Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Aster est une jeune femme que son caractère bien trempé expose à l'hostilité des autres. Son monde est dur et cruel. Pourtant, elle se bat, existe, et aide autant qu'elle le peut, avec son intelligence peu commune, ceux et celles qu'elle peut aider. Mais un jour, elle comprend qu'elle ne peut plus raser les murs, et qu'il lui faut se tenir grande. Sa rébellion est d'autant plus spectaculaire qu'elle est noire, dans un vaisseau spatial qui emmène les derniers survivants de l'humanité vers un improbable éden, un vaisseau où les riches blancs ont réduit en esclavage les personnes de couleur.
Dès le départ le décor est planté, transidentité et intersexualité sont du voyage.
Il a fallu que je m'habitue au pronom "iel" que je n'avais jamais concrètement lu nulle part jusqu'ici.
Les humains ont quitté la terre pour un voyage dont ils ignorent s'il aura un aboutissement, s'ils trouveront un jour un endroit où se poser, à bord d'un vaisseau dont le gigantisme est inimaginable. Toutes les couches de la société, y travaillent, cultivent et font de l'élevage, séparés par leurs niveaux de pauvreté ou de richesse. On dirait un vaisseau-monde, tellement immense que c'est difficile de se le figurer.
C'est une société de fin du monde effarante, où quittant une Terre agonisante, ils sont partis à la recherche d'un nouveau monde en prenant bien soin que conserver toute l'iniquité de l'ancien monde : le racisme avec la notion de races inferieures et les classes sociales très basses au service des classes sociales élevées, l'extrême richesse et l'extrême pauvreté, au lieu de tirer des leçons de leurs erreurs. Il y a les haut-pontiens, qui se prennent pour la crème de l'humanité et les bas-pontiens, qui ne comptent pas.
Ils ont aussi emporté la religion avec tout ce qu'elle peut comporter d'intolérance, de misogynie et de préjugés. Sans oublier l'homophobie et la transphobie. Il s'agit là d'un monde totalement rétrograde. Ça m'a d'ailleurs énormément fait penser au système de castes en Inde.
Aster, métisse née fille mais non binaire, vit dans le souvenir de Lune, sa mère qu'elle n'a pas connue et qui a laissé un journal codé.
Elle est amie avec Gisèle, étrange personnage, un peu folle et bipolaire, cynique, cruelle, révoltée et survoltée, et Théo le chirurgien, introverti et très pieux, qui a fait vœu de chasteté et dont elle est l'assistante. Et puis il y a Mélusine, sa tante qui l'a élevée mais qui n'a pourtant aucun instinct maternel.
On découvre une société cauchemardesque qui vit depuis un temps infini dans Matilda, ce vaisseau qui doit les amener vers la terre promise mais qui pour les bas-pontiens est surtout une prison de fer, antichambre de la mort depuis les nombreuses coupures de courant qui les privent de chauffage et leur font endurer des températures glaciaires, pendant que les haut-pontiens vivent dans une opulence indécente. Ce monde futur est arrieré, cruel et violent. J'ai trouvé cette option intéressante car inhabituelle il me semble.
Aster cherche quelque chose, aspire à comprendre, à découvrir le message secret de Lune, qui sans doute lui apportera bien des réponses.
J'ai aimé l'histoire, toujours étonnée que je suis par la force vitale qui anime tout ce qui est, même dans les pires difficultés de l'existence et la résilience dont certains sont capables même quand l'espoir est si ténu qu'il est quasi inexistant. Et j'ai aimé les réflexions sur le subjectif, le futile, la superficialité, et la vanité de tout ça.
C'est un bel écho à notre société, qui hélas nous laisse penser qu'on n'a aucune chance de s'améliorer, qu'il y aura toujours des tordus machiavéliques et cruels, des despotes, des tyrans imbus d'eux-mêmes. Car quelle que soit l'époque dans laquelle on vit, l'humanité reste ce qu'elle est.
J’ai reçu l’incivilité des fantômes dans le cadre des explorateurs de l’imaginaire. Merci aux forges de Vulcain et au site lecteurs.com pour cette belle découverte.
Une excellente lecture
La Terre a été dévastée ce qui a fait fuir les terriens sur un vaisseau, le Mathilda et ses 26 ponts, un pour chaque lettre de l’alphabet. Dans cet espace confiné, il vaut mieux habiter le pont C que T et être un homme blanc, hétérosexuel qu’une femme noire homosexuelle. Le principe clé de cette communauté est la ségrégation et le retour de l’esclavage. On suit Aster, une jeune personne intersexe et noire comme la majorité des personnes de bas-ponts mais même pour le pont Q, elle est différente, elle est autiste.
