salem au service d’un prêtre extrémiste.
J’étais persuadée que Salem serait au coeur de l’histoire mais en fait quelle bonne surprise, on a vraiment l’intégralité de sa vie et quelle vie. C’est un destin tout en montagne russe avec beaucoup de voyages, de rebondissements, d’amour et de rejet, de confiances et de trahisons. C’est une vie compliquée qui s’explique en partie par son statut d’esclave mais est renforcé par son statut finalement à part. J’ai aimé la façon très pragmatique, personnelle et nuancée dont chaque événement est présenté. Même si tout est injuste dans sa vie, malgré sa quête de la liberté pleine d’embuche Tituba reste pleine d’amour.
Elle arrive à conserver son amour de la nature et de l’autre, son respect pour autrui en particulier pour les enfants malgré leur comportement. Cet état d’esprit la fait passer pour une naïve et lui entraine des problèmes qu’elle aurait éviter si son esprit pensait différemment. Tituba est en effet dans un entre deux qui la rend incompréhensible : elle n’est ni une esclave soumise ni une rebelle qui veut exterminer les blancs. J’aime cette nuance et voir les conséquences sur sa vie, n’étant ni dans un extrême ni dans un autre, elle n’appartient à aucun groupe et fait une cible parfaite pour tous. Niveau écriture, c’est particulièrement bien écrit. Ca arrive à raconter des horreurs de manière très douce sans rien n’omettre. Ca a été un plaisir à lire mais aussi à écouter, merci Audrey Fleurot pour cette lecture qui m’a fait redonner une chance aux audiolivres.
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