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Nul n'ignore le nom d'Alfred Dreyfus, ce jeune officier juif victime d'une machination d'Etat qui l'accuse à tort de haute trahison, le condamne à la dégradation et la déportation en Guyanne. Mais qui connaît Lucie Dreyfus, la femme du capitaine ? Pourtant son rôle dans cette tragédie fut vital. Sans elle, Dreyfus serait vraisemblablement mort, terrassé par le déshonneur, la relégation, la folie, l'enfer climatique de l'Ile du Diable.
Il serait mort trop tôt, sans laisser à l'Affaire le temps de devenir ce scandale d'Etat qu'elle fut et aux intellectuels le temps de faire triompher la justice républicaine. Mais Lucie le somme de vivre et va durant ses quatre années de bagne le tenir à bout de bras à travers les lettres qu'elle lui envoie, puis le soutenir jusqu'à ce qu'il recouvre son honneur. L'auteur a mené l'enquête de Tel Aviv à la Suisse.
Elle a découvert une correspondance jamais publiée entre Lucie Dreyfus et Hélène Naville, amie suisse, protestante et dreyfusarde au coeur de l'affaire, et récupéré de nombreuses photos de famille. L'ouvrage comportera ainsi en ouverture un cahier de documents visuels : photos, portraits et facsimilés de lettres. Elisabeth Weissman a construit son récit sur l'Affaire mais aussi après, dans la tourmente des années sombres qui vont suivre.
Parce que Lucie Dreyfus, française et juive, aura tout vécu des drames de cette première moitié du XXe siècle.
Certes, le destin de Lucie Dreyfus ne peut qu'inspirer le respect. Sa foi inébranlable en l'innocence de son mari et sa volonté farouche de défendre envers et contre tout les valeurs de la justice et de l'honneur sont exemplaires.
L'ouvrage d'Elisabeth Weissman est extrêmement documenté et précis. Il nous fait suivre les évènement qui entourent cette “Affaire” avec détails et acuité. L'auteur ne manque pas de resituer le contexte social, politique et judiciaire qui entourait les faits de ce qui a été la plus grande erreur judiciaire de la France.
La maîtrise de “la femme du capitaine”, sa retenue, son engagement total, la force de ses sentiments, de son caractère, de son sens du devoir transparaissent dans les pages de ce document.
Le martyre enduré par Alfred Dreyfus est ici bien explicité. La seule “arme” à disposition de sa femme pour tenter de le lui alléger, pour tenter de le maintenir vers la vie, de lui insuffler force et courage aura été son courrier, leur correspondance. Cette relation épistolaire est captivante, par tout ce qu'elle contient et signifie.
Ce livre est instructif, et par bien des aspects, édifiant.
Cela dit, sa forme académique et historique, les longueurs et nombreuses répétitions, les innombrables rappels en bas de page en ont rendu la lecture assez rébarbative et fastidieuse.
C’est avec un a priori que j’ai commencé ce livre. J’appréhendais un livre dense, didactique, regorgeant d’informations, de faits complexes et techniques.
Or, c’est un tout autre type de récit que j’ai découvert : l’auteure a su, tout en nous relatant avec précision et clarté l’Affaire dans son caractère historique et juridique, nous éclairer sur l’aspect humain et mettre en lumière une femme, Lucie. A travers elle, c’est tout un monde que nous découvrons, indissociable de l’époque de la III ème République et de ses méandres et rebondissements. Nous faisons la connaissance d’une femme admirable par son courage et sa dignité, ancrée dans son siècle et dans sa classe avec toutes les contradictions que cela implique.
Son rôle déterminant dans la survie et la réhabilitation de son mari forcent le respect. De par son caractère, elle n’aurait certainement pas jugé opportun d’écrire un livre sur son histoire mais c’est tout de même un très bel hommage qui lui est rendu par cet ouvrage passionnant qui se lit comme un roman. Lucie nous est sympathique et devient au fil des pages une connaissance.
Même s’il aura fallu du temps, elle aussi aura eu droit à sa « réhabilitation » au sein de l’Histoire…
Ouvrage extrêmement bien écrit et maîtrisé, "Lucie Dreyfus, la femme du capitaine" est probablement un des meilleurs livres que j'ai lus ces derniers mois. Si l'affaire Dreyfus est généralement connue de tous, très peu a été écrit sur Lucie et sur son rôle majeur dans le soutien ainsi que la réhabilitation de son époux. Au moment du coup de tonnerre qui va bouleverser à jamais leur vie, le couple Dreyfus a deux jeunes enfants et est installé dans une vie heureuse et apaisée. Lucie est fière de son mari et, à 25 ans, s'épanouit en épouse et mère. A l'annonce de l'arrestation d'Alfred, et tout au long du combat qui s'ensuit, Lucie fera preuve d'une impressionnante force morale et d'une stabilité émotionnelle époustouflante. Le principal apport de l'ouvrage d'Elisabeth Weissman, c'est la mise en avant de la correspondance de Lucie, à la fois des lettres échangées avec son époux mais aussi celles échangées avec son amie fidèle Hélène Naville. Lucie somme son mari, dès le début de l'affaire, de survivre: elle passe un pacte avec lui "Vis pour moi, mon chéri, je t'en conjure". Par les lettres qu'elle lui envoie, elle le met sous perfusion (d'amour, d'énergie, d'espoir), lui enjoignant de vivre quand il dit que ses forces l'abandonnent. Du fond de son île cachot en Guyane, Lucie réussira à lui faire jouer son rôle de père, en l'informant des soucis que lui causent le caractère de leur fils aîné et lui demandant conseil pour corriger son tempérament. Prouesses qui raccrochent Alfred à la vie et lui épargnera la folie qui le guette tant les conditions de son emprisonnement sont dantesques. Mais Lucie œuvre également activement à la réhabilitation de son époux, aux côtés de Mathieu, son beau-frère, et de l'ensemble des "dreyfusards". Elle suit les soubresauts de l'enquête, et est aux premières loges des différents évènements clés de cette affaire qui laissera une tache indélébile sur l'histoire de la IIIe république.
