Dans ce recueil de 13 nouvelles, la jeune autrice mexicaine frappe fort mais juste
Stéphane Charbonnier, dit Charb, est mort assassiné dans l'attentat de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015.
Pour la première fois, sa mère prend la parole. Elle se souvient de l'enfant qu'il fut. Du dessinateur passionné, farouchement attaché à la liberté d'expression, qui le paya de sa vie.
Denise Charbonnier raconte, « du dedans », ce mois de janvier 2015, les années qui ont suivi jusqu'au procès qui s'est tenu de septembre à décembre 2020. Elle ne cache pas sa colère contre les politiques qui n'ont pas pris la mesure du danger, ni contre la protection policière qui ne fut pas à la hauteur des menaces reçues.
Le récit poignant d'une mère debout.
Postface de Richard Malka.
Il ne faut pas oublier. Jamais !
Lettre à mon fils CHARB, ce livre m’a interpellé et je n’ai pas hésité à le lire. Sa lecture m’a profondément ému car Denise Charbonnier, la mère de Stéphane, Charb, se confie avec une sincérité impressionnante. Elle ne se contente pas de souvenirs familiaux mais dénonce la négligence des hommes politiques au pouvoir en 2015 : François Hollande, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve. Malgré les menaces de plus en plus inquiétantes, ils ont cédé aux demandes du syndicat de police Alliance et ont allégé la surveillance des locaux de Charlie Hebdo, rue Nicolas-Appert, à partir de septembre 2014.
Le 7 janvier 2015, devant l’entrée de l’immeuble, il n’y avait ni voiture de police, ni barrières.
Avec une tendresse infinie et une douleur émergeant à chaque phrase, cette maman rappelle le bonheur qui régnait dans leur famille depuis la naissance de Stéphane le 21 août 1967, puis de son frère cadet, Laurent.
Brusquement, elle passe à ce jour fatidique. France Inter annonce un attentat à Charlie Hebdo puis, sur BFM, un bandeau défile d’abord avec quatre noms : Cabu, Charb, Wolinski, Tignous auxquels s’ajoutent Elsa Cayat, Honoré, Bernard Maris, Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet, Michel Renaud, Frédéric Boisseau et Mustapha Ourrad. Personne n’appelle la famille. Quand Hollande parlera de héros, elle refusera ce mot car son fils est d’abord « une victime de fous furieux et de la négligence de l’État. »
Avec Liliane Roudière, Denise Charbonnier livre son vécu au cours de l’année 2020, année Covid, avec des retours réguliers à 2015. Elle raconte l’enfance de ce fils adoré qui aimait faire des blagues et passait son temps à dessiner.
Toutes les réflexions de cette maman sont émouvantes car elle garde tout de même le contact avec ce fils assassiné par des barbares. Elle lui parle, lui rappelle les meilleurs moments de leur vie familiale. D’ailleurs, un cahier de belles photos et de dessins est inséré au milieu du livre.
Régulièrement, Denise Charbonnier revient sur cette protection policière déficiente. Elle n’évacue pas les polémiques honteuses de ceux qui osent dire ou écrire « Ils l’avaient bien cherché. »
Elle n’oublie pas de citer ceux qui ont été grièvement blessés lors de cet attentat : Riss, Simon Fieschi (mort hélas récemment, à 40 ans), Fabrice Nicolino et Philippe Lançon. Lorsque Christiane Taubira annonce que Charb va recevoir la Légion d’honneur à titre posthume, un nouvel imbroglio rythme la cérémonie, le 25 janvier 2015, alors que tout le monde était en place, à l’Élysée ; Denise Charbonnier avait réussi quand même à poser une nouvelle fois la question de la sécurité déficiente pour Charlie Hebdo. Il faut que Michel, son mari, repose la question pour que le Président Hollande bafouille une réponse qui ne satisfait personne.
Arrive enfin le procès qui dure très longtemps et la fameuse plaidoirie de Richard Malka. Avocat de Charlie Hebdo, il a écrit une postface de Lettre à mon fils CHARB. Comme d’habitude, Richard Malka parle vrai, complète parfaitement le portrait de Charb qui vit toujours dans le cœur d’une mère dévastée par ce qui s’est passé le 7 janvier 2015 et ne comprend pas les atermoiements de certains bien-pensants.
Hélas, la couardise et la mauvaise foi se confirment. Elles sont balayées par la décapitation de Samuel Paty le 16 octobre 2020 puis l’assassinat de Dominique Bernard le 13 octobre 2023, et d’autres encore. La prise de conscience de la dangerosité maximale du fanatisme religieux pourrait-elle enfin devenir réelle avant qu’il y ait d’autres victimes ?
Comme l’écrit Richard Malka, dans la postface : « Charb était d’abord un combattant politique engagé, enragé quand il s’agissait de défendre ses convictions profondes : la liberté d’expression, la justice sociale, la laïcité accablée par les bigots de toutes les chapelles, y compris la sienne, à la gauche de la gauche mais version vieillotte, par fidélité. Il était communiste, pas mélenchoniste. Il s’engageait avec pureté et radicalité. »
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/12/denise-charbonnier-lettre-a-mon-fils-charb.html
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Dans ce recueil de 13 nouvelles, la jeune autrice mexicaine frappe fort mais juste
Une fiction historique glaçante et inoubliable, aux confins de l’Antarctique
Découvrez les derniers trésors littéraires de l'année !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"