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Envisager des choix personnels comme des questions philosophiques est un trait caractéristique des proses de Nádas. Conclure par des réflexions radicales et des méditations profondes est le propre de ses fictions aussi bien que de ses essais, même s'il est difficile de tracer la frontière entre les deux. (C'est sans doute la raison pour laquelle son éditeur anglais a composé un livre Fire and Knowledge, où nouvelles et essais sont entremêlés.) Et cependant, même si l'on a parfois pu lire de lui des réflexions sur l'actualité dans le journal Libération et si l'un de ses textes importants, « Arbor mundi, figures mytho-poétiques dans la peinture d'Alexandre Hollan », a été traduit dans le catalogue de l'exposition consacrée au peintre par le Musée Fabre de Montpellier en 2012, Péter Nádas essayiste est encore largement inconnu dans notre pays. Et c'est pourquoi le Bruit du temps publiera en 2016 un large choix de ses essais.
Mais le présent texte, Mélancolie, publié par Nádas en 1988, nous a semblé mériter une publication séparée. Tout entier consacré à une analyse brillante d'un tableau du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich, il constitue, avec les reproductions des oeuvres commentées, un merveilleux petit livre d'art. Le paysage dont il est question est une marine conservée au Musée de Berlin qui, nous dit Nádas, permet de contempler « le plus vaste des espaces inimaginables », le vide qui lui paraît résider au coeur même du mot hongrois qui désigne la mélancolie. À partir de là, le texte est à la fois une description minutieuse du tableau, une réflexion sur la mélancolie, et une plongée d'une grande profondeur dans ce qui se passe en nous lorsque nous le contemplons. La description du processus créateur de Friedrich, à partir des quelques tableaux dont nous disposons qui permettent d'imaginer les conditions de son atelier, est fascinante. Tout comme la réflexion sur l'intrication, chez l'homme entre images et concepts, entre savoir et sentiment, entre esprit et âme que Nádas découvre dans le tableau de Friedrich mais qui est aussi, bien sûr, au coeur de son oeuvre propre et de ses romans.
Une réflexion aussi tourbillonnante et vertigineuse que les nuages représentés par le peintre, dans lesquels Nádas finit d'ailleurs par reconnaître la figure mystérieuse de Protée.
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