Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Je tourne la page, et ça y est, la chose est enfin dite : «Dans un entretien, observe Nathalie Léger, Marguerite Duras s'énerve un peu : L'autoportrait, je ne comprends pas ce que ça veut dire. Non, je ne comprends pas. Comment voulez-vous que je me décrive ? Qui êtes vous, allez-y, répondez-moi, hein ?» Qui je suis, moi ? C'est la question à laquelle je dois maintenant répondre.Lionel Duroy aura passé l'essentiel de son temps à écrire. À travers ses nombreux romans, il a tenté de démêler les fils d'une vie, éclairant au passage celles et ceux qui nous aident à grandir ou s'emploient à nous détruire, parfois sans le vouloir : nos parents, nos frères et soeurs, ceux que nous aimons, puis désaimons. Aujourd'hui, avec L'homme qui tremble, il inverse les perspectives et, dans un autoportrait cruel et lumineux, s'interroge sur son propre rôle dans ce destin singulier.
Lionel Duroy est journaliste et écrivain français. Quatrième d’une famille de onze enfants, il est d'abord livreur, coursier, ouvrier, puis journaliste à Libération et à L'Événement du jeudi. Depuis la publication de son premier roman en 1990, il se consacre entièrement à l'écriture de romans à teneur essentiellement autobiographiques
Dans son dernier livre qui est aussi un récit, il se met à nu sur un portrait à la mélancolie douce-amère avec une écriture très forte.
Il fait mention d’une mère neurasthénique et d’un père qui n’est plus que l’ombre de lui-même après avoir été traqué par les huissiers, usé par les exigences de sa femme. Mais il aime son père et explique dans ce récit la complexité des sentiments que l’on peut ressentir.
Il retrace sa vie d’enfant de cancre à bon élève et de ses vues sur les filles d’école comme sur ses femmes et compagnes qui lui a fait mettre à dos sa famille notamment avec « Priez pour nous » et le «chagrin ».
Esther sa seconde épouse lui rend le manuscrit et n’en dit rien comme si elle passait une cuvette de vomi. Il le souligne ainsi.
Il fait d’ailleurs part de sa rencontre avec un psychiatre et un psychanalyste pour relater les faits où il s’est senti perdu enfant par la fuite de sa mère aux actes indicibles et par le désarroi de son père.
Une question se pose : peut-on tout raconter lorsqu’on est accompagné, lorsqu’on a des enfants, lorsqu’on des frères et sœurs, même si c’est pour trouver en l’écriture une forme de guérison ? Et que pensez-vous d’un essai ou d’un récit nombriliste s’il apporte une certaine réflexion ?
Dans L’homme qui tremble, Lionel Duroy se raconte, raconte sa vie et se livre, comme il l’a fait dans la plupart de ses romans, à une analyse intime et dérangeante. Hélas, je dois avouer n’avoir pas lu ses précédents livres, sauf Eugenia, un roman historique qui m’a profondément marqué. Heureusement, les dernières pages de cet autoportrait y sont consacrées et m’ont permis d’apprendre, en détails, comment il s’y est pris pour documenter son récit.
Tout débute à Bizerte, en Tunisie, le 1er octobre 1949, où naît Lionel Duroy de Suduirant, quatrième enfant d’une fratrie de onze. C’est l’aventure de cette famille hors normes que l’auteur m’a fait vivre avec beaucoup plus de bas que de hauts. Christiane, sa mère, se rêve de la haute société et c’est pour cela que la famille s’installe à Neuilly. Mais les revenus de Toto, le père, ne sont pas suffisants. À neuf ans, le petit Lionel vit l’expulsion de sa famille avec commissaire de police, huissier, déménageurs qui vident l’appartement et une mère qui hurle. On serait traumatisé à moins !
Lionel se souvient de ses frères plus âgés, Frédéric et Nicolas, qui ne le voulaient pas pour jouer, de sa mère qui le trouvait joufflu et qu’il n’aimait pas ça. Seule la grand-mère paternelle le rend heureux.
