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Lorsque Machenka parut en anglais en 1970, les lecteurs y apprécièrent surtout les échos du premier amour de Nabokov, la «Tamara» de son autobiographie récemment révisée, Autres rivages. Mais pour le public, ce n'était pas tant un récit autobiographique qu'un portrait de l'exil. Nabokov est ici l'observateur scrupuleux de la vie d'émigré. Situé en avril 1924, quand les Russes fuyaient Berlin en masse, le récit montre Ganine en train de se préparer vaguement à partir de la France. Alfiorov, qui vient d'emménager dans la chambre voisine de celle de Ganine, se prépare à accueillir sa femme, bloquée depuis des années en Russie soviétique, qui doit le retrouver dans six jours, et compte bien l'installer dans la chambre de Ganine. Ganine découvre alors que la femme d'Alfiorov n'est autre que Machenka, son premier amour, avec qui il avait goûté en 1915 tous les délices d'une radieuse passion de jeunesse, jusqu'à ce qu'un an après ils se perdent de vue. En entendant de nouveau son nom, Ganine est brutalement sorti de son engourdissement et revit dans sa mémoire toute la félicité du passé, avec une violence qui efface le présent. Ganine décide de quitter Berlin avec Machenka et, la veille de son arrivée, enivre un Alfiorov surexcité jusqu'à ce qu'il s'effondre inconscient. Il se dirige alors vers la gare pour être le premier à retrouver Machenka et l'escamoter ensuite...
L'histoire se déroule sur une courte durée, le temps d'une semaine où les habitants d'une pension pour réfugiés russes se côtoient et s'entraident. Ganine, personnage central m'a semblé un être distant et peu attachant. Ses humeurs et ses envies fluctuent tellement qu'il est difficile de cerner véritablement l'homme qu'il est. C'est grâce à quelques retours dans le passé du réfugié russe qu'apparaît la fantomatique Machenka...
Il m'a certes fallu un certain temps pour m'impliquer dans l'histoire, environ cent pages, mais j'ai terminé ce livre satisfaite de l'avoir lu. L'écriture est très imagée, poétique même, sans pourtant ressembler à celle des pays asiatiques où la métaphore est largement employée. Ce n'est pas véritablement une intrigue qui se joue ici, mais plus l'analyse psychologique d'un homme à un moment donné de sa vie.
C'est pour moi une découverte intéressante et enrichissante.
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