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"J'ai quinze ans à la fin de la guerre.
L'aventure de la mort héroïque est terminée. Il va falloir apprendre à mourir de maladie et de vieillesse. C'est jeune pour mourir vieux. J'ai raté ma guerre. J'étais trop jeune pour être un héros". Chronique des années de guerre entre enfance et adolescence, le narrateur, vieux et malade, se souvient de ses années en galoches à narguer le fridolin en tentant, en vain bien sûr, de percer le secret de ces fillettes devenues femmes en quelques mois, de trouver le chemin de leurs lèvres cramoisies.
La guerre au quotidien dans une petite ville de Corrèze : les boches et les résistants, les braves et les veules, les communistes et les collabos, les réfugiés espagnols bien sûr et quelques familles juives. Un quotidien entre soumission et courage qui n'empêche pas les rires et les amours. On retrouve dans L'Été des serpents, la petite musique d'Henri Cueco qui alterne entre rire et émotions dans l'instant.
Pour moi, le postulat de départ était une chronique des années de guerre comme je viens de l'écrire plus haut. Or, là, je me trouve essentiellement dans une chronique d'un vieil homme se souvenant avec une grande nostalgie de la découverte de son corps et de celui des filles changeants à l'adolescence. Rien de particulièrement choquant, certes, mais un peu répétitif et une espèce de libidinerie permanente, compréhensible à cet âge-là mais un tantinet agaçante pour le lecteur quarantenaire que je suis. Peut-être suis-je traumatisé par ma propre adolescence, Freud pourrait sans doute nous en dire plus, mais j'ai perdu son numéro pour la consultation ? Peut-être suis-je devenu cul-pincé avec l'âge (je ne vous cache pas que cette option n'a pas ma faveur) ? Ou peut-être ne suis-je pas adepte de ceux qui ne parlent que de "ça" (ouh la Yves, ce diminutif entre guillemets est bien la preuve de ton cul-pincé !), tout simplement ?
Et puis, et puis, il y a la formidable idée qu'a eue l'auteur d'écrire en en-tête de ses chapitres, des textes, plus ou moins longs sur sa vie actuelle, sur ses amis, ses petits-enfants, ses voisins, la vie de son village et parfois des souvenirs de cette guerre. Alors là, je dis bravo. Je dis même mieux, je dis qu'il eût mieux valu mettre ces textes en valeur pour l'accroche du bouquin, parce qu'ils sont excellents, comme de toutes petites nouvelles à suivre ou pas. Une écriture simple, directe, poétique parfois. En fait, pour moi, ils sauvent le bouquin d'un ennui menaçant. Pour être moins négatif (que voulez-vous, je suis un éternel optimiste, on ne se refait pas), je dirais même que ce sont ces passages et l'écriture générale de Henri Cueco qui sauvent ce roman. Ses phrases sont triturées, très ponctuées, elles alternent du vocabulaire simple, parfois un peu plus élaboré, voire inventé, des néologismes quoi avec des mots grossiers, des "gros mots" comme on disait, petits.
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