Dans la cité de Côte Noire, ils occupent deux appartements. Comme l’école Sainte-Croix de Neuilly le vire parce que le père ne paie plus, il n’est plus scolarisé. Sa mère enchaîne les grossesses, devient folle, est soignée par les bonnes sœurs. Nouveau déménagement au Pré-au-Bois, à Vaucresson. Il a 13 ans et ne va toujours pas à l’école. C’est dans cette période qu’il devient un as du bricolage et de l’aménagement intérieur car, avec Toto et ses frères, ils réunissent deux appartements sans la moindre autorisation du propriétaire.
Tous les problèmes mentaux de sa mère, la fuite en avant du père qui cède à tout ce qu’elle exige et la vie de cette famille de plus en plus hors-la-loi marquent profondément Lionel. Il rappelle à plusieurs reprises la scène terrible vécue alors qu’il n’avait que dix ans, quand sa mère se cachait sous une armoire pour exciter l’attention de son père.
Heureusement, scolarisé à nouveau, il rattrape vite son retard et sa vie, très mouvementée, se poursuit. Arrivent maintenant ses amours : Agnès, Esther, Sarah et bien d’autres… Il épouse les deux premières mais son souci principal est d’écrire. Il lui faut des années pour réussir à publier son premier roman, Priez pour nous (1990), grâce à Curtis, son éditeur, et à se fâcher avec toute sa famille qui se reconnaît, peu à son avantage, dans ces pages.
Entre temps, il a fait plusieurs métiers mais c’est le journalisme qui lui met vraiment le pied à l’étrier, à Témoignage Chrétien d’abord après un passage à l’Agence Centrale de Presse, puis à Libération.
Les traumatismes de l’enfance sont bien présents et il a besoin de psychanalyste, de psychiatre, tout en assouvissant un goût profond pour les voyages. Avec Agnès, ils ont deux enfants : David et Claire. Il écrit pour L’Événement du Jeudi puis se consacre entièrement à ses romans, découvre le versant sud du mont Ventoux où il a toujours sa maison. Là-bas, il fait du vélo avec un dictaphone dans la chaussette droite afin de ne pas perdre les phrases qui lui viennent naturellement.
Je passe énormément d’événements qui démontrent le mal-être d’un homme séduisant qui n’a qu’un souci : écrire et qui le fait en parlant de ce qu’il a vécu. Souvent, ses enfants lui reprochent d’être là tout en étant absent. Il recherche régulièrement la solitude, ce qui ne facilite pas le bonheur conjugal.
J’ai énormément appris en lisant L’homme qui tremble, revisité toute une époque que j’ai vécue, bien loin du monde parisien qu’un auteur voulant réussir doit fréquenter. Je ne savais pas que Lionel Duroy avait coécrit des livres avec Ingrid Bettancourt, Thierry Huguenin (seul survivant du suicide collectif des membres de la secte du Temple solaire), Farah Palavi, Sylvie Vartan, Mireille Darc, Nana Mouskouri, Renaud, Gérard Depardieu et d’autres encore…
Lionel Duroy est vraiment un grand écrivain qui ne peut laisser personne insensible. Il révolte, émeut, enthousiasme mais je ne peux que rester admiratif devant le parcours de cet homme qui a beaucoup souffert, souvent joui de la vie et dont la marque essentielle est la sincérité, que cela plaise ou non.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
En dehors d’Eugenia, ouvrage que j’avais énormément apprécié, dans lequel une jeune et brillante étudiante roumaine, prend soudain conscience de la vague de haine antisémite qui se répand dans son pays, je n’ai pas lu les nombreux autres romans qu’il a écrits à teneur essentiellement biographiques, dans lesquels il raconte sa jeunesse profondément marquée par le désastre familial.
En lisant L’homme qui tremble, j’ai compris pourquoi, il avait été nécessaire à l’auteur d’écrire autant sur sa famille. En effet, c’est une enfance hors du commun qu’il a vécue et une vie d’écriture est sans doute bien nécessaire pour arriver à mettre les mots justes sur ce qu’il a vécu et pour analyser les retombées sur sa vie d’homme.
Dans L’homme qui tremble dont le sous-titre, Un autoportrait me semble être tout aussi approprié, Lionel Duroy, revient encore sur son enfance dans une famille nombreuse, noble mais désargentée et notamment sur ces faits traumatisants que sont ces visites d’huissiers et la quasi folie de sa mère se glissant sous les armoires pour faire croire à sa disparition. Les livres le sauveront lui donnant le plaisir de s’y « abriter des violences de l’école et des cris de sa mère ».
Sa vie ne peut qu’être marquée par ces traumatismes. Dans cette autofiction, il fait une sorte d’introspection ; il analyse son propre comportement et son propre rôle vis-à-vis de ses proches, femmes et enfants qu’il chérit mais qui lui diront souvent : « Tu es là, mais tu n’es pas là ».
Il met l’accent sur ses difficultés d’écrivain et n’hésite pas à déclarer que : « écrire a été la seule façon de ne pas mourir ».
Cependant, si cette écriture est indissociable de sa vie, il reconnaît qu’elle lui sera un peu nuisible dans ses relations car "L'écriture m'a mis au monde tout en me coupant du monde".
Ce sera le dilemme de sa vie. Il doit toujours être dans un livre sous peine de voir son désir de vivre le quitter et « comment aimer qui que ce soit sans le désir de vivre ? ».
J’ai vraiment beaucoup apprécié ce roman dans lequel Lionel Duroy tout en racontant toutes les blessures qu’il a pu subir, a réussi néanmoins à prendre suffisamment de recul pour faire cette analyse. Très intéressant aussi le fait qu’en reprenant sa vie depuis le début, il raconte comment il en est venu à écrire, commençant par être journaliste à Libération puis à L’événement du jeudi et après comment sont nés chacun des bouquins qu’il a écrits, à chaque fois pour survivre. Dans sa soif d’écriture, il n’hésite pas en période creuse à se lancer dans des enquêtes ou encore à prêter sa plume à de nombreuses célébrités désireuses de publier leur biographie.
J’ai lu ce livre qui est une véritable ode à l‘écriture d’une seule traite, tant il m’a passionnée !
"Deviens ce que tu es quand tu l'auras appris" Pindare
Je crois que cette citation colle à la peau de l’auteur et que c’est par l’écriture qu’il fait le chemin.
Je suis cette histoire familiale depuis le début et sans aucune lassitude, car Lionel Duroy creuse un sillon et l’approfondit à chaque fois sous un angle différent.
« J’ai trouvé ce que je dois écrire : l’extravagante histoire d’amour de deux crétins — nos parents. Je ne les vois presque plus, je crois être parvenu à les oublier, quand je suis rattrapé par une sourde colère : comment notre père a-t-il pu ramper devant cette conne ? »
Il est évident pour ceux qui ont grandi dans une famille atypique que la construction de soi n’est pas un chemin tranquille.
Et dans ce livre dont le titre est magnifique car il illustre cette intranquillité, le lecteur assiste à ce cheminement.
Ce chemin est fait de chaos et la comparaison avec un pays en guerre est juste : tremblements, destruction et reconstruction sont le lot quotidien, les fluctuations journalières avec lesquelles il faut accepter de vivre. Oui mais à l’extérieur la personne est comme un extra-terrestre : elle n’a pas les mots, les codes, les subtilités pour appréhender les situations sociales et y répondre.
Comment construire un foyer et sa propre famille quand on est issu de ce fatras de ruines ?
C’est un homme sans fard qui est là sous les yeux du lecteur. Une belle analyse des actes fondateurs sur le plan privé mais aussi professionnel, de celui qui est mais aurait pu être ou aurait dû être…
Les déclinaisons d’une vie.
Les femmes de sa vie, ses enfants sont des liens qui le fragilisent encore plus mais le construisent aussi, des pierres à l’édifice.
Egoïste ? Vu de l’extérieur sûrement, mais aurait-il pu faire différemment, ce n’est pas certains quand les bases d’une enfance construite et aimante sont absentes.
