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À l'ombre des hautes tours de l'église Saint-Sulpice règne Madame. Tailleur strict, chemisier blanc, broche ornée de petits brillants... on la dirait presque sortie de la messe de onze heures. Comme une mère supérieure, elle veille sur ses ouailles. Une éducation au Couvent des Oiseaux, ça aide pour tenir une des «maisons» les plus curieuses de Paris. Surtout quand Monseigneur vient spécialement y entendre une confession d'un genre particulier, ou y recevoir un juste châtiment. Madame Blandine mène l'Abbaye, comme on appelle son établissement, avec la poigne de fer d'une «abbesse» hors pair.Et elle a écrit, Madame Blandine, après la fermeture des maisons en 1946, quand elle a pris sa retraite sur la Côte. Elle a tout raconté, à sa manière chaste de pensionnaire modèle. Des cahiers entiers de souvenirs qu'elle a laissés à un commissaire de la Mondaine...
Confessions en maison close
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J'ai la nette impression que l'auteur mérite quand même une meilleure publicité. Peu lu, peu cité, je me fais une joie de vous présenter ici un de ses bons romans.
Alphonse Boudard est un de ces hommes "touche-à-tout" dont de multiples expériences de la vie ont fait le sel de ses écrits. Né dans les années 20, il bourlingue à droite à gauche, des séjours en prison, en sanatorium, il plonge dans le Paris populaire et observe tout ce petit monde.
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Madame de Saint-Sulpice est une sorte de témoignage interposé. Récupérant les mémoires de la taulière, Mme Blandine, tenancière d'une célèbre maison close parisienne. L'auteur, curieux comme un pou, fait une petite incursion dans cette maison en 1946, lors de la fermeture définitive.
Nous avons donc toute la vie de Madame Blandine, de son enfance à sa retraite. Presque cinquante années dont 25 en maison close.
Quelle verve, quelle gouaille! Une description minutieuse, quelquefois librement adaptée, d'un milieu fermé et très intime. De plus, l'Abbaye porte bien son nom puisqu'elle rassemble majoritairement des clients du clergé.
Le style employé est succulent. De l'argot parisien pure souche, mâtiné de termes ecclésiastiques, avouez tout de même que ça ne s'accorde pas tant que ça. Mais l'auteur a cette "patte" venue de la ruelle qui apporte l'authenticité.
Ca choque pas mal, on rigole beaucoup , très imagé également et c'est bien écrit. Le monde des proxénètes, gangsters, maquerelles, prêtres pervers est magnifiquement brossé. Il est évident qu'il n'est pas à mettre entre toutes les mains :)
Mais bien envie de découvrir d'autres romans du même acabit, j'aime beaucoup ce langage populaire.
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