"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'affaire Magali Blandin : histoire d'un désastre familial.
Février 2021, Magali Blandin disparaît. Un mois plus tard, son cadavre est découvert dans le bois de Boisgervilly (Ille-et-Vilaine), à proximité de son domicile. Mère de quatre enfants, Magali a été assassinée par son mari.
Caryl Férey se penche sur ce féminicide aux ramifications multiples pour comprendre et ne pas oublier, car " Magali n'est pas anonyme, elle est toutes les femmes. "
Caryl Ferey, auteur à succès de romans noir qui nous entraînent en Amérique du Sud, en Australie ou en Afrique, a déserté le temps d'un livre ses sujets de prédilection.
Le temps d'un titre fort, et fort différent de ce qu'il nous propose habituellement puisqu'il aborde ici le féminicide de Magali Blandin. Fait divers tristement banal qui a eu lieu dans le village de son enfance.
C'est d'ailleurs ce qui l’a tout d'abord interpellé. Que la barbarie se passe aussi dans un village tranquille de Bretagne, en Ille-et-Villaine.
J'ai lu ce livre d'une traite, la mort, presque ordinaire, d'une femme qui voulait quitter son mari, d'une mère de famille qui aimait ses enfants et voulait vivre avec eux loin de celui qui la faisait souffrir au quotidien.
Mais ils sont si nombreux ces conjoints qui refusent de laisser partir leur chose, leur bien, leur épouse. Qui refusent de lui rendre cette liberté à laquelle elles ont pourtant droit. La mort plutôt que la vie pour celle qui souhaite s'émanciper d'une relation toxique.
Caryl Ferey, qui par ailleurs m’a rappelé ce roman que j'avais lu dans les années 70, cellule 2455 couloir de la mort, de Caryl Chessman, auteur à qui il doit son prénom.
Enfin, auteur mais pas seulement...
Caryl Ferey donc, qui mène l’enquête pour tenter de remonter aux causes, aux événements, de rencontrer ceux qui auraient pu connaître Magali, ou son meurtrier. Mais qui fait choux blanc. Tant il semble difficile de soutirer des informations à qui que ce soit.
Un livre comme un retour vers les rues de sa jeunesse, mais des rues entachées d'un féminicide sordide. Dans lequel des géorgiens, un mari et des parents ont tous leur responsabilité.
Où les enquêteurs ont su mener à bien leurs recherches mais où la justice ne passera jamais puisque les coupables ne sont plus.
Ce qui m’a le plus interpellée ? La façon dont l'auteur se pose des questions sur le pourquoi et le comment, sur les enchaînements de faits, sentiments, responsabilités. Il n’a pas à mener d'enquête puisque cela a été fait par les gendarmes. Ce n’est d'ailleurs pas le but, on s'en rend compte à mesure de la lecture, même s'il aimerait recueillir quelques infos de plus, qui n’auraient encore jamais été dites.
Mais il se pose, et nous fait poser les questions du feminicide, du sort fatal quasi inéluctable qui attend certaines femmes qui rêvent de liberté, du deuil des enfants, même si ce sujet là est très peu abordé, mais sans doute n'était-ce pas le lieu.
Et de la façon dont certains faits divers nous atteignent plus ou moins intimement, lorsqu'ils éveillent quelque chose de personnel. Ici il ne s'agissait que du village de son enfance, mais cela a suffit pour bouleverser assez l'auteur pour qu'il décide d'écrire ces pages, faisant de Magali une femme, une de plus parmi toutes ces victimes, parmi toutes ces femmes. Mais une femme, une victime, qu'il ne faut jamais oublier.
https://domiclire.wordpress.com/2024/11/24/magali-caryl-ferey/
Complètement différent des précédents livres de Caryl Férey que j’ai lus : Zulu, Mapuche, Norilsk, Condor, Paz, Lëd et Okavango, Magali plonge dans l’histoire tragique de Magali Blandin, mère de quatre enfants, qui fut assassinée par son mari, le 11 février 2021.
Juste avant de me plonger dans la lecture de Magali, j’avais écouté l’émission de Fabrice Drouelle, sur France Inter : Affaires sensibles, et je connaissais le déroulé terrible de ce féminicide, un de plus, un de trop. Aussi, je n’ai pas appris grand-chose de plus, si ce n’est les révélations de l’avocat de Jérôme Gaillard, l’assassin, en fin d’ouvrage.
