"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ils sont trois, une femme et deux hommes. Alors qu'il est toujours plus difficile d'accéder à l'emploi au sortir de ses études, ces trois personnages banals et sans liens apparents se voient proposer un travail à l'Usine.
L'Usine, un gigantesque complexe industriel de la taille d'une ville et qui s'étend à perte de vue, jusqu'aux montagnes environnantes. C'est là qu'ils vont désormais travailler, à des postes pour le moins curieux : l'un d'entre eux est chargée d'étudier des mousses pour végétaliser les toits, un autre relit des écrits de toutes sortes et les corrige. La dernière, elle, est préposée à la déchiqueteuse, et passe ses journées à détruire des documents. Très vite, la monotonie et l'absence de sens les saisit, mais quand on n'a pas le choix car il faut bien gagner sa vie, on est prêts à accepter beaucoup de choses... Même si cela implique de voir ce lieu de travail pénétrer chaque strate de leur existence ?
Dans une ambiance kafkaïenne où la réalité perd peu à peu de ses contours, et alors que d'étranges animaux commencent à rôder dans les rues, les trois narrateurs se confrontent de plus en plus à l'emprise de l'Usine.
Hiroko Oyamada livre un roman sur l'aliénation au travail où les apparences sont souvent trompeuses.
L'Usine m'a captivé tant par les thèmes abordés que par sa structure.
L'auteur avec beaucoup de subtilité aborde la déshumanisation des rapports humains sur le lieu de travail et l'absurdité des tâches accomplies sans finalités. Les descriptions épurées renforcent cette ambiance angoissante où rien ne fait sens. L'apparition des oiseaux est l'élément irrationnel qui nous rappelle qu'un monde ainsi construit ne peut pas fonctionner, ils viennent remettre en question cet univers lisse qui n'a pas de prise sur eux.
Nous suivons plusieurs narrateurs dans cet univers où Kafka et Orwell rodent dans les environs. Mais la construction du récit m'a un temps donné l'impression d'une narration en plusieurs nouvelles, un peu comme les chroniques martiennes de Bradburry, qui rendent compte d'un nouvel environnement.
Un ouvrage original que je ne peux me résoudre à dénommer roman car chacun des chapitres mets en scène chaque narrateur dans des situations ineptes et pourraient se suffire comme récit.
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