"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La première guerre mondiale a beau, comme son nom l'indique, être mondiale, les récits que l'on trouve en France sur cette guerre tournent toujours autour des mêmes événements, lieux et acteurs. J'ai vraiment apprécié changer de point de vue et apprendre des choses sur un front délaissé par mes cours d'histoire et lectures personnelles. Les relations franco-serbes à cette période m'étaient inconnues et c'est avec plaisir que j'ai complété mes connaissances ou plutôt commencé à les compléter grâce à cet ouvrage.
L'ombre d'antan est un recueil de BD avec très instructif. Il est composé d'une préface, d'un dossier historique, de photos d'archives et de 14 histoires sous forme graphique créés par 14 duos le plus souvent associant un scénariste et un dessinateur dont l'un est français et l'autre serbe.
L'information qui m'a le plus marquée est le biais donné par les chiffres habituellement présentés. Pour ce conflit, on présente des chiffres et pourcentages correspondants au nombre de morts par rapport à la population militaires engagées et non par rapport à la population globale. Et bien que les pertes soient dans tous les cas impressionnantes, la mise en perspective diffère. 18% des soldats français correspond à 4% de la population globale alors imaginez pour la Serbie on monte à 28% de la population.
Niveau BD, les styles et choix de sujets sont très variés ce qui permet à chacun de trouver un style et/ou un sujet qui peut lui convenir. Pour ma part, j'ai été particulièrement sensible aux style de Drazen Kovacevic, de Dobbs, de Darko Stojanovic et d'Aleksa Gajic. J'irai regardé le reste de leur production. du point de vue des thématiques, il y a un bel équilibre entre ceux commun à tous les fronts et toutes les nations engagées, ceux plus spécifiques à la Serbie et même des points moins connus toujours d'autres nations. Pour ce qui est assez « universel », on trouvera les débuts de l'utilisation des sous-marins et des avions, les « fusilier pour l'exemple », la superstition, la création de binôme improbable (chat/homme) ou la réception de l'avis de décès post-armistice. Pour ce qui est lié à l'histoire serbe, on trouve les questionnements sur le fait d'organiser ou non une retraite générale, la fuite de la population à travers l'Albanie et les attaques subies, les mises à sac, assassinats et viols des villages de civils et l'hymne de guerre serbe.
Pour les points moins connus, il est question de la rébellion des russes du front de l'ouest et des engagés australiens.
Chaque histoire m'a intéressée. Chacune arrive à jouer avec nos émotions avec un équilibre juste. Un des points que j'ai préféré est la nuance mise sur le camp adverse. Les Allemands et leurs alliés ne sont pas décrits comme un monobloc de gens immondes. Dans les deux camps, combattaient des personnes qui n'ont pas choisis d'être là et font ce qu'ils peuvent pour survivre sans perdre trop d'humanité. Je vais conclure avec l'histoire qui m'a probablement le plus plu. On a un récit plus bisounours qui parle d'un message trouvé dans un casque qui a sauvé la vie du soldat qui le portait. Avoir un récit plus léger et positif m'a fait plaisir car dans toute cette horreur il est facile d'oublier que certains s'en sont sortis.
Je vous recommande cet ouvrage qui a marqué ma fin d'année de lectrice.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !