"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lorsque luc est parti, ses parents, jean et marthe, ont pensé que c'était mieux pour eux trois.
Gilbert et geneviève, son oncle et sa tante, eux aussi ils y ont cru. mais pas céline, sa cousine. elle, c'est la seule qui n'a pas été surprise, la seule à avoir craint que ce qui en luc les menaçait finisse par s'abattre sur eux.
Histoire somme toute assez banale d’un père, une mère et un fils qui n’arrive plus à communiquer bien que réunis par un amour qui s’impose et oblige aux silences pour que les vérités ne blessent pas.
Le fossé générationnel et social est une des premières failles de l’effondrement de cette famille paysanne ordinaire.
Laurent Mauvignier va zoomer sur ces fêlures silencieuses annonciatrices d’un séisme programmé.
Le fils distant et solitaire, décide d’aller s’installer à Paris.
Luc est un jeune homme fragile, sans grande perspective, qui, en quittant son village et ses parents, rêvait d’une vie aussi grande que les affiches de cinéma punaisés sur les murs de sa petite chambre de bonne mais la solitude et le quotidien harassant d’un travail alimentaire de garçon de café mal rémunéré va s’opposer à la réussite espérée et réduire son horizon en le plongeant prisonnier dans un état d’échec, dans une vie de servitude et de mépris qu’il ne pourra plus supporter.
A l’annonce que le fils s’est donné la mort, les petites failles silencieuses de la famille vont soudainement devenir des gouffres vertigineux en les engluant tous, les parents, la cousine, l’oncle et la tante, dans une boue goudronnée d’un caléidoscope de sentiments, de fragilité, de culpabilité, d’échecs auxquels chacun devra faire face avec l’exigence de l’Humain, les laissant dans un vide difficile voire impossible à combler.
Ce premier roman de Laurent Mauvignier fait de monologues et de polyphonie intérieure n’est pas seulement un drame au style remarquable mais c’est aussi un éclairage sur notre société dans une époque d’intolérance, de mépris et de surenchère où le combat peut conduire à l’effondrement.
L’art du non-dit soufflé au bout d’une plume remarquable. Un uppercut littéraire.
Voici un livre qui est très très difficile à conseiller ... La plume de l'auteur demande un temps d'adaptation. J'ai commencé et quand enfin j'ai pris le rythme de ces phrases, j'ai recommencé ... C'est l'histoire d'un drame, celui de Luc. Cette solitude dans laquelle il s'enferme sans pouvoir en parler, sans trouver les mots pour la dire. Laurent Mauvignier le fait pour lui et c'est très juste ! compliqué mais très juste ! Un roman d'ambiance où une chape de plomb s'abbat sur vos épaules ... A ne pas lire donc si vous passez par des moments difficiles (dépression, angoisse, solitude justement, ... )
J'ai adoooré cette lecture ardue mais tellement réelle ! Troisième livre de cet auteur ... je passe toujours des moments intenses avec lui !
Laurent Mauvignier né à Tours en 1967 a notamment écrit Apprendre à finir (2000), Dans la foule (2006), Des hommes, Histoires de la nuit, pour lesquels il obtient plusieurs prix. Loin d’eux est son premier roman.
Loin d’eux est un récit polyphonique magnifique et poignant. Le livre déroule les monologues intérieurs des six personnages qui tentent chacun de comprendre le drame, peut-être parce que la communication véritable est impossible dans ce milieu ouvrier modeste par peur de la violence qui naît des dialogues vrais. L’auteur livre dans une écriture qui chamboule, les tourments intimes de ces invisibles et dévoile la richesse et la justesse de leur vie intérieure. Mais il y a les empêchements à dire ces « mots enfouis », empêchements transmis de génération en génération , ils creusent le fossé entre les parents et leurs enfants. Ce récit éclaté dit le grand malheur de n’avoir pu dire les mots avant la tragédie et la dévastation qui s’ensuit.
Et le début de l’histoire ?
Jean, ouvrier dans une usine de peinture et Martha, femme au foyer, ont un fils, Luc, passionné par le cinéma. Jean adresse des remarques acerbes à son fils dont il n’accepte pas l’oisiveté. Luc trouve un travail de serveur à Paris, il va enfin être « loin d’eux »et vivre. Sa très chère cousine Céline, fille de Gilbert et Geneviève, épouse un boulanger…
Luc est parti.
Il est d'abord parti à Paris, puis il est parti définitivement.
Il laisse Marthe, sa mère, à sa tristesse et Jean, son père, à sa colère.
Le débit est rapide.
Il roule, roule, de plus en plus vite sur une piste descendante.
Des phrases sans souffle où l'on peine à reprendre haleine.
Comme si l'auteur racontait dans l'urgence.
Une phrase entraîne l'autre sans que rien ne semble pouvoir les arrêter.
Des phrases où s'entremêlent les voix des uns et des autres.
Une histoire qui raconte les silences, les mots qu'on n'a pas dits, qu'on aurait pu dire, qu'on aurait du dire.
Les mots qui auraient pu tout changer.
Dans ce premier roman, Laurent Mauvignier propose un style original, style que l'on retrouve dans ses autres romans .
Personnellement, j'aime beaucoup.
L'écriture de Mauvignier est particulière et exigeante c'est vrai, mais elle est surtout magnifique. Il nous décrit ici tous les non-dits des personnages, met des mots sur les silences, en nous faisant entrer tour à tour dans les pensées des différents personnages. En décortiquant les silences, il les explique, les expose et les remplit du sens que l'on peine parfois à déchiffrer. Une lecture bouleversante.
Une écriture exigeante pour une lecture qui ne l'est pas moins. Mais quelle récompense : savoir ce que disent les silences...
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