Il ne peut se construite que de façon empirique, sur chaque expérience vécue, sur l’observation de ce que lui n’a pas vécu.
« A vingt et un an je suis toujours en quête d’un homme pour me montrer le chemin et je pense l’avoir trouvé en celui-ci, le père d’Agnès. Comme lui au même âge, je suis en colère contre l’ordre du monde, je ne veux pas en devenir un des petits soldats, je n’y entrerai pas mais me tiendrai en marge, occupé à écrire — l’écriture comme une forme de résistance. »
J’aime la façon d’analyser au scalpel ses états d’âme qui lui sont particulières : « […] or je demeure impassible, pour ne pas dire indifférent. J’envie ses larmes, je me dis que ça doit être agréable d’avoir de la peine et de pouvoir l’exprimer si simplement. De constater, en somme, que tout fonctionne normalement. Je suis conscient que chez moi quelque chose ne répond pas, que je ne suis pas normal, mais je n’ai aucune explication à me proposer. »
C’est une belle analyse des réactions mais je la trouve sévère. Personnellement, quand on doit se battre autant pour exister, il me semble que notre énergie est totalement mise au service de, et que les sentiments sont emprisonnés dans la carapace ainsi forgée.
Eh oui c’est une chance de pouvoir exprimer ses émotions avec simplicité car cette simplicité délivre.
Le lecteur sait que l’auteur a payé un lourd tribu, la mise au ban de sa famille, jusqu’à Nous étions nés pour être heureux.
Si ceux qui ont partagé sa vie, de l’enfance à aujourd’hui, se cherchent dans ses écrits tels qu’ils se perçoivent, ils ne peuvent qu’être choqués. C’est LA vérité de Lionel Duroy, celle qu’il a ressentie au plus profond de sa chair.
Ses années de déscolarisation, les petits boulots exercés, les études aussi, le journalisme et le reporter dans les pays en guerre sont ses petits cailloux semés sur son chemin personnel.
C’est très intéressant pour le lecteur qui voyage dans un univers atypique pour être ramené à l’écriture qui coupe du monde.
L’écriture comme moyen de se sauver des difficultés de vivre.
C’est souvent comme le disait Philip Roth le moyen de fuir la dépression pour continuer à vivre.
Cette analyse des fragilités que l’on traîne comme un boulet, qui font que la seule personne qui ne trouve pas grâce à nos yeux est nous-même, est totalement pertinente et en cohérence avec l’œuvre de Lionel Duroy.
Cet homme m’émeut à chaque livre, une belle émotion, pas d’apitoiement, non juste l’émotion qui vient du cœur comme une main tendue.
Lionel Duroy est comme le roseau de la fable.
En conclusion et je partage ce sentiment :
« […] comme si nous étions condamnés à courir toute notre vie derrière la personne que nous sommes sans jamais parvenir à la rattraper. »
©Chantal Lafon
’œuvre de Lionel Duroy est principalement constituée de romans autobiographiques. Sous les traits de personnages fictifs, il nous raconte depuis des dizaines d’années les déboires de sa famille. Dans chaque livre, il s’intéresse à une période, à un membre ou à un évènement particulier de l’histoire familiale.
« Un homme qui tremble » semble être le testament d’un homme d’âge mûr, qui veut prendre du recul et faire son introspection. L’auteur revient donc sur l’ensemble des histoires qu’il a déjà racontées mais en nous offrant un prisme différent. Cette fois-ci, il retourne la caméra et fixe l’objectif sur lui. Il est toujours question des autres, mais pour mieux analyser ses propres comportements et son propre rôle. Il nous parle de son rapport à l’écriture, de sa relation avec son éditeur et de choses beaucoup plus personnelles. Il utilise la première personne pour totalement assumer et se dévoiler complètement. En découvrant ses secrets les plus intimes, on comprend ses faiblesses et ses erreurs qui ont aussi participé au délitement de son entourage.
Je ne suis pas très client des histoires autocentrées. Je trouve en général qu’elles ne servent que l’auteur lui-même pour exorciser ses démons. Seulement voilà, je ne sais pas l’expliquer mais Lionel Duroy me passionne à tous les coups. Sa plume sensible et son intégrité y sont surement pour quelque chose. Je suis captivé par sa manière de transmettre les émotions.
