"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une jeune fille un peu sotte dont le mystérieux fiancé a disparu le jour du mariage ; un homme respectable, assassiné par un affreux infirme à la lèvre tordue ; un roi imprudent qui redoute un ravissant maître-chanteur ; un ingénieur hydraulique à qui il manque un pouce : tels sont les clients du célèbre détective Sherlock Holmes...
L’Homme à la lèvre tordue de Sir Arthur Conan Doyle, Hatier, 1998 (1ère publication en 1891).
Le docteur Watson est appelé tard dans la nuit par une amie de sa femme. Son mari a disparu depuis plusieurs jours et, comme il est opiomane, elle est sûre qu'il est allé se droguer dans une dangereuse fumerie d'opium de l'East End de Londres…
Sherlock Holmes, quant à lui, enquête sur la disparition de Monsieur Neville Saint-Clair, un homme d'affaires respectable et ponctuel, aperçu pour la dernière fois à la fenêtre du second étage d'une fumerie d'opium de l'Upper Swandam Lane. Aurait-il été assassiné par un mendiant défiguré, présent sur les lieux ?
Une histoire où l’on se déguise beaucoup… Où le apparences sont trompeuses.
Une histoire sans vraiment de coupable…
Une illustration des addictions et des difficultés financières d’une société bourgeoise qui s’encanaille dans les bas-fonds londoniens…
Un texte à connaître.
Si vous êtes un amateur d’enquêtes policières, vous connaissez le fameux adage « pas de cadavre, pas de meurtre ». Un problème auquel doit faire face Sherlock Holmes qui s’est lancé dans une affaire dont la simplicité n’a d’égale que la complexité. En effet, il a été mandaté par Madame Saint-Clair pour retrouver son mari qui a disparu, dans d’étranges circonstances, sous ses yeux effarés. Si on a bien retrouvé les vêtements de cet homme respectable, il n’en est pas de même pour son corps, ce qui laisse sa femme dans l’expectative de son retour et Sherlock Holmes dans le doute quant au dénouement de son enquête. Son instinct le poussera néanmoins à soupçonner un hideux mendiant, une piste que, vous le découvrirez, se révélera paradoxalement aussi juste qu’erronée.
Je ne m’attarderai pas trop sur cette nouvelle sous peine de vous en gâcher complètement la lecture. Je peux cependant vous dire que l’enquête ne m’a pas particulièrement enthousiasmée. Il se peut que l’absence de cadavre et donc de vrai crime m’ait manqué… Je n’ai pas non plus vraiment ressenti de mystère au sujet de cette intrigue qui, à l’époque de sa parution, était probablement plus surprenante qu’à l’heure actuelle. Elle a au moins le mérite de montrer que les apparences sont trompeuses et que l’appât du gain peut parfois pousser des gens supposément respectables à des comportements peu avouables et peu acceptables.
Le dénouement de l’enquête m’a un peu gênée, car j’ai eu l’impression qu’il reposait sur des préjugés envers une partie de la population peu aisée. Une sorte de stigmatisation peu agréable d’autant qu’elle tend à perdurer. Mais c’est peut-être là un moyen pour l’auteur de justement dénoncer certaines croyances à moins que, comme souvent, je ne me pose bien trop de questions. J’ai, en outre, trouvé le comportement d’un des personnages particulièrement odieux. J’ai donc été déçue qu’il s’en sorte si bien d’autant que c’est en grande partie grâce à Sherlock. Je me réconforterai en me disant que la disgrâce a au moins été épargnée à des personnes innocentes…
L’histoire, si elle ne m’a pas tenue en haleine, n’en demeure pas moins intéressante dans la mesure où elle permet aux lecteurs de se faire une image différente de Watson et de Sherlock. Le docteur nous apparaît, en effet, beaucoup plus proactif et téméraire que dans les autres nouvelles. En quête d’aventure et d’action, il n’hésitera d’ailleurs pas à se rendre dans un endroit malfamé pour ramener un homme chez lui afin de rassurer sa femme morte d’inquiétude. De la même manière, il sautera sur l’occasion offerte par Sherlock pour participer à son enquête après s’être débarrassé prestement de sa mission initiale. J’avouerai avoir particulièrement apprécié cette nouvelle version de Watson qui, pour une fois, est mis sur le devant de la scène pendant quelques pages.
Quant à Sherlock, il semble bien moins sûr de lui que d’habitude. C’est d’ailleurs étrange de ne pas le voir fanfaronner et se moquer de l’incapacité de Watson à comprendre les tenants et aboutissants de l’enquête. Au contraire, il n’hésitera pas à confesser être dans le brouillard et à requérir l’aide de son ami pour y voir plus clair. Pour la première fois depuis que je lis les aventures de Sherlock, j’ai eu l’impression de voir quelqu’un qui accepte ses limites et qui les reconnaît malgré le déplaisir que cela lui procure. Une autre image du célèbre détective que j’ai eu plaisir à découvrir, car cela le rend plus humain et plus proche de nous. Je confesserai néanmoins préférer le Sherlock tout-puissant que l’on connaît. L’honneur est heureusement sauf puisqu’il finira bien par dénouer le fil de cette étrange affaire.
En conclusion, cette nouvelle nous conduira sur les traces d’un homme qui, derrière son vernis de respectabilité, a quelques secrets à cacher. Mais cette histoire a surtout le mérite de nous offrir une autre image du détective et du docteur et, le temps d’une aventure, d’atténuer la distance intellectuelle et les différences de tempérament qui peuvent exister entre nos deux compères. Bien que différentes des autres, L’homme à la lèvre tordue est donc une enquête qui ne manque pas de charme.
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