Livre ô combien essentiel de lire, l'ouvrage d'Elisabeth Weissman est une plongée dans l'intime de l'affaire Dreyfus, au ton fort et à l'écriture nerveuse. Chaque page nous fait ressentir l'engagement farouche de l'auteure, dont on ressent l'admiration pour Lucie. Les pages consacrées au cadre politique et sociétal de l'époque sont précieuses et témoignent de l'approche très "complète" menée par l'écrivaine. Lecture chaudement recommandée.
https://lorenaisreadingabook.wordpress.com/
A première vue, c'est une lourde biographie que celle de Lucie Dreyfus.Parce qu'à la « belle Epoque », les femmes n'avaient pas ou peu d'autonomie, et suivaient les conseils des pères et maris.
C'est aussi le cas de Lucie qui fera un mariage d'amour, accepté par sa famille avec Alfred Dreyfus, jeune polytechnicien.Lucie est issue d'une famille de la grande bourgeoisie israélite intellectuele , et se comportera toute sa vie avec dignité, fierté et bienveillance, inculquées dès son enfance.
A la fin du X IXième siècle, l'assimilation des juifs dans la société française, pour réelle qu'elle soit, n'en est pas moins fragile. Or cette fragilité est aussi celle de la IIIième République , qui va laisser perpétrer un crime d'Etat contre Dreyfus.
En effet, le gouvernement va mal, le ministre de la guerre , en difficulté , s'apercevant qu'un traître donne des renseignements à l'Allemagne , choisit , c'est le mot comme coupable A. Dreyfus.
L'affaire commence en décembre 1899 et se terminera par une réhabilitation à minima en 1906.
Et c'est toute cette période qu'Elisabeth Weissman retrace autour de la correspondance de Lucie. Cette jeune femme, effacée mais déterminée,va faire un pacte avec son mari, elle l'abjure de vivre et de supporter les abominables sévices qu 'il devra endurer. Avec ses parents, son beau-frère Matthieu, sans jamais faillir et dans l'ombre ,elle réussira à ce qu'un procès en appel ait lieu, se sera à Rennes ,et le verdict terrible aussi, mais l'ayant sorti de prison, mourant , là aussi sans relâche, elle lui fera reprendre des forces.
Plus tard, avec des moyens conséquents ils reprendront une vie sociale brillante et très cosmopolite.A.Dreyfus meurt en 1938 à l'âge de 75ans , et Lucie , en 1945 en ayant repris le nom d'épouse de sa sœur « Duteil »La guerre n'épargne pas sa famille, jusqu'au bout elle reste digne.
Dans cette bio , fort détaillée, on trouve des photos, des fac-similae des lettres de Lucie. Mais surtout, hormis » l'Affaire » on en apprend beaucoup sur les mœurs domestiques de l'époque et jusqu'où peut aller la démesure humaine, ici contrée par la volonté d'une femme aimante.
Cet essai sur Lucie Dreyfus est très intéressant. Au-delà des dernières informations sur l’affaire car l’auteur fait référence aux travaux historiques, sociologique récents sur l’affaire. Elle nous dresse un beau portrait de femme. En effet, on voit évoluer la femme derrière l’homme, on découvre sa famille et surtout les liens qui vont unir les 2 époux au-delà de l’adversité. Ce lien va être maintenu par les nombreuses lettres qu’ils vont s’écrire pendant 5 ans. Des pans de leurs correspondances, des photos sont aussi présentés au début du livre. La correspondance de Lucie permet de comprendre ses envies, espoirs, l’importance qu’elle accorde à l’honneur et sa foi dans la République. Sa volonté de maintenir son mari en vie, de le perfuser de son amour pour qu’il tienne comme le dit l’auteur. C’est donc avant tout une formidable histoire d’amour qui nous est contée.
