Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
«La peur était pour le peuple iranien une compagne de chaque instant, la moitié fidèle d'une vie. Les Iraniens vivaient avec dans la bouche le goût sablonneux de la peur. Seulement, depuis la mort de Mahsa Amini, la peur était mise en sourdine : elle s'effaçait au profit du courage.» Fin 2022, au plus fort de la répression contre les manifestations qui suivent la mort de Mahsa Amini, François-Henri Désérable passe quarante jours en Iran, qu'il traverse de part en part, de Téhéran aux confins du Baloutchistan. Arrêté par les Gardiens de la révolution, sommé de quitter le pays, il en revient avec ce récit dans lequel il raconte l'usure d'un monde : celui d'une République islamique aux abois, qui réprime dans le sang les aspirations de son peuple.
2022, l’auteur décide de suivre les traces de Bouvier et Vernet qui écrivirent leur voyage aux Balkans, en Iran, au Pakistan en 1953 dans un roman illustré « L’usage du monde », qui devient un livre de référence dès sa sortie en 1963.
Malgré les mises en garde du centre de crise des Affaires Étrangères français , François Henri Désérable atterrit a Teheran dans un avion où il est le seul étranger. Il relate le récit de son voyage de quarante jours en Iran (Téhéran) jusqu’à la frontière du Pakistan.
Dans un pays qui réprime les manifestations des Iraniens qui vivaient « avec dans la bouche le goût sablonneux de la peur. Seulement, depuis la mort de Mahsa Amini, la peur était mise en sourdine: elle s’effaçait au profit du courage »
Il fait du stop et dort dans des auberges de jeunesse, ce qui donne à ce livre un goût de vérité, ils rencontrent des gens très variés et beaucoup de jeunes remontés qui sont en opposition contre le gouvernement.
Il fait une provision de « bleu » pour le restant de ces jours en visitant la mosquée du Shah.
Il contre les Gardiens de la révolution en ne gardant aucunes photos, messages et contact car il a un visa de touriste.
« La peur est l’arme la plus sure du pouvoir. Mais depuis peu la peur, on l’a dit, se voyait damer le pion par le courage » p30
J’ai lu ce livre pour un bookclub dont le thème était Road Trip est je n’ai pas regretté car c’est une immersion dans ce pays ou le courage est de toute les ambitions.
Mais qu’allait-il donc faire dans cette galère ? Car, oui, il faut être un peu barré, fêlé, piqué, pour se rendre en Iran fin 2022, et ce malgré les mises en garde alarmistes du ministère des Affaires étrangères.
Rappelez-vous : la répression à cette époque était terrifiante car la population osait manifester dans la rue après la mort de Mahsa Amini. Mort absurde après son arrestation pour avoir mal mis son voile islamique.
Oui mais voilà, ce voyage prévu de longue date avait été reporté à cause du Covid et François-Henri Désérable avait des fourmis dans les jambes. Il part donc, à la rencontre des iraniens de la rue et de leur culture. Il marche aussi sur les traces de cet écrivain voyageur qui l’a tant fasciné : Nicolas bouvier. « L’usure d’un monde » vient en écho à « L’usage du monde » que Bouvier avait publié en 1963.
Que de changements depuis cette date, François-Henri Désérable ne cesse de nous les montrer. Si certains paysages restent immuables, la vie n’est plus la même dans ce pays de tous les dangers. Même parler avec ses habitants est risqué, on peut les mettre en danger tant la parole a été bâillonnée.
On ne peut qu’être fasciné par le courage de ce peuple qui, malgré la dureté de la répression, continue de manifester ou d’exprimer sa désapprobation. François-Henri Désérable a su croquer sur le vif ces rencontres, ces portraits de gens courageux qui veulent encore espérer en l’avenir. Quelle leçon de courage ! Car les enlèvements, les emprisonnements arbitraires et la torture, les viols, les condamnations à mort sont monnaie courante dans ce pays livré aux mollahs.
Certains comme Amir, n’hésitent pas à confier à ce français de passage qu’ils n’espèrent qu’une chose : la mort du guide Suprême Ali Khamenei.
Un autre aura sa propre explication : "Le problème, je vais vous dire, c’est que vous avez d’un côté un peuple déterminé à chasser du pouvoir un régime corrompu, et de l’autre un régime corrompu déterminé à s’y maintenir".
Il y a aussi cette culture raffinée, si différente de la nôtre, où la politesse est si importante. Il y a ces pratiques qui nous étonnent comme le sigheh qui est un mariage temporaire, ce que l’on peut trouver étrange dans un pays aussi rigoriste.