Par contre, Caryl Férey parle beaucoup de lui dans ce livre, raconte son enfance, son adolescence. Pourquoi ? L’explication est simple : l’assassinat de Magali Blandin a eu lieu, près de Rennes, à Montfort-sur-Meu, 3 000 habitants en 1975, où l’auteur a grandi. C’est dans ce chef-lieu de canton, en Ille-et-Vilaine, que Caryl Férey est retourné pour que, comme il l’écrit, Magali Blandin ne meure pas une seconde fois.
Quarante-sept ans plus tard, le voici donc à Montfort-sur-Meu où il ne reconnaît plus beaucoup de choses. Comme partout ailleurs, les grandes surfaces ont ruiné les petits commerces du centre-ville.
Procédé d’écriture surprenant, l’auteur affuble toutes les personnes qu’il rencontre de pseudonymes évocateurs et adaptés à chacune et à chacun. En voici quelques-uns : Pélican Boîteux (sa grand-mère), Gauloise dans le Fossé (son grand-père), Poupée de Sang (son éditrice), Valky Rit (sa demi-sœur), Pharma Stoïque (sa belle-sœur, pharmacienne), Prince du Donjon (mari de sa belle-sœur), Cheval de Fer (camarade de collège), Mitraillette Passionnée et Drôle à Cuire (fait-diversiers à Ouest-France) et même Affaire Sensible (avocate de Jérôme Gaillard).
Personnellement, j’ai un peu de mal à m’y faire mais je comprends le souci de l’auteur de ne pas révéler les noms des gens qu’il rencontre, lui apportant un peu d’aide. Il y a aussi les Géorgiens ; les parents de l’assassin et la malheureuse victime sont précisément identifiés.
Caryl Férey cherche donc à comprendre, va partout où il peut mais personne ou presque ne connaît Magali Blandin venue depuis peu s’installer à Montfort-sur-Meu, étant en instance de divorce. Les recherches entreprises par l’auteur lui permettent de confier beaucoup de souvenirs tout en agrémentant son récit de remarques bien senties, de réflexions très pertinentes. Il révèle même pourquoi il porte un prénom aussi peu commun.
S’appuyant sur les archives du journal régional, Ouest-France, et de deux journalistes, des fait-diversiers - mot que je découvre - Caryl Férey tente de décrypter un plan machiavélique, un drame familial se terminant de manière tragique alors que les quatre enfants doivent tout de même tenter de réussir leur vie…
Caryl Férey, avec Magali, est sorti de son registre habituel ; il a prouvé une fois de plus ses qualités d’écrivain, pour Magali Blandin qui était éducatrice spécialisée et dont la vie a été si brutalement interrompue par un homme avec qui elle avait tenté de vivre.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/11/caryl-ferey-magali.html
Un assassinat dans son village natal ne peut qu’induire curiosité et enquête de la part d’un écrivain de polars.
Caryl Ferey apprend la nouvelle de l’assassinat puis, un mois plus tard, celle de la découverte du corps d’une jeune mère de famille, mariée, quatre enfants. Le mari serait l’assassin. Le fait que ceci ait eu lieu dans son village natal a éveillé la curiosité de ce globe trotter, d’autant que les thriller c’est ce qu’il maitrise à mes yeux.
J’aime la simplicité, le côté un peu rugueux de cet écrivain. Mais j’apprécie surtout son authentique humilité. Ses interviews comme ses participations aux émissions littéraires m’ont fait l’apprécier ; ses livres pareillement. Les premiers que j’ai lu de lui étaient sociétalement plus rudes, révélant des pans entiers de contrées où la loi de la jungle prime, où le sordide est habituel, presque normal. Ses derniers livres se sont « adoucis », comme lissés par l’envie de regarder vers un monde un peu moins moche, disons un peu plus « récupérable ». Okavango dénonçait des situations animales terribles, inacceptables mais semblait aborder un thème que l’humanité pouvait régler .. si tout du moins elle le voulait. Régler le problème Mapuche m’avait semblé hors de portée puisqu’une grande partie de la civilisation dépeinte fonctionnait ainsi depuis bien longtemps.
