"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Marie et Carole, deux amies d'enfance originaires de Lille, se trouvent séparées quand Carole part vivre avec son mari Fabrice dans un petit village retiré de l'arrière-pays niçois.
Elles décident alors de s'écrire, mais au cours de ces échanges, la Carole que Marie connaissait si bien semble peu à peu s'effacer...
Que lui arrive-t-il et quel secret cherche-t-elle à cacher derrière ces mots si minutieusement pesés ?
Une fois de plus je colle à l'actualité. Il y a eu récemment la diffusion du film 'L'emprise' sur une chaîne publique, l'histoire d' Alexandra Lange, femme battue acquittée pour le meurtre de son mari, les médias ont donc beaucoup parlé de la violence conjugale, sujet grave et urgent - "En France, une femme sur dix déclare avoir subi des violences conjugales" (source : www.stop-violences-femmes.gouv.fr/). Et beaucoup trop en meurent..
Suite à la présentation de ce roman par Régine de l'association LIRE C'EST LIBRE et à la venue de l'auteure au 1er salon littéraire à la mairie de Paris 7éme le 31.01.2015 > on y était, on vous en parle ICI. > Je me suis empressée d'acquérir ce roman et je l'ai littéralement dévoré.
Je ne suis pourtant pas fan des romans épistolaires = une correspondance fictive entre les personnages d'un roman - Dans ce roman, cela ne m'a pas dérangé ! (peut-être que je vais m'atteler prochainement à réessayer de lire "Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates" que j'avais abandonné en cours de lecture).
Pas de connexion Internet, pas de téléphone, d'où la correspondance écrite : il y a les échanges entre Carole et Marie, et il y a les échanges entre Carole et ses parents à qui elle ne dit rien.
Extrait :
«Fabrice aime Carole. Carole aime Fabrice. »
Ce moyen de récit permet de comprendre le cheminement de Carole, les contradictions dans le récit des faits... Carole est dans le déni, elle accepte l'inacceptable, aveuglée par son amour, voulant croire à son couple... Marie va peu à peu percevoir le mal-être, le par-être (paraître) et comprendre que sa meilleure amie lui ment et surtout se ment à elle-même... Peu à peu la violence et la peur transparaît dans les écrits de Carole et l’inquiétude dans ceux de Marie.
DEDICACE
Merci à l'auteur pour ses mots
31.01.2015
Extrait :
"Paraître et être. Elle a toujours pensé qu’il faudrait mieux écrire «Parêtre» puisque paraître n’est qu’une protection de l’être. Elle doit se taire, ne pas dire son émotion. Cacher. "
J'ai aimé les petits paragraphes en italiques qui amènent du poids et de l'épaisseur aux sensations de Carole.
J'ai beaucoup aimé ce roman traitant d'un sujet actuel et grave, la lecture est agréable, avec des mots simples, un déroulement crescendo... On a envie d'aller chercher Carole, de lui dire : PARS VITE !
La violence est inacceptable dans le couple/la famille, la violence s'insinue dans la sphère intime, elle est vite quotidienne et détruit directement l'être... Il ne faut pas la laisser s'installer même un peu (pas si évident)... Lorsqu'il est question d'amour et de liens intimes, l’asservissement peut facilement se faire, les rabaissements, les disputes, les mots... Les maux !!!!
LA VIOLENCE NE DOIT PAS EXISTER DANS LE COUPLE
(et même ailleurs).
Lorsque les mots violents arrivent, comme des 'claques verbales', il faut s’alarmer... Soyez vigilants. Un roman peut aider, le dialogue est important !
Les mots pour éviter les maux...
Pour aller + loin > Interview de Ghislaine Bizot par Ludovic Grignion - Chroniqueur littéraire de Lire c’est libre.
Marie et Carole sont amies depuis la maternelle. Elles ont grandi ensemble, sont allées dans les mêmes écoles. Et même quand leur cursus scolaire a été différent, elles n’ont jamais cessé de se voir et de partager de bons moments ensemble. Marie, institutrice, s’est mariée la première avec Charles et leur vie est heureuse. Carole a rencontré son mari Fabrice quelques mois avant leur mariage et, du fait du travail de Fabrice, doit quitter Lille, ses parents et tous ses amis pour aller vivre dans un petit village de l’arrière-pays niçois. Leur séparation est d’autant plus difficile que Carole ne peut avoir de ligne téléphonique ni de connexion internet pendant un long moment. Marie décide donc d’écrire des lettres manuscrites à Carole comme lorsqu’elles étaient plus jeunes, partaient en vacances séparément et s’envoyaient des cartes postales. Mais plus le temps passe plus les réponses de Carole deviennent à la fois vagues, mais si explicites, plus Marie prend peur et se demande ce qui lui arrive.
Cet échange de lettres nous permet de voir l’évolution de la vie de ces deux amies : Marie qui est heureuse avec son mari et qui se réjouit à l’idée d’avoir son premier enfant et Carole dont le mariage sombre du fait de la violence de son mari. Même si il n’y a pas de description de celle-ci, l’auteur nous le fait comprendre par les mots qu’elle distille au fil du récit et par les petits paragraphes où Carole parle d’elle à la 3e personne. J’ai trouvé très intéressant cette façon de faire plutôt que de longues descriptions de violence verbale ou physique. C’est plus subtil et néanmoins aussi efficace pour comprendre le calvaire subit par Carole.
Elle essaie quand même de faire bonne figure aux yeux de ses parents en leur embellissant la vie qu’elle est en train de construire avec Fabrice. Elle s’y prend très bien car ils ne se rendent compte de rien.
Elle a essayé aussi de faire la même chose avec Marie, mais celle-ci n’est pas dupe et lors de sa visite de quelques jours chez Carole, elle s’est bien rendue compte que ce qu’elle avait subodoré dans les lettres est bien réel et que la situation est grave, d’autant plus qu’elle assiste à une scène terrible de Fabrice à l’encontre de Carole pour une broutille. Marie supplie Carole de revenir à Lille et lui propose même de l’héberger si elle ne veut pas affronter ses parents. Mais Carole reste en arguant que tout va s’arranger lorsque Fabrice sera plus stable dans son travail… Malheureusement, ce ne sera pas le cas.
Ce livre m’a fait l’effet d’un coup de poing car je me suis demandée si je me serais rendue compte d’une situation comme celle-là si une de mes amies vivait la situation de Carole. J’ose à penser que oui et j’espère même que je le verrais car je m’en voudrais de passer à côté.
Leur amitié indéfectible malgré l’éloignement me parle aussi car étant moi-même éloignée de la plupart de mes amies depuis des années, je sais que cela n’est pas facile d’entretenir ce genre de relation sur une longue distance. Mais avec certaines de mes amies nous y arrivons parfaitement et c’est un grand plaisir même si on ne se voit qu’une à deux fois par an, voire moins pour certaines. Cela ne change rien aux sentiments qui nous lient.
J’ai adoré lire ce roman malgré l’histoire difficile et poignante. Je n’ai qu’un regret : la fin. En effet, le livre s’arrête au moment où Carole prend enfin une décision, mais nous ne savons pas si elle va s’y tenir ou faire un retour en arrière. J’aurais aimé quelques pages de plus en forme d’épilogue pour savoir comment elle allait.
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