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Dimitris est un ancien soldat de l'IRA. À la mort de son père, il part retrouver son frère, disparu dans un pays en proie à une guerre oubliée au coeur du Caucase.
Il va emprunter, dans son périple de l'Irlande du Nord à la Géorgie, un itinéraire longeant une diagonale barbare lovée aux franges de l'Europe, dans les replis d'un monde interlope : comme les remugles de l'Occident, le ressac de ses oublis, de ses points aveugles où se disperse le sens.
Sa trajectoire, marquée au sceau du crime, semée de rencontres inabouties, de fragment d'histoires, de visions fugaces, le conduira d'une guerre qui n'a plus de nom à une autre qui n'en possède pas encore, jusqu'à ce que s'accomplisse son aventure.
Un premier roman sidérant en forme de road moovie, dans lequel Dov Lynch, dans une langue simple tout entière dédiée à la vigueur expressive, parvient à nouer les fils d'un roman d'aventures sur la trame des conflits européens les plus récents.
Si Mer Noire est un roman dense, plein et entier, c'est aussi une méditation sur la guerre à notre porte, celle dont il semble que l'on peine à reconnaître le visage.
Un grand bravo pour ce 1er roman noir écrit en français, que nous livre Dov Lynch, diplomate et essayiste irlandais.
Ex-membre de l’IRA qu’il doit fuir, Dimitris est un personnage égaré, marqué par la guerre, habitué à la violence, propulsé sur les rives de la mer Noire à la recherche d’un frère qu’il suppose trouver à Soukhoumi d’où est originaire leur mère qui les a abandonnés enfants et où sans qu’il le sache, a lieu le conflit abkhazo-géorgien. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Soukhoumi)
« Il ne savait rien de Soukhoumi, rien de sa guerre. Nico n’y était peut-être jamais parti. »
La mer Noire, inhospitalière, consolide l’atmosphère de danger, d’inquiétude, de violence, qui accompagne ce voyageur insolite en manque d’identité.
« Au guichet d’information, il apprit qu’un train partait en début de soirée pour la ville de Bourgas sur la mer Noire. Au port de Bourgas, il pensait pouvoir trouver une place sur un bateau pour traverser la mer et rejoindre la Turquie. De là, il espérait trouver un autre passage par bateau vers Soukhoumi. »
«Il traversait le continent comme s’il connaissait déjà le chemin, voyageant au rythme du train, entraîné dans son mouvement, calfeutré dans le bruit des moteurs. Au fil des kilomètres, il avait l’impression de découvrir une nouvelle géographie du continent, une géographie mobile, comme si la terre n’était plus fixe, qu’elle évoluait au fur et à mesure qu’il avançait. »
« L’eau de mer avait détruit son passeport. La photo d’identité était décollée et abîmée. Une partie de son visage avait disparu… Il déchira le document en petits morceaux qu’il éparpilla dans la cour. »
Un climat métallique, froid, dur et viril au rythme des armes, des grondements d’hélicoptères, de parois glacées, de navires marchands usés, de moteurs de camions, de vieilles voitures soviétiques, de trains, de tunnels sans fin, de maisons vides, d’eaux glacées, de faisceaux de lumière, de neige, de verglas, d’incendies, de pierres et de vents…
On suit page après page, ce personnage, victime de la vie, taiseux, perdu et attachant.
Le style est sobre, les phrases claires et simples, les mots percutant, le récit concis, très bien construit dépouillé de tout superflus. En anglais on appelle ce genre de roman un « page turner » car on ne quitte pas Dimitris de la première à la dernière page. Très bien écrit, ce livre a l’étoffe et la promesse d’un best-seller.
Dimitris, irlandais, une fois son père enterré, part à la recherche de son frère sur un ordre de l’IRA mais, également, pour fuir son passé récent et lointain. Il veut rejoindre le village natif de sa mère, au bord de la Mer Noire, où il pense que se trouve son frère. Dans ce périple compliqué, il fera des rencontres hasardeuses, dangereuses, mystérieuses, lumineuses, il découvrira des fragments de vie qui le conduiront jusqu’au bout de son aventure.
Dimitris, tout comme son frère, est un ancien guerrier de l’IRA. Tirer de sang-froid ne lui pose aucun problème lorsqu’il s’agit de sauver sa propre vie. Se taire également. Dimitris est cerné par la guerre, par la peur, sans pour autant dévier d’un iota de sa route, comme s’il cherchait à accomplir son destin.
Il y a de gros pavés insipides, bavards et il y a ce livre. Peu de pages, mais une écriture dense. Chaque phrase est pesée. Le silence règne en maître tout comme la guerre et se lisent. Le silence de la mort du père, le silence pour ne rien révéler, le silence de la solitude, le silence des taiseux…
Ce roman sur la violence des hommes est écrit directement en français par un écrivain irlandais. Même s’il vit en France depuis longtemps, Dov Lynch a une très grande maîtrise de notre langue. Son écriture est superbe de précision, de beauté, de non-dits, de violence. Un livre sidérant qui amène à une réflexion sur ces « petites guerres » qui nous cernent et qui me font penser à ces guerres entre seigneurs du Moyen âge.
Quelle découverte, quelle lecture !
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