Ici nous ne sommes plus dans ce qu’on appelle un etho-polar, il y est question de retour dans sa ville natale. Pour qui l’a-t-il écrit ? Pour lui ? Parce qu’il devait remettre un livre à son éditeur ? En tout cas il ne fera pas partie de ses réussites. Il ne nous emmène nulle part. Il y parle de tout et de rien. L’histoire est certes simple mais n’aurait-il pas pu l’élever vers une analyse plus subtile ou plus personnelle, car de la personnalité vous en avez monsieur Ferey. Alors zut de zut ! Où est-elle passée ?
Dommage Caryl que vous n’ayez pas continué de me séduire par ce regard sur les hommes que j’appréciais. Ce ne sera probablement qu'un petit coup de mou avant que vous ne rebondissiez en nous embarquant vers un coin du globe qui mérite qu’on le regarde, qu’on en apprenne toute l’authenticité. J’avais adoré vous accompagner en Afrique du Sud, au Chili, en Argentine. J’attendrai cet éveil.
Citation :
« ‘’On essaie toujours d’humaniser la victime’’, m’avaient dit les faits diverses. Qu’ai-je donc à ajouter ? Je ne connaissais pas Magali Blandin, mais j’aurais pu danser le rock avec elle, puisqu’elle aimait ça, on aurait pu se retrouver à un concert de Massive Attack, puisque je les écoute en écrivant ces lignes, pur hasard qui va à ses goûts musicaux, Magali du genre pétillante d’après-guerres ses proches, à prendre sa vie à pleines mains de crainte qu’on la dépossède une quadragénaire simple et moderne en somme, avec qui on partage une raclette ou un cocktail mais qui ne dansera plus, qui ne rira plus.
Ça suffit à son malheur. Et si Magali est anonyme, c’est qu’elle est toutes les femmes. »
Fervente lectrice de cet auteur je me suis empressée d'acheter "Magali".
Et bien il m'en coûte mais je dois l'avouer je suis déçue. Caryl Ferey part d'un fait divers qui s'est déroulé dans son village d'enfance. Lorsqu'on lit le résumé le féminicide est mis en avant. Mais il faut lire un bon bout avant qu'il n'aborde le sujet réellement, et encore de manière superficielle. Il aurait mieux fait de dire que c'était une autobiographie. Aucun rythme, sauf celui de ses conquêtes à l'adolescence, le livre est aussi ennuyeux que pouvait l'être la vie au village.
Bref je n'ai pas apprécié
Caryl Férey choisit un fait divers dans le petit village de son enfance pour se raconter. Ainsi, Le meurtre de Magali Blandin qui eut lieu le 11 février 2021 lui sert de prétexte pour parler de lui, de notre époque et de la nostalgie de son enfance et sa coupe de cheveux de sa jeunesse !
Difficile pour un écrivain aussi pudique que prolixe de s’épancher sur son enfance, sa famille et les considérations sur le monde qui passe ! Alors, Caryl Férey s’attache à enquêter sur un féminicide qui s’est passé dans son village d’enfance. Ainsi, le lecteur apprend la raison d’un prénom aussi particulier.
Caryl Férey se met en quête, comme il le fait lorsqu’il part au bout du monde, pour découvrir un nouveau lieu, une nouvelle intrigue, et écrire un nouveau roman noir.
Seulement, après avoir retrouvé le chemin de son village, force pour lui de constater que personne ne connaît la victime, ni son assassin. Son village est surtout bouleversé par son prêtre, mis en examen pour viol aggravé sur mineur !
Malgré ses efforts, l’enquête piétine. Alors, Caryl Férey raconte ses premiers émois d’adolescent et d’autres au » club des filles ». Heureusement, son enquête s’étayera avec la fait-diversière du journal Ouest-France et vers la fin, l’avocat du coupable.
Question exotisme, Caryl Ferey nomment ses personnages avec des prénoms empruntés à une tribu d’Indiens : Pharma Stoïque, Cheval de fer, Épi de blé, Girafe tranquille et son éditrice s’appelant Poupée de sang. Tous sont aussi succulents les uns les autres, comme un clin d’œil complice avec son lecteur.
À la fin, le lecteur constate que Magali raconte l’histoire d’un crime sordide. Certes, un féminicide, mais particulièrement pervers ou inconscient.
Concernant son autobiographie qui n’en est pas vraiment une, Caryl Férey révèle, bien évidemment, une jeunesse en fait assez banale, où la lecture, puis l’écriture, tient une place importante.