Alors qu’après avoir lu plusieurs de ses romans, je devrais trouver ces récits répétitifs, je me régale à chaque fois. Chaque nouvelle pièce complète les autres et cette dernière les englobe toutes. Ce retour sur une vie est touchant parce que sans aucune pudeur. Il peut se lire indépendamment et vous donnera, j’en suis persuadé, l’envie de lire le reste de son œuvre afin de compléter le puzzle !
http://leslivresdek79.com/2021/02/22/628-lionel-duroy-lhomme-qui-tremble/
Lionel Duroy est un auteur avec lequel mes émotions de lectrice sont toujours intactes, j’aime retrouver ses textes, qu’il revienne sans cesse sur son enfance.
Si écrire l’a sauvé, de mon côté lire des livres comme ceux de Lionel Duroy m’ont été salutaires.
L’Homme qui tremble est l’occasion pour lui de revisiter une fois de plus ce qui l’a fait homme, ses douleurs d’enfant, ses effrois, ses erreurs d’adulte, ses lâchetés et surtout son besoin vital d’écriture.
« Sans l’écriture je ne me sens aucune légitimité à exister, sans l’écriture, j’ai conscience de n’être rien ».
Pas de morgue ni de fierté mal placée en parlant à la première personne, il est impitoyable avec lui-même, ne se trouve aucune excuse.
Il analyse et décortique avec précision son parcours, les conséquences désastreuses de son enfance douloureuse, enfant transparent perdu dans une immense fratrie avec une mère aux rêves de grandeur échoués, à la limite de la folie et un père irresponsable.
Il explique sa vie de jeune adulte puis d’homme, éternellement dans la fuite, abandonnant les femmes qu’il a aimées au moment où elles avaient besoin de lui, sa manière « d’être là sans être là » pour citer ses enfants devenus grands.
J’ai découvert aussi que Lionel Duroy avait aidé des célébrités à écrire leurs mémoires, de Nana Mouskouri à Renaud, en passant par Ingrid Betancourt ou Farah Pahlavi.
De belles rencontres, une plongée dans d’autres destins où l’auteur fait preuve de réelle empathie. « Des vies revisitées qui l’éloignent de ses obsessions ».
J’ai été touchée par le lien fort et indéfectible qui le lie à son éditeur, Curtis, une véritable amitié entre les deux hommes. Curtis est un fidèle qui a bien cerné cet écrivain « pourquoi le seul homme qui ne trouve jamais grâce à vos yeux, c’est vous ? » lui demande-t-il un jour.
Pour les inconditionnels de Lionel Duroy, une approche sensible de l’homme, et pour ceux qui le découvrent, aucun doute que « Priez pour nous » ou « Le chagrin » deviendront leur livre de chevet.
Une très belle lecture.
Dans ce livre, Lionel Duroy revisite, comme dans quasiment tous ses livres, son enfance, sa vie et tous les événements qui l’ont constituée, mais cette fois avec le recul et le regard d’un homme mûr et non pas d’un enfant, comme dans Priez pour nous. Alors évidemment, quand on aime Lionel Duroy, on se régale, et c’est mon cas. Pour les autres, je conçois que cela paraisse redondant et qu’on se dise qu’il tourne en boucle. Moi j’ai chaque fois l’impression de savoir un peu plus et de comprendre un peu plus l’auteur. J’aime sa plume, sa sensibilité, et sa façon de décortiquer ce qu’a été le processus de l’écriture chez lui, notamment ce décalage entre ce qu’il vit, pendant qu’il le vit, et ce qu’il écrit. Pendant les dix passés ans avec Esther, il écrira sur Agnès. Mais ce quotidien avec Esther est celui qui construira ses prochains livres. Comme il le dit si bien, il « revient sans cesse en arrière pour aller rechercher un truc oublié de sa vie d’avant », pour éclairer son présent. Et décrire si bien la complexité d’un homme.
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