On ne va pas se mentir, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas exceptionnelles dans ce roman mais ce qui est réussi fait oublier tout le reste. L’intrigue ne casse pas trois pattes à un canard : Aster cherche ce qui est arrivée à sa mère disparue peu après sa naissance. La résolution de l’énigme n’est pas très originale et ne tient pas bien la route. La science évoqué est pleine de failles et d’incohérence. Le rythme est inégal et les transitions ne sont pas toujours très fluides. Le personnage de Gisèle est une purge et pourtant ce livre est vraiment bien. La force de ce roman réside dans l’émotion, il nous prend aux tripes tout du long. Rivers Solomon est non binaire, noire et autiste et ça se ressent dans la construction de son héroïne. Aster est criante de vérité et les personnages secondaires aussi. La ségrégation et tous ces corollaires crée une lecture en apnée.
Maltraitance, violences physique et psychologique, viols, tout est gratuit et banalisé. Et pourtant à aucun moment, on ne tombe dans un débordement de gore. On sait que c’est là, que c’est omniprésent mais seules quelques scènes sont décrites. La majorité du temps la violence n’est que ambiancée, sans surenchère tout en réussissant à ne rien minimiser. On a la réalité crue dans tout ce qu’elle a de malaisant, de révoltant. Et c’est pour ça que ça marche on ressent les choses sans avoir besoin de lire une liste détaillée de sévices. Différence et haine ambiante se répondent. Rien n’est oublié, racisme, homophobie, et autres haines des différences en tout genre : religion, mode de vie, sexe, catégorie social, handicap… C’est un reflet de notre monde amplifié par le confinement. Ca fait peur, ça révolte et ça permet de ne pas avoir envie de lâcher le livre. Ce microcosme où il ne fait pas bon d’être différent vaut vraiment la peine d’être découvert.
Racisme, violence, esclavage, idéal religieux, mysticisme, tout est bon pour asservir un peu plus le peuple tout en le faisant travailler dur. Matilda, cet immense vaisseau spatial qui a fui le désastre sur notre planète, il y a un millier d’années, fonce vers une destination hypothétique tout en assurant son fonctionnement et son approvisionnement grâce au travail des hommes et des femmes maintenus en infériorité.
C’est grâce aux Explorateurs de l’imaginaire de Lecteurs.com et aux éditions Aux Forges de Vulcain que j’ai pu lire et sentir mon cœur palpiter avec L’incivilité des fantômes, un roman de science-fiction qui a de bonnes résonnances avec ce vit notre monde aujourd’hui. Rivers Solomon, pour son premier roman, réussit une belle performance et c’est bien qu’il ait été édité rapidement en français dans un livre très agréable à prendre en mains, grâce à ses deux rabats cartonnés. C’est un bel objet avec une couverture aux visages bien énigmatiques.
Aster, une jeune femme, fait partie des Bas-Pontiens, ceux qui sont cantonnés dans les bas-fonds de Matilda. Elle ne se laisse pas faire, soigne, guérit, aide les autres, découvre de nouveaux médicaments dans son botanarium, grâce à ses plantes. Elle a un ami précieux, Theo, le Général-Chirurgien. Ils s’aiment mais n’en ont pas le droit même si Theo l’emploie comme assistante.
Giselle, l’amie d’enfance d’Aster, a tellement subi de violences qu’elle frise la folie mais révèle une intelligence précieuse qui aide Aster à retrouver les traces de Lune, sa mère, qu’on dit morte à sa naissance.
Ce passionnant roman de science-fiction m’a fait vivre des moments intenses et souvent frémir devant la violence omniprésente des gardes toujours prêts à cogner, à violer. Aster et Giselle n’hésitent pas à les défier et en subissent de terribles conséquences.
Malgré tout ce qui se passe, les drames, les privations et cette espèce de dictateur sanguinaire, nommé Lieutenant, qui arrive au pouvoir, ma lecture a été sous-tendue par un espoir ténu, souvent mis en péril et… je n’en dirai pas plus.
Je n’oublie pas de saluer le traducteur, Francis Guévremont, qui a réussi une belle performance en trouvant des mots incroyables pour désigner, en français, une quantité d’appareils, de produits comme l’eidolon, le siluminium ou encore transcurviogétique, physiomatique ou aviotologiste mais Aster est alchimiticienne. Bref, des mots que nous ne connaissons pas encore…
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
L’étape de la page 100 :
Un futur dystopique s’offre à nous dans ce roman : le reste de l’humanité vogue dans l’espace, perdu, vers un hypothétique Eden.