En parallèle, une analyse de la place des femmes, de l’antisémitisme de l’époque et des mécanismes de cette horrible erreur judiciaire est analysée. L’auteur explique les motivations, raisons de cette machination, détaille les conditions du procès, la détention de Dreyfus. Elle fait renaitre de ses cendres cette époque du début du siècle, les luttes de pouvoir, la toute puissance de l’armée. Mais le récit remet en avant les hommes, l’histoire de la famille Dreyfus qui incarne le combat pour la justice, l’honneur la liberté et qui réussit à garder son humanité malgré toutes les attaques et la volonté de briser Alfred. La description sur l’île du Diable et ce mini camp de concentration, cette logique pour déshumaniser et faire mourir seul et de folie Dreyfus préfigure la solution finale. Mais c’est aussi la violence aveugle, la bêtise, la lourdeur de l’administration qui est aussi dénoncée.
Les mots courage, honneur, droiture, amour incarnent pleinement nos deux héros, car ils deviennent des héros à travers cette épreuve, arrivant à dépasser leur conditions, les obstacles et à tenir pour rétablir l’honneur de leur nom. Les questionnements sur la justice, l’antisémitisme, le pouvoir de nuisance des médias sont cruellement d’actualité.
L’alternance entre les mots des acteurs de l’affaire, d’historien et de l’auteur donne une grande force au récit. L’auteur met en avant leur humanité dans ce moment exceptionnel qui va dépasser leur histoire. C’est un beau témoignage de courage qu’elle donne à voir. La langue à la fois mordante, romantique, sociologique, historienne de l’auteur donne de la force à cet essai. Elle ne tombe pas dans l’encyclopédisme, ni dans l’anecdote, elle ne se sert pas de l’histoire des Dreyfus mais leur restitue leur vie, leur nom. Elle a d’ailleurs eu accès à des lettres inédites et des témoignages de la famille qui donne un éclairage intime à l’Affaire.
Le carcan des clichés sur les femmes ; la peur du féminisme sont aussi évoqués à travers le portrait de certaines dreyfusarde et de l’attitude de Lucie. J’ai aimé ce récit qui alterne grande et petite histoire pour montrer qu’elles n’en font qu’une. J’ai aimé qu’elle dépeigne Lucie dans sa force de caractère et ses faiblesses, son refus de se présenter comme héroïne, sa volonté de rester à sa place dans la sphère privée. Il n’y a pas de voyeurisme mais les cris du cœur de 2 êtres comme vous et moi pris dans un piège qui les dépassent, condamnés pour ceux qu’ils représentent et pas pour ce qu’ils sont, innocents et décider à résister jusqu’au bout. Ce qui est étonnant c’est qu’ils ne renieront jamais la République, les valeurs qu’elle incarne, ils sont intimement persuadés que la vérité triomphera. C’est donc un bel hommage à la République et ses valeurs qui même si certains les bafouent doit être protégée et défendue, sans renoncer à ses droits.
La fin du récit évoque l’après la bataille pour la réhabilitation, la mort des soutiens dont Zola, la boucherie de la Grande Guerre et les ravages de la 2nde. Lucie se consacre aux œuvres de charité et a parfois une attitude réactionnaire vis-à-vis des émigrés juifs de l’Est. Elle ne prend pas la mesure comme les contemporains de l’époque de l’horreur Nazie même quand une de ses petites filles est déportée.
Un destin qui traverse l’histoire, emblématique à la fois de son temps dans son rapport à son mari, sa famille, sa position sociale. Et pourtant représentative d’un combat pour des valeurs des Lumières qui sont toujours cruellement d’actualité. Alors découvrez cette figure méconnue et rendez justice à Lucie
http://eirenamg.canalblog.com/archives/2015/12/31/33141879.html
Voici l'un des grands scandales de notre histoire racontée au travers du prisme de sa femme, la peu connue Lucie Dreyfus. L'histoire est donc celle d'Alfred Dreyfus, cet officier juif qui fut accusé de haute trahison en 1894 et dont l'injustice souleva les hautes sphères intellectuelles les unes contre les autres. Elisabeth Weissman nous raconte son histoire à travers celle de la France.
En commençant par des photos et des lettres, Elisabeth Weissman prend un parti que nombre d'essayistes négligent. Souvent présentées comme annexes, les photos perdent de leur importance. Au contraire, dans Lucie Dreyfus, la femme du capitaine, les lettres et les photos nous mettent directement dans l'ambiance et nous présente celle que l'on suivra tout au long du livre. Discrète, humble et combative, Lucie Dreyfus est discrète mais déterminée. Epaulée par le frère du capitaine Dreyfus, Mathieu, qui attirera à lui toute la lumière de l'affaire, Lucie Dreyfus est aujourd'hui entièrement réhabilitée par Elisabeth Weissman qui offre aux lecteurs la vision féminine de l'histoire. Lucie Dreyfus, horrifiée par l'injustice, continue pourtant à garder sa place et tient à bout de bras son mari qui se meurt au bout du monde à grand renfort de lettres, de littérature, d'amour, de tendresse, de volonté et de puissance.
Le récit est poignant, éminemment documenté et dépeint le portrait d'une femme pas comme les autres : conservatrice mais précurseuse du féminisme, mère mais parfois plus amante, amoureuse et raisonnable mais luttant sans arrêt pour que justice soit faite.
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