C’est un voyage plein d’aléas, car la surveillance est partout, et on peut être arrêté, expulsé à tout moment. Malgré ces risques François-Henri Désérable va sillonner le pays, du Kurdistan au Baloutchistan, pendant cinq semaines, multipliant les rencontres avec les habitants mais aussi les rares étrangers baroudeurs qui continuent de venir en Iran. En début d’ouvrage, une carte permet de se situer dans cet immense pays.
François-Henri Désérable n’hésite pas à se perdre, changer ses plans pour mieux se retrouver dans l’aventure., fidèle aux préceptes de Nicolas Bouvier qui disait :
« En route, le mieux c'est de se perdre. Lorsqu'on s'égare, les projets font place aux surprises et c'est alors, mais alors seulement que le voyage commence. »
Mon seul regret, c’est que l’évocation du grand voyageur Nicolas Bouvier reste assez sommaire. Il aurait pu prendre un peu plus de place dans ce récit qui est, somme toute, assez court.
Reste la tragique évocation d’un peuple opprimé mais qui continue d’espérer. Chapeau bas, l’ami, pour ta folie créatrice qui m’a ravie.
Sans doute fallait-il une bonne dose de déraison pour, en dépit des avertissements, s’aventurer en Iran fin 2022, alors que le pays, en pleine implosion après la mort en détention de Mahsa Amini, faisait face à la féroce répression du régime islamique. Mais François-Henri Désérable désirait depuis longtemps marcher sur les traces de son modèle Nicolas Bouvier, l’écrivain-voyageur dont le livre L’usage du monde, devenu la référence de la littérature de voyage, relate le périple en Fiat Topolino, dans les années cinquante, de Belgrade à Kaboul en passant par l’Iran. Alors, une pandémie de Covid et l’obtention d’un visa plus tard, rien ou presque n’aurait pu retenir notre homme de s‘élancer enfin, à son tour, dans sa traversée de l’Iran.
Pendant cinq semaines donc – une de moins que prévu puisque, arrêté après quarante jours par les Gardiens de la révolution et sommé de quitter illico le territoire, il doit obtempérer pour éviter le pire –, son road-trip en bus et en auto-stop lui fait parcourir la majeure partie du pays, du Kurdistan au Baloutchistan, à la frontière pakistanaise. Son but en voyage n’étant « pas tant [de] s’émerveiller d’autres lieux », mais d’« en revenir avec des yeux différents », c’est de rencontres qu’il emplit son carnet de route, formant peu à peu, au travers d’une ample galerie de personnages, le portrait d’un pays arrivé au point de non retour où la colère l’emporte sur la peur. Du nord au sud, d’est en ouest, alors que la répression contre les manifestations se déchaîne et que les milices du régime sont partout à exercer leur surveillance de tous les instants, l’auteur ne croise, à une exception près, que des habitants aspirant à la chute de l’ayatollah Ali Khamenei et de son gouvernement exécré. Aucune trace d’antiaméricanisme, pas de place démesurée accordée à la religion, mais un monde assoiffé de libertés, usé par une économie à bout de souffle, une inflation galopante et une monnaie en perdition. Et toujours et partout, le jour ou la nuit, d’une terrasse d’immeuble ou d’une voiture dans la rue, malgré la peur et le danger, le même cri repris en écho : « Marg bar dictator ! – « Mort au dictateur ! »
« Le problème, je vais vous dire, c’est que vous avez d’un côté un peuple déterminé à chasser du pouvoir un régime corrompu, et de l’autre un régime corrompu déterminé à s’y maintenir. Et les hommes qui composent ce régime ne reculeront devant rien, croyez-moi. Mais nous non plus. Et le bruit de leurs balles aura bien du mal à recouvrir celui de nos voix. » Et l’interlocuteur rencontré au hasard d’enchaîner sur le terrifiant décompte des morts, avant de conclure par ce slogan répété partout dans le pays : « derrière chaque personne qui meurt battent mille autres cœurs. » Témoin de tous ces petits actes de résistance anonyme qui, comme les ruisseaux font les grandes rivières, contribuent, chacun à leur façon, à ce qui apparaît désormais comme une inéluctable révolution, François-Henri Désérable s’interroge sur les notions, au plus près de l’ordinaire, de courage et de peur. Empli de mélancolie par la certitude de n’être pas près de retourner de sitôt en Iran, conscient qu’il ne saura jamais ce que deviendront tous ces gens croisés l’espace d’une conversation, il quitte ce pays en train de secouer quarante-trois ans de terreur avec le sentiment d’avoir traversé les dernières heures d’un monde usé de toute part. Un monde qui, en tous les cas, n’a plus grand-chose à voir avec celui qu’a pu connaître Nicolas Bouvier, il y a seulement soixante-dix ans. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve… Puisse un prochain voyageur, dans un Iran qui aura réussi son renouveau, bientôt s’en réjouir !
Il avait lu Bouvier, il avait adoré, il était parti. Où ça ? En Iran ! Non ? Si ! Mais il est complètement cinglé ! Il est jeune.
Alors là franchement, moi, la trouillarde qui rêve de traverser le monde, j’ai lu ce texte complètement éberluée par la candeur, l’insouciance, l’irresponsabilité de ce jeune gars aux allures de dandy, traversant un territoire où tu as quasiment cent pour cent de risques de te faire arrêter, mettre en taule et de ne jamais revoir le jour (il part fin 2022, donc peu de temps après la mort de Mahsa Amini!)… Ben, lui, pas de problème, il y va, discute avec les uns, les autres, fait des photos, des vidéos (bon d’accord, il les envoie aux copains français et les supprime sur son portable mais pas toujours à temps...), rencontre une multitude d’opposants au régime (faut dire, c’est à peu près la totalité de la population.) C’est incroyable. Quel courage quand même ! J’ai lu ce texte en tremblant pour lui. Et dire qu’il a vu des paysages qu’on ne verra certainement jamais. Un peu comme ces grands voyageurs du XVIe siècle qui décrivaient des terres que personne ne connaîtrait. Des lieux somptueux. Je passais mon temps à aller voir sur Google Map à quoi ressemblaient des villes comme Ispahan (ce nom me fait rêver), Keshit ou Kashan… Je me suis fait mon petit voyage moi aussi… Bien tranquille dans mon lit, j’ai traversé le désert (oh l’évocation de ce routard paumé en plein désert sans une goutte d’eau…), j’ai été éblouie par le bleu des mosaïques d’Ispahan, j’ai traîné la nuit dans les rues vides de Yazd… Mais surtout, surtout, à travers le récit de Désérable, j’ai découvert des gens, des gens courageux, prêts à mourir pour la liberté : c’est Firouzeh qui crie « Femme, Vie, Liberté ! », « A bas le dictateur ! », « Khamenei assassin ! », c’est toujours Firouzeh qui apprend des poèmes au cas où elle serait arrêtée et privée de tout. Au moins, elle aurait ses poèmes et personne ne pourrait les lui enlever. Ce sont ces femmes qui laissent flotter leurs cheveux au vent tout en sachant ce qu’elles risquent. Sur Internet, je suis allée voir Khodanur Lojei danser. Comme il est beau quand il danse… Et bien sûr, Mahsa Amini, dans tous les esprits, dans tous les coeurs… Je me souviendrai toujours du cri de Niloofar dans la nuit de Téhéran : « Mort au dictateur » et de l’écho, ce bel écho qui traverse la ville. Et toutes ces voix qui n’en peuvent plus de vivre cette terrible dictature où l’on n’hésite pas à tirer sur la foule pour faire taire ceux qui veulent parler.
Et notre François-Henri, qui sans jamais se départir de son humour (bon je sais bien, il l’a écrit après, le bouquin, mais quand même ) (la fin du récit est complètement sidérante…) va d’une ville à l’autre en bus, en stop, en train, regarde, écoute, analyse… Tel un Candide des temps modernes, il s’étonne, pose des questions, se documente, raconte. Il n’est pas un spécialiste de l’Iran et c’est tant mieux. On apprend avec lui, il nous embarque comme un copain avec qui on se marre bien (c’est vrai, il a toujours le mot pour rire même dans les pires situations et un immense sens de l’observation...)
Bon, il est revenu, c’est le principal (je parle comme si j’étais sa mère !) et il nous offre là un texte incroyable, tellement riche ! Un vrai voyage ! J’ai vraiment l’impression d’avoir découvert un pays et son peuple… Surtout, ne vous en privez pas !
LIRE AU LIT le blog
Beau et vrai témoignage sur la vie actuelle en Iran. Le texte me touche particulièrement ayant pu visiter ce pays par deux fois lors d'un court réchauffement diplomatique avec l'Occident. Les gens aussi bien que les lieux sont décrit justement avec leur intelligence, leur courage et leur gentillesse pour les premiers, leur culture et leur raffinement pour les deux. En lisant j'ai ressenti exactement l'ambiance vécue là-bas. Une pensée pour Ramin, Mohammad, Niloofar, Ila et les autres...
“L’Iran n’est pas un État de droit, monsieur Désérable. Renoncez à votre voyage. Le risque d’arrestation et de détention est très élevé, vous m’entendez, très, très élevé.”
Qu’à cela ne tienne, ce voyage, il doit le faire. Depuis sa lecture de L’Usage du monde, il veut glisser ses pas dans ceux de Nicolas Bouvier, “un sorcier de la route” qui a parcouru l’Iran il y a près de soixante-dix ans et qui en est revenu avec un roman devenu célèbre.
Il va sans dire que l’Iran de 2022 n’a plus grand-chose en commun avec celui de Nicolas Bouvier. Cette année-là, Mahsa Amini est arrêtée pour “port de vêtement inapproprié” et battue à mort. Le meurtre d’une jeune fille innocente : juste ce qu’il faut pour faire basculer un peuple de la peur au courage. “Partout en Iran, des femmes, cheveux au vent, une pierre à la main, prêtes à défier le régime.”
Sur les traces de son prédécesseur, François-Henri Désérable sillonne le pays
de ville en ville. Téhéran, où la prison d’Evin est surnommée l’Université d’Evin tant elle compte d’étudiants dans ses cellules - “une université avec une seule matière au programme : la torture.” Zahedan et son massacre méconnu : quatre-vingt-seize morts en un jour.
Le désert, indescriptible : “il doit y avoir comme ça quelques paysages seulement faits pour être vus.” Ispahan et ses sublimes carreaux de faïence, où l’on peut “faire provision de bleu pour le restant de ses jours.” Et partout, des slogans scandés malgré le risque de peine de mort : “Femme, Vie, Liberté.”
En quarante jours, il en fait des rencontres. Des étrangers, étonnamment : un Afghan au corps bodybuildé, un Allemand au cœur brisé, un Indien qui donne des cours d’allemand. Mais surtout, beaucoup de locaux qui confirment l’hospitalité vantée par Nicolas Bouvier avant lui : “cette disposition de cœur et d’esprit que l’on prête aux Iraniens.”
Une carte pour nous guider, quelques photos pour nous intriguer, de l’autodérision et de la poésie à chaque page, une empathie immense pour ce peuple en souffrance et pour ce pays “d’une beauté à vous soulever de terre” : il fait bon voyager aux côtés de François-Henri Désérable, même dans un monde usé.
L’usure d’un monde
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Partir seul en Iran, quelques semaines à peine après les soulèvements populaires nés de la mort de Maha Amini, voilà le pari fou de François Henri Désérable en cette fin 2022. On pourrait le taxer d’inconscience ou de prise de risque inutile, mais ce n’est finalement qu’un hasard de calendrier qui décida de ce voyage, plusieurs fois reporté pour cause de Covid ou d’actualité littéraire. Un voyage planifié pour suivre les traces de Nicolas Bouvier décrites dans « L’usage du monde », lu à 14 ans et devenu sa Bible et son Evangile, et qui lui donna l’envie de « passer la moitié de ses jours en ce monde à le voir, et l’autre à l’écrire ». Un voyage d’où il retiendra des rencontres, Niloofar, Firouzeh, Ali ou Amir. Des iraniens qui lui feront comprendre le sens du mot courage dans un pays où toute contestation est sévèrement réprimée. Des rencontres touchantes ou improbables, des Afghans, des indiens ou de rares européens qui en disent long sur la diversité de ce pays méconnu. Pendant quelques semaines, il va traverser ce pays usé par trop de répressions, usé de subir un régime d’un autre âge, usé de voir sa jeunesse étouffée alors qu’elle est avide de changement. De Téhéran à Ispahan, de Chiraz à Keshit, du Baloutshistan à l’Azerbaidjan, il va aller à la rencontre de ce peuple chaleureux, avec toujours au ventre la peur des bassidji, les bras armés des Gardiens de la Révolution. Un voyage qui nous donne envie à sa suite de scander « Femme, vie, liberté » en hommage à ces vraies résistantes.
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Je lis peu de récits et pourtant j’ai dévoré ce livre, passionnant d’un bout à l’autre. Et j’ai réalisé qu’en dépit de la lecture de quelques romans, je savais finalement très peu de ce pays. Je connaissais son histoire contemporaine tragique, mais j’étais finalement victime de l’effet de loupe si bien décrit par l’auteur et que je connaissais finalement peu son peuple. C’est finalement un immense courage que je reconnais à François Henri Désérable pour avoir accompli ce périple et avoir promené un miroir le long de son chemin pour nous en rapporter ce superbe récit. Il le fait avec humilité, s’effaçant toujours derrière ses hôtes, avec objectivité, donnant la parole à chacun, quelles que soient leurs croyances ou leurs opinions, avec humour aussi, comme lorsqu’il décrit le «ta’ârof », forme de courtoisie raffinée, degré suprême de la délicatesse ou déférence exagérée voire rite hypocrite, ou encore les mariages éphémères dont je vous laisse découvrir l’intérêt.
