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«L'araignée fonça sur lui dans l'ombre des étendues sableuses, tricotant furieusement de ses pattes immenses. Son corps ressemblait à un oeuf gigantesque et luisant qui tremblait de toute sa masse noire tandis qu'elle chargeait à travers les monticules privés de vent, laissant dans son sillage des ruissellements de sable. L'homme en resta paralysé. Il vit l'éclat lumineux des yeux de l'araignée. Il la regarda escalader une brindille de la taille d'un rondin, le corps haut perché sur ses pattes que le mouvement rendait floues, jusqu'à atteindre le niveau des épaules de l'homme.»
Après « Je suis une légende », je me suis laissé tenter par « L’homme qui rétrécit » de Richard Matheson. Ce livre a apparemment été (merci Allociné) adapté à l’écran en 1957 et je serais assez curieuse de voir çà ! Scott, marié et père de famille, mesure 1m80 lorsque qu’il est irradié par accident. A partir de ce moment, inexorablement, il perd quelques millimètres par jour. Aucun traitement ne peut venir endiguer cette fatalité, Scott va rétrécir jusqu’à devenir microscopique. Un jour, alors qu’il ne mesure plus de quelques centimètres, il se retrouve coincé dans la cave de sa maison, dans cette cave où il n’y a quasiment rien à boire, quasiment rien à manger et pour seule compagnie une araignée qui le traque pour le bouffer. Survivre, se battre, mais dans quel but exactement ? Beaucoup de points communs avec « Je suis une légende » puisque là encore, il s’agit d’un homme seul, plongé dans une situation inédite et improbable et qui se retrouve à devoir lutter pour sa survie, alors même que tout espoir est vain. Dans « L’homme qui rétrécit », l’action alterne entre le séjour de Scott dans la cave et les efforts inouïs qu’il doit déployer pour trouver des miettes à grignoter, de l’eau, comment il s’habille, se chausse et comment il lutte contre son ennemi à 8 pattes. Comme un fil rouge, ce séjour dans la cave est une lutte physique de tous les instants et une lutte psychologique pour ne pas se laisser aller au suicide. A la fin, Scott ne mesure plus que quelques millimètres et l’ascension d’une chaise de jardin pour atteindre un morceau de pain est une expédition homérique à elle seule. Et puis, en alternance, on suit le parcours en flash back de Scott au fil de la perte de ses centimètres : l’incompréhension, la recherche médicale, l’espoir puis vient le moment de la colère, puis de la dépression puis presque de la résignation, comme un seuil de lui-même. Les rapports avec les autres qui se détériorent, son aventure avec une naine rencontrée dans une fête foraine, la tentation un peu pitoyable qu’il éprouve pour la jeune baby-sitter, puis vient le moment ou il est si petit qu’il habite dans une maison de poupée et où il a peur de sa propre fille et du chat. Ce livre de SF, écrit en 1956 (en pleine période de gros flip nucléaire) a plutôt bien vieilli, ce qui est rarement le cas des romans de SF de cette époque ! Il s’appuie sur un postulat simple, et qui peut parler à tout le monde, il suffit de s’imaginer mesurer 7 millimètres pour comprendre que la vie prends un sens très différent et que tout, absolument tout, devient insurmontable. La fin, que j’imaginais sombre, est beaucoup plus optimiste que prévue, presque poétique et apporte une note toute délicate à l’histoire terrible de cet homme, victime de la malchance et dont la vie devient un calvaire, coincé dans la propre cave de sa modeste maison.
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