Seulement, n’abandonnant pas son personnage de bad boy, ou de Punk sur le retour, Caryl Férey se décrit surtout comme un solitaire préférant les cours par correspondance plutôt que les classes surchauffées. Mais, de toute façon, à la manière de son Bowie adoré, il se garde bien de se répandre, conservant l’élégance de son idole lorsque ça concerne sa vie privée.
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/09/25/caryl-ferey-magali-rl2024/
Dans son nouveau livre « Magali », Caryl Ferey s’éloigne de ses polars pour aborder un sujet intime et tragique : le féminicide de Magali Blandin en Bretagne.
Ce drame n’est pas juste un fait divers, mais un événement bouleversant qui devient, sous sa plume, une réflexion sur les violences faites aux femmes.
Avec sincérité, Ferey refuse de réduire Magali à un simple chiffre parmi les statistiques des féminicides. Il nous rappelle que, malgré le mouvement MeToo, ces crimes continuent presque chaque jour.
Cette lecture m’a profondément touchée. « Magali » est un livre bouleversant et important, qui, sans être révolutionnaire, est essentiel pour rappeler ces drames trop souvent oubliés.
Court, fluide, et accessible, il est porté par l’engagement sincère de Ferey, un point à souligner.
Si vous cherchez un livre à la fois émouvant et réfléchi sur un sujet crucial, je vous recommande vivement « Magali ».
https://www.instagram.com/claudia.passionlivres/
Céryl Férey est un auteur de polars et de thrillers dont je n’avais pas encore pris le temps de découvrir les livres, alors même que j’en ai plusieurs dans ma bibliothèque. J’étais donc curieuse de découvrir Magali, qui tient à la fois de documentaire et du récit plus intimiste et je dois dire que j’ai été assez déconcertée.
L’auteur part d’un fait divers qui se déroule dans le petit village où il a grandi. Le 11 février 2021, Magali Blandin, mère de famille, résidant à Monfort-sur-Meu, disparaît. Un mois plus tard, à la suite des aveux de son mari, Jérôme Gaillard, avec qui elle était en instance de séparation, Magali est retrouvée morte dans le bois de Boisgervilly (Ille-et-Vilaine).
Magali offre la possibilité à l’auteur de parler d’un fait divers qui s’est déroulé dans le village où il a grandi et en partant de cette sordide histoire, il détricote à la fois son histoire personnelle, pour comprendre comment la vie de Magali a pu basculer. C’est l’occasion pour lui de redonner vie à Magali, et de se pencher sur ce féminicide aux ramifications complexes.
J’ai eu du mal avec la première partie trop longue, à mon goût. L’introspection de l’auteur ne m’a pas intéressée et m’a quelque peu dérouté. Il découvre que tous ses repères ont disparu, que le petit village est bien différent de celui de ses souvenirs, de ses bêtises et premiers émois.
La seconde partie, est plus animée avec l’affaire de Magali et ses tenants et aboutissants.
Le déroulé de l’intrigue est construit comme une enquête à la fois judiciaire et journalistique et cela donne au récit une dynamique très intéressante et le rend agréable à découvrir. Un peu comme l’envers du décor, où même si on connaît la fin, on a envie de savoir comment on en est arrivé à ce drame.
Finalement, l’auteur explique que l’histoire de Magali est un fait divers sordide, bien plus complexes qu’un simple meurtre, avec plusieurs coupables, des complices, il explique ces ramifications, et toute l’organisation mise en place pour de « débarrasser » de Magali. Les informations arrivent au fil de l’eau, parsemées d’entretiens et d’articles de journaux qu’il croise pour permettre d’avoir une vue d’ensemble du drame.
J’ai beaucoup moins apprécié le fait que l’auteur substitut les noms de ses amis ou connaissances par un trait de caractère ou physique : Pélican boiteux, Valky Rit, Pharma Stoïque…
C’est un livre qui plaire aux férus de faits divers, je suis quant à moi, curieuse de le découvrir en auteur de polars, mais il permet au moins de mettre en lumière les féminicides, bien trop souvent ignorés ou passés pour de simples faits divers.
L’histoire de Magali ne doit pas être oubliée, ni celles de toutes ces femmes.
https://julitlesmots.com/2024/08/23/rentree-litteraire-2024-magali-de-caryl-ferey/
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