« Si l’on voyage, ce n’est pas tant pour s’émerveiller d’autres lieux : c’est pour en revenir avec des yeux différents». Mission ô combien réussie, car cette lecture a complètement changé ma vision de ce pays. Au-delà du portrait d’un pays, c’est le portrait d’un peuple admirable qu’il m’a donné à voir. Un peuple qui vit dans la peur, mais qui résiste et qui lutte. Un peuple accueillant, ouvert et curieux. Un peuple courageux dont le cri résonne comme un écho et ne faiblit pas. Ce récit ne serait pas aussi fort, enfin, sans la plume merveilleuse de l’auteur. D’une apparente simplicité, elle est remplie de poésie et d’un réel humanisme, et elle nous transporte, grâce à son acuité à saisir l’instant, à retranscrire une ambiance, dans ces paysages incroyables et cette culture millénaire. Ainsi, un visionnage de match de foot, une visite au bazar, ou une scène de fiançailles prennent un relief incroyable et deviennent inoubliables.
Je ne résiste pas à vous livrer une dernière phrase, répétée telle un mantra au fil du voyage :
« Derrière chaque personne qui meurt, battent mille autre cœurs »
Puisse t-on ne jamais l’oublier quand l’actualité nous relate les meurtres de ce régime que l’on espère voir tomber.
Pour rendre hommage à l’écrivain voyageur qu’il admire tant, François-Henri Désérable décide de se rendre en Iran. Il en ramène un récit de voyage d’autant plus passionnant que ce pays est loin d’attirer les touristes, que son voyage se situe au plus fort des manifestations des femmes contre le port du voile obligatoire et qu’aucun journaliste n’était sur place pour témoigner !
L’usure d’un monde : Une traversée de l’Iran transporte dans un des pays les plus fermés au monde aux vestiges de l’Antiquité méconnus et à l’architecture religieuse grandiose.
L’usage du monde est le récit de voyage de Nicoles Bouvier (1929-1998) écrivain, et Thierry Vernet, peintre, partis en 1953 de Suisse pour rejoindre le Japon en voiture. Le voyage dura quatre ans, mais le livre raconte leurs deux premières années. Publié au départ à compte d’auteur, le livre attira de plus en plus de lecteurs curieux par le type de voyage et les pays traversés. À 23 ans, pour Nicolas Bouvier, ce voyage fut une “respiration”, et un “catalyseur” pour se découvrir.
François-Henri Désérable, lui, est arrivé à Téhéran par avion, le ministère des Affaires étrangères lui déconseillant de maintenir son séjour. Partant sur les traces de Bouvier, il partage les détails, les rencontres et ses observations sur cet Iran et ses merveilles.
L’usure du temps : Une traversée de l’Iran est un petit bijou de découvertes d’un pays que nous ne connaîtrons pas, de personnes que nous ne rencontrerons pas mais dès le livre refermé font désormais partie de notre univers.
Car, comment oublier l’écho de Téhéran, le « Zan, Zendegui, Azadi » (Femme, Vie, Liberté) et la chanson de Shervin Hajipour, mais aussi le mariage temporaire au gré des envies sexuelles (pour les hommes, bien sûr), la vision d’une lapidation racontée lors d’une rencontre et la politesse iranienne, etc.
François-Henri Désérable témoigne aussi d’une révolution, maintenant maîtrisée dans le sang, d’une colère, devenue aujourd’hui plus discrète, mais, la rage ne peut s’étouffer mème si la police des mœurs sévit de nouveau en Iran. Mais, comme les Iraniens ne cessaient de le répéter ” Derrière chaque personne qui meurt battent mille autres cœurs.”
Avec beaucoup de plaisir, j’ai découvert ce récit de voyage de François-Henri Désérable, qui au-delà du témoignage, invite au plaisir de découvrir et la joie de connaître !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/07/24/francois-henri-deserable-2/
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Hello @Florence: Merci pour cette merveilleuse chronique qui achève de me convaincre à lire ce chef-d'œuvre d'urgence. À vrai dire, il est dans ma pile à lire depuis un petit moment mais là c'est sûr ! Bien à vous :-)