L’univers développé par l’auteur est intéressant et facile à appréhender ! Le protagoniste, quand à lui, m’apparaît un tantinet antipathique et m’empêche d’entrer complètement dans ce livre.
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Au premier abord, ce livre ne me disait vraiment rien. Bien que sa couverture soit assez réussie, qu’il possède un titre assez attirant, les stéréotypes de sa 4ème de couverture m’ont plutôt refroidie. Cette notion de bien-pensance naïve et appuyée me semblait assez puérile. Au final, ce fut plutôt une bonne surprise !
L’univers dystopique créé par Rivers Solomon est intéressant, bien que peu novateur. L’Homme fuit la Terre, devenue invivable, à bord d’un vaisseau spatial. Au sein de celui-ci, des castes se sont créées : les blancs sont riches et ont accès au confort, les noirs sont pauvres et vivent dans la misère. Des sujets tel que la religion et le rapport à la hiérarchie y sont abordés de manière intéressante. Bien qu’il n’y ait que 400 pages, la vie social du vaisseau est plutôt détaillée et nous plonge entièrement dans ce petit monde.
L’écriture fluide nous emporte petit à petit au fil de l’histoire et on suit les péripéties d’une protagoniste, Aster, froide et étrange, ainsi que d’un petit nombre de personnages tout aussi spéciaux. Aster ne comprend que le 1er degré, est très intelligente mais fait partie de la basse caste. Orpheline peu de temps après sa naissance, elle suit les traces de sa mère au travers de ses carnets de notes codés laissés à son décès. C’est un véritable jeu de piste qui nous conduit à travers le vaisseau, jusqu’au dénouement fatidique. Une fin à la fois ouverte et… terriblement amère. Je n’ai pu m’empêcher d’être déçue par ce dénouement. Comme un goût d’inachevé.
Ce roman a évidement une deuxième lecture. L’auteur crée un parallèle avec le monde d’aujourd’hui et nous rappelle que, malgré les années ou le lieu, les mêmes erreurs se reproduisent et les mêmes maux touchent l’humanité encore et encore : racisme, homophobie, genre, pouvoir… J’y vois également un message écolo avec cette conquête de l’espace, du dernier espoir. La Terre, d’ailleurs, va nettement mieux depuis que l’humanité l’a quittée !
Je n’ai pas spécialement apprécié l’arrière plan « politique » de ce livre, mais son univers SF, premier degré, était très plaisant.
Le monde a disparu et les habitants de la Terre sont embarqués dans un immense vaisseau, le Matilda, parti chercher une Terre promise. Dans ce monde futuriste, les personnages n’ont pas toujours de sexe, ils vivent dans un univers qui ressemble à une prison, composé d’autant de ponts/niveaux que de lettres de l’alphabet. Bien entendu, les pauvres sont en bas et les riches au sommet, avec de nombreux ponts agricoles entre les deux pour nourrir toute cette population déracinée, et un réacteur à fusion au centre, Petit-Soleil, qui fournit l’énergie au vaisseau.
Chaque pont possède un langage propre, et plus l’on monte vers les hauts ponts, plus les peaux de leurs occupants sont claires. On se croirait dans une fourmilière, où les hommes sont des soldats et les femmes des ouvrières et où subsiste une élite souveraine qui possède tous les pouvoirs.
Aster, une intrépide jeune fille des bas ponts, guérisseuse et scientifique, va tenter de percer le secret du vaisseau, que sa mère qu’elle n’a pas connue, a tenté d’élucider toute sa vie. Et c’est la présence de cette mère, comme un fantôme ressurgi du passé, qui va guider ses pas et ses recherches, bravant l’autorité et les punitions, comme un ultime espoir de conquérir un semblant de dignité.
Bien qu’il m’ait été difficile d’entrer dans cette narration complexe, avec de nombreux mots imaginaires et beaucoup de données pseudo-scientifiques difficiles à saisir, j’ai réussi à trouver mes repères dans ce labyrinthe métallique et verbal ; et finalement je me suis prise au jeu de la survie des personnages à travers les méandres de ce vaisseau.
Lorsque l’on s’interroge sur notre futur, ce n’est certainement pas à celui-ci que l’on pense et l’avenir paraît bien sombre à travers ce roman. Mais c’est aussi le rôle de la Science Fiction, d’être dérangeante et de soulever les problèmes latents qui, si nous ne les réglons pas aujourd’hui, nous persécuteront demain.
Un roman très original, où les propos de l’auteur, Rivers SOLOMON, témoignent de sa probable difficulté à s’intégrer dans la société, avec un espoir infime quant à l’avenir. Pessimiste certes mais intéressant sans aucun doute.
Livre lu dans le cadre des Explorateurs de la rentrée 2019
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