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Il y a le(s) lieu(x), refuge et seuil au-delà de soi, se tenir « ici », et franchir, parcourir, marcher, fouler : col, chemin, versant ; le paysage : ciel, arbres, lande, neige, pierres ou roche ; le sédiment. Le dehors. Le presque, l'imperceptible, l'aléatoire et le transitoire, l'évanescent. Les animaux, devenus quasi mythologiques, bisons, vieux troupeau, grand mammifère, « chevaux éventrés de la nuit », avec lesquels l'homme partage « une souffrance fraternelle », « pattes et mains », « figures griffures ».
Il y a l'homme, et le monde qu'il habite : sanatorium, hôpital psychiatrique, station balnéaire, un lampadaire la nuit, ou ces « villes effroyables et fascinantes » dont il s'agirait de se retirer. Et son corps, dans ce dehors, un « corps absent », à la « semence calcinée » (« le bruit de vide / d'où ça vient dans les hommes » ?), et pourtant tout entier dans les sens, la chair, la peau, les lèvres. Les « enfants graves » encore, « les petits tas de l'enfance », des anges qui « craquent sous les pieds ».
Le premier poème, « et refuge », commence par le mot « terre », isolé, comme on l'annonce d'un bateau à l'approche des côtes. Et elle « se tient possible » mais « mâchoire » aussi bien. C'est qu'il faut faire « des alliances difficiles avec le réel », « cherche[r] une solitude exacte / de passer à l'autre versant / d'étranger en montagne », « chacun descend[ant] dans l'automne // cette manière // de quelque part / juste avant la falaise ».
C'est qu'« il y a du jeu entre le sol et chacun de nos pas » et « le chemin [est] terrible d'écrire », il faut « trouer la langue » pour tenter d'approcher en mots « les pierres intraduisibles », pour « recueillir nos états d'ombre » afin d'être pleinement au monde. Et formuler l'hypothèse d'« entrer une pierre dans le vent » : « décomposer la détresse bâtir / une demeure » où l'on peut « décou[vrir] encore un visage », « au quotidien de toi » - de réunir « la semence les pommes. le poids / de quelle terre » bien qu'« on entend[e] toujours. le monde et l'